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3,57

sur 1322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman dont il est impossible de savoir si c'est une histoire de fantôme ou une histoire sur la folie. J'avoue en avoir été agacée même si je reconnais l'exploit littéraire.
Une jeune femme est engagée pour s'occuper de deux orphelins qui ont rapidement des comportements étranges.
Mais…
Pourquoi l'oncle des deux enfants ne veut-il rien savoir de ses deux protégés ? Pourquoi Miles a-t-il été renvoyé de son pensionnat ? de quoi sont morts Miss Jessel et Peter Quint ?
Ne comptez pas sur l'auteur pour vous donner les clés. Vous pouvez compter sur lui, en revanche, pour vous entraîner dans une histoire glaçante, quel que soit votre opinion sur l'histoire, fantastique ou folie.
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Après avoir découvert le style d'Henry James avec "Portrait de femme", il me tardait de découvrir "Le Tour d'écrou" à l'univers bien différent. C'est ici une histoire de fantôme qui nous emporte aux confins de la folie humaine.

Une gouvernante est missionnée pour s'occuper de ses neveux et nièce d'un homme qu'elle n'aura pas le droit de contacter par la suite. Livrée à elle-même, elle arrive dans une somptueuse demeure pour y rencontrer les deux charmants enfants qui s'avèreront être bien plus mystérieux qu'ils en ont l'air.

Ce court roman nous emmène dans un univers fantastique où les apparitions fantomatiques rythment les chapitres. Mais les fantômes ne sont jamais bien loin des fantasmes, au-delà de leur étymologie commune. Qui a raison ? Qui est le plus diabolique des personnages ? Quelle est la réalité de cette histoire ? Autant de questions que je vous laisse résoudre avec ce récit dont les interprétations possibles sont inévitablement multiples.
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Étant un grand fan de maison hantées, c'est avec plaisir que je me suis lancé dans la lecture du "Tour d'écrou".
L'auteur a un certain talent pour parler de ce qu'il fait exprès d'omettre, laissant ainsi le lecteur dans le flou constant d'une relation tendue entre une gouvernante et les enfants à sa charge.
le génie d'Henry James intervient en ce qu'il arrive à déranger le lecteur avec ... des enfants parfaits!
à Bly Manor (la maison en question), on ne trouve pas de monstre marécageux ou de momie maléfique, mais des enfants et des fantômes silencieux qui tournent lentement et sûrement ce fameux écrou, symbole d'une réalité qui se déforme peu à peu.
Lecture complexe mais pas compliquée!
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Une nouvelle magnifiquement écrite (une de plus) par Henry James, qui se pose en fin observateur de la société anglaise de la fin du XIXème siècle. On y retrouve les ingrédients d'une autre admirable nouvelle, le menteur. Même décor d'un manoir perdu dans la campagne brumeuse, même ambiance pesante de ces veillées passées à écouter les histoires des uns et des autres et à profiter le plus longtemps possible de la compagnie de nos semblables, avant de trouver le courage d'affronter la solitude de la chambre aux lourds rideaux de velours sur lesquels se dessinent des ombres mouvantes, qui peut-être dansent la gigue au rythme des battements des volets dans le vent.

Une toute jeune femme est engagée comme gouvernante par un troublant dandy londonien pour deux orphelins dont il est le tuteur. Une fois arrivée dans le manoir où les enfants grandissent, en pleine campagne et bien loin des tentations de la ville, la gouvernante est en proie à d'étranges visions, qu'aucun autre membre du personnel de maison ne viendra confirmer, ou démentir.

Le narrateur nous raconte cette histoire assez invraisemblable tout en se désengageant et nous laisse complétement seuls face aux dires de la gouvernante. Aucun indice n'est donné quant à une explication plausible de ces phénomènes. La gouvernante est-elle folle ? Paranoïaque ? Ou est-ce sa façon de se libérer de pulsions difficiles à avouer dans cette Angleterre victorienne, comme le désir charnel pour le maître absent ? Ou pour se libérer du trouble créé par les regards du tout jeune adolescent ? Ou pour exorciser peut-être un sentiment de vertige – et peut-être aussi de toute puissance- devant l'innocence des enfants, une innocence si précieuse, si fragile et si éphémère ?

Le doute reste entier. le plaisir de lecture aussi.
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Un roman unique en son genre. Appartenant au genre fantastique, il oscille constamment entre surnaturel et interprétation rationnelle sans qu'aucune conclusion ne s'impose. Une oeuvre jamesienne pur jus dont l'analyse extrêmement fouillée et le style structateur sont très réjouissants.
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Une atmosphère super coincée dans le genre de la haute société londonienne ;
quelques créatures très vulnérables ;
Bref, il y a un terreau infini pour des histoires terrifiantes ;
Or, je dois dire que celle qui nous intéresse, fonctionne à fond...

Dans la moindre fissure d'un quotidien très stratifié, se déploie un réseau sous-terrain de perceptions dont la subtilité frise la folie.

- Qu'est ce qui cloche avec ces enfants adorables, dont mademoiselle a reçu la charge de s'occuper ?
- Est-elle en train de dévoiler un indicible secret ou bien de devenir folle, ou les deux à la fois ?

Cette enquête devient inévitablement l'affaire de chacun, car il y a un appel à l'aide. Ça se passe virtuellement dans le quotidien du lecteur ; on parle d'enfants innocents.
- Vous pensez à quoi ?

Alors on ne marche pas, on court ; et pendant ce temps, mademoiselle s'est déterminée à en finir...à arriver à ses fins...

Impressionné par ce récit, je reviens un peu en arrière. « Henry James, l'art du secret ». Voici l'émission de France Culture qui a fini de me convaincre de tenter cette rencontre. La première évocation de cet auteur est toutefois venue par une autre fiction : le récit d'une télégraphiste, « Dans la Cage », entre-aperçu par le biais d'un curieux commentaire de Deleuze et Guattari dans « Mille Plateaux »...

Dans le Tour d'écrou, la « matière inassignable » du secret lui donne sa forme même : le secret qui en cache un autre...
- Mais alors, quel serait un secret sans matière ni forme ?
C'est encore la promesse d'aventures engagées avec Henry James...

L'engagement, on peut aussi le sentir à partir des « nombreuses réactions indignées » dans la société de son époque.
Ce n'est certes pas le mot d'ordre qu'on attendrait aujourd'hui, en espérant la libération de la parole. C'est autre chose, mais qui touche en plein mile, en travaillant du côté des croyances et des désirs, dans les franges imperceptibles de l'expérience...

Des mutations existentielles asignifiantes peuvent devenir de puissants mouvements de libération, ou de destruction, qui opèrent dans les strates organisées de notre existence individuelle et sociale. C'est l'enjeu de la “schizo-analyse” ou de la “pragmatique” de Deleuze et Guattari...

Or le pragmatisme est une réflexion, on ne peut plus familière, pour Henry James, puisque son propre frère, William James en est l'un des premiers théoriciens. Mais dans cette fratrie, il se peut que Henry se démarque, en étant précisément le “romancier de l'indirect”, le plus indirect possible...

Il y a là encore un sujet passionnant que David Lapoujade promet d'explorer dans son livre « Fictions du pragmatisme ».
C'est dire qu'on n'est pas prêt de conclure...
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Ce roman s'interroge sur la perte de l'innocence et à la responsabilité qui est soudainement imposée aux enfants, ainsi que sur le rôle que la société réserve aux jeunes ainsi que sur la manière dont un individu perçoit sa propre enfance, notamment sur le sentiment de nostalgie suscité par les souvenirs – ou le sentiment de culpabilité dévorant causé par les péchés de jeunesse. On se trouve en présence d'un récit horrifique et démoniaque qui devient progressivement un thriller psychologique terrifiant. L'abomination est-elle réelle ou les fantômes sont-ils le fruit de l'imagination ? Un classique !
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En1898, Henry James semble avoir commis un délit littéraire en écrivant le tour d'écrou, un récit dit « fantastique » qui joue sur l'ambiguïté et l'énigme d'apparitions-disparitions de personnages fantomatiques, anciens éducateurs de deux enfants, Miles et Flora, dont a la charge la nouvelle gouvernante qui est convaincue que ces fantômes corrupteurs ont perverti l'innocence de ces enfants et qui se donne pour mission de les « sauver ». Mais le sauver de quoi ? Un roman thriller qui agite les spectres du passé (vrais ou faux) et qui est surtout un récit psychologique qui fait peur.
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Une institutrice à la recherche d'emploi est dépêchée à la garde de deux orphelins au Bly Manor, après la disparition de sa prédécesseure. Les enfants s'avèrent adorables, trop sages et parfaits pour être honnêtes, pourrait-on dire. Et il ne faudra pas longtemps pour que quelques visions inquiétantes viennent troubler le calme champêtre de ce manoir...

Sans le savoir au préalable, je me suis rendu compte que ce court roman avait servi de base à la mini-série Netflix "the Haunting of Bly Manor", que je n'avais heureusement pas encore vue (mais je recommande chaudement la première saison, "the Haunting of Hill House", basée, elle, sur le roman "la Maison Hantée", de Shirley Jackson). Vous savez tout.

Moi, je sais que je me suis laissé emporter par cette histoire avec plaisir et frissons. Les enfants et les histoires d'horreur, c'est un cocktail qui marche terriblement bien, de Damien au Village des Damnés. le style daté mais élégant d'Henry James ajoute une touche gothique à l'ensemble, même si, par moments, certaines tournures semblent exagérément alambiquées pour le lecteur du XXI° siècle.
Démonstration avec ce passage lu 10 fois en vain: "Il était assez évident que, au moyen de petites astuces tacites où, plus que moi-même, il témoignait de son souci de ma dignité, j'avais dû le supplier de me dispenser de m'échiner à la suivre sur le terrain de ses capacités réelles".
Alors, évidemment, sans le contexte, c'est difficilement compréhensible, mais je vous rassure: connaître celui-ci n'arrange rien.

Mais cela n'enlève rien à la qualité générale de ce roman intrigant.
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J'avais lu, il y a longtemps la bande dessinée de Hervé Duphot, que j'avais beaucoup aimée. Cet automne j'ai regardé la série The Haunting of Bly Manor, adapté du roman de Henry James et j'ai eu envie de lire -enfin- le texte original.

Disons tout de suite que ce court texte ( moins de 160 pages pour l'édition française ) date de 1898. Il suit donc les standards de l'époque en matière de littérature gothique : récit de l'histoire par un témoin et/ou relaté bien des années après. le fantastique est présent par petite touches dans une réalité "normale" (la fameuse "inquiétante étrangeté" de Freud.)

Lors d'une soirée de Noël où chacun raconte une histoire effrayante, l'un des convives se souvient d'un récit qui lui a été conté par l'une des protagonistes. Elle l'a consignée dans un manuscrit, que le narrateur fait venir le lendemain. La jeune femme est engagée comme gouvernante pour s'occuper d'une petite fille, Flora et de son frère Miles, lorsqu'il reviendra du pensionnat pour les vacances. Ils sont orphelins et leur oncle les a envoyés à la campagne, dans le manoir de Bly, pour y profiter du bon air. La nouvelle gouvernante n'a qu'une seule obligation, ne jamais ennuyer son employeur, quoiqu'il puisse arriver.

La jeune femme se plait dans la demeure, les enfants sont charmants et elle s'est fait une amie de l'intendante de la maison. Mais rapidement, elle bascule dans la peur, après avoir vu deux anciens employés roder autour du domaine : Grant, le valet de chambre et Miss Jessel l'ancienne gouvernante. En effet, tous deux sont morts. Persuadée qu'ils cherchent à entraîner les enfants dans leur monde, la nouvelle gouvernante va faire ce qu'elle pense être son devoir : les protéger coûte que coûte.

L'atmosphère est vite oppressante, alors qu'on ne sait jamais si les autres personnages, y compris les enfants, voient ou non les revenants. Comme l'histoire est racontée par la nouvelle gouvernante, nous n'aurons que son point de vue et l'on finit par se demander où se trouve la frontière entre la réalité et l'imagination de la jeune femme. Est elle en présence de fantômes ou pas ?

J'ai beaucoup aimé cette incertitude et le fait que le narrateur ne donne jamais de clefs ou d'explications. A nous de décider ce que l'on veut y lire...
Lien : http://dviolante5.canalblog...
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