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sur 1307 notes
Un grand classique de la littérature fantastique ancienne, ce roman paru en 1898 a souvent été adapté au cinéma et à la télévision, en plus d'un opéra de Britten. C'est le visionnage récent de la série "The Haunting of Bly Manor" qui m'a donné envie de lire le livre.

Un mot sur la série : cette saison est extrêmement lente et dépouillée, beaucoup moins dynamique, torturée et terrifique que les autres saisons de la série "The Hauting". Mais elle est très intéressante sur les aspects psychologiques et fantomatiques. Il y a une créativité dans les états d'esprits que j'espérais retrouver dans le livre.

Retour au livre. Bien évidemment l'écriture est désuète, avec de longues phrases et des conjugaisons qu'on n'utilise plus beaucoup. L'auteur ne dit pas tout et cela nous captive d'autant plus. Comme les sujets ne sont pas creusés, nous nous interrogeons sur le sens des phrases, des non-dits. Loin de retrouver l'esprit de la série, j'ai tout de même été interpellé par les ambiguïtés. La narration étant du point de vue de la préceptrice, nous ne saurons jamais si elle était la seule victime des visions ou si les enfants l'étaient aussi. Elle décrit naïvement ses relations avec les autres, comme s'ils validaient ses propos et ses conclusions. Une très belle prouesse qui nous laisse néanmoins sur notre faim.
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Une jeune fille de 20 ans accepte un poste de gouvernante pour s'occuper de deux jeunes orphelins, Miles et Flora, que lui confie leur oncle avec cette mention expresse et plutôt étrange de ne pas venir le solliciter quoi qu'il arrive.
A Bly, dans cette grande maison de campagne flanquée de deux vieilles tours carrées à mâchicoulis, la jeune fille va immédiatement tomber sous le charme séraphique de Miles et Flora dont la grande beauté et le caractère pur font de sa fonction de gouvernante, plus qu'une sinécure, un vrai plaisir. De surcroît, elle s'entend à merveille avec Mrs Grose, l'intendante de la maison.
Mais très vite, une ombre vient assombrir ce tableau idyllique. Miles a été renvoyé de l'école, sans aucune explication du directeur de l'école. Qu'a donc bien pu faire cet ange de douceur pour mériter une telle sanction ? Puis une autre question taraude la jeune gouvernante : comment est morte Miss Jessel, la jeune gouvernante qui avait en charge les deux enfants avant elle ?
La jeune fille s'accommode de ces questions sans réponse et les semaines passent, jusqu'au soir fatal où elle aperçoit un homme sur une des tours qui flanque la maison. Il s'agit de Peter Quint, l'ancien valet de Bly, un homme dépravé qui menait une liaison indécente avec Miss Jessel. Mais Quint est mort d'un accident. C'est le point de bascule du roman vers le genre fantastique. Cette première apparition sera suivie d'autres dont celle de l'ancienne gouvernante morte, épouvantant de plus en plus la jeune fille dont l'idée fixe sera de protéger les enfants de ces présences maléfiques. Mais sont-ils aussi innocents qu'ils le laissent paraître ? N'ont-ils pas déjà été corrompus par Peter Quint et Miss Jessel ?

Dès les premières pages, je me suis sentie envahie par une sensation d'étrangeté qui ne m'a pas quitté jusque la dernière page. Henry James excelle à tirailler le lecteur entre diverses interprétations : apparitions fantastiques ou hallucinations issues des sens exacerbés et morbides de la jeune fille ? A t'-elle vraiment vu les fantômes de Quint et Miss Jessel ? Les enfants les voient-ils aussi ? Sont-ils complices de cette horreur comme la jeune gouvernante se plaît à dénommer le phénomène de ces apparitions ? Ou bien s'agit-il d'une folie insidieuse qui s'empare de la gouvernante lui faisant voir ce qui n'existe pas et contaminant Mrs Grose qui se laisse volontiers emmener dans les sables mouvants de l'irrationalité ?
Le lecteur n'est soumis qu'au seul point de vue de la gouvernante et ne peut s'y dérober, ce qui le rend totalement captif de ses interprétations : il lui est donc très difficile de savoir si elle dit vrai, si l'intendante croit réellement aux apparitions et si les enfants sont victimes ou complices, anges ou démons. De plus, on reste dans l'ignorance de ce qu'ont pu voir ou subir les enfants du vivant du couple maléfique. Les sous-entendus sont toujours présents, lourds et menaçants mais jamais explicites, créant un profond malaise. Mais dans les tous derniers chapitres, certaines phrases orientent doucement le lecteur vers la seule interprétation possible, qui se voit dramatiquement vérifiée par la fin brutale du roman.

J'ai finalement trouvé ce roman gothique et psychologique étonnamment moderne, même si, à l'aune de nos valeurs du XXIème siècle, les réactions excessives des personnages peuvent surprendre. Une belle et intéressante lecture !

Challenge Multi-défis 2020
Challenge XIXème siècle 2020
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Lorsqu'elle arrive au manoir de Bly, après avoir été engagée dans des conditions pour le moins étranges, la nouvelle gouvernante ne se doute pas encore qu'un terrible secret entoure la demeure. Une menace tapie dans l'ombre semble guetter Flora et Miles, les deux enfants dont elle a la garde. de terrifiantes apparitions se manifestent et laissent présager un malheur à venir… Mais la gouvernante, aidée par la brave Mrs Groose va tout faire pour protéger ces deux innocents du mal qui tente de les attirer dans ses filets…

Le récit du « Tour d'écrou » commence comme une histoire d'horreur que l'on raconterait le soir, autour du feu afin de s'effrayer. Et effectivement, c'est bien d'une histoire de fantôme dont il s'agit, mais pas seulement… C'est aussi l'histoire d'une folie, qui se devine petit à petit jusqu'à éclater dans un final complètement déroutant, qui donne une toute autre orientation au texte. Certes, le rythme est lent et il ne se passe pas grand-chose, néanmoins, je me suis complètement laissée envahir par cette ambiance gothique et angoissante. Il règne une tension croissante, palpable, dans ce récit surréaliste et macabre qui se transforme en un huit clos oppressant… Ecrit en 1898, ce récit d'épouvante, s'il ne donne plus de cauchemars à notre époque, n'en reste pas moins un classique que je suis ravie d'avoir découvert !
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Une atmosphère super coincée dans le genre de la haute société londonienne ;
quelques créatures très vulnérables ;
Bref, il y a un terreau infini pour des histoires terrifiantes ;
Or, je dois dire que celle qui nous intéresse, fonctionne à fond...

Dans la moindre fissure d'un quotidien très stratifié, se déploie un réseau sous-terrain de perceptions dont la subtilité frise la folie.

- Qu'est ce qui cloche avec ces enfants adorables, dont mademoiselle a reçu la charge de s'occuper ?
- Est-elle en train de dévoiler un indicible secret ou bien de devenir folle, ou les deux à la fois ?

Cette enquête devient inévitablement l'affaire de chacun, car il y a un appel à l'aide. Ça se passe virtuellement dans le quotidien du lecteur ; on parle d'enfants innocents.
- Vous pensez à quoi ?

Alors on ne marche pas, on court ; et pendant ce temps, mademoiselle s'est déterminée à en finir...à arriver à ses fins...

Impressionné par ce récit, je reviens un peu en arrière. « Henry James, l'art du secret ». Voici l'émission de France Culture qui a fini de me convaincre de tenter cette rencontre. La première évocation de cet auteur est toutefois venue par une autre fiction : le récit d'une télégraphiste, « Dans la Cage », entre-aperçu par le biais d'un curieux commentaire de Deleuze et Guattari dans « Mille Plateaux »...

Dans le Tour d'écrou, la « matière inassignable » du secret lui donne sa forme même : le secret qui en cache un autre...
- Mais alors, quel serait un secret sans matière ni forme ?
C'est encore la promesse d'aventures engagées avec Henry James...

L'engagement, on peut aussi le sentir à partir des « nombreuses réactions indignées » dans la société de son époque.
Ce n'est certes pas le mot d'ordre qu'on attendrait aujourd'hui, en espérant la libération de la parole. C'est autre chose, mais qui touche en plein mile, en travaillant du côté des croyances et des désirs, dans les franges imperceptibles de l'expérience...

Des mutations existentielles asignifiantes peuvent devenir de puissants mouvements de libération, ou de destruction, qui opèrent dans les strates organisées de notre existence individuelle et sociale. C'est l'enjeu de la “schizo-analyse” ou de la “pragmatique” de Deleuze et Guattari...

Or le pragmatisme est une réflexion, on ne peut plus familière, pour Henry James, puisque son propre frère, William James en est l'un des premiers théoriciens. Mais dans cette fratrie, il se peut que Henry se démarque, en étant précisément le “romancier de l'indirect”, le plus indirect possible...

Il y a là encore un sujet passionnant que David Lapoujade promet d'explorer dans son livre « Fictions du pragmatisme ».
C'est dire qu'on n'est pas prêt de conclure...
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Ce livre m'a été chaudement recommandé par 2 copines de lecture. Je me suis dit que sortir de mes thrillers pour renouer avec un classique ne me ferait pas de mal. La 4ème de couverture me plaisait beaucoup, je pressentais une ambiance mystérieuse propre à littérature de l'époque victorienne. Et je n'ai pas été déçue. Déroutée oui, mais pas déçue. Une jeune fille se trouve embauchée par un mystérieux oncle pour élever et éduquer ses deux jeunes neveux, une fille et un garçon, tous deux orphelins. L'homme lui précise qu'il lui accorde son entière confiance mais qu'il ne souhaite être dérangé sous aucun prétexte. Sous le charme, la jeune fille ravie, accepte et part dans le comté de l'Essex prendre son poste dans un manoir isolé et quelque peu austère, appelé Bly. Elle est accueillie par Mrs Grose, intendante aimable mais introvertie, et fait la connaissance des deux enfants : apparemment parfaits en tous points. Mais très vite, l'atmosphère change et devient angoissante. Rien n'est clairement écrit, tout est suggéré. Ce livre oscille entre fantastique et psychologique. En tant que lecteur, on est toujours sur le fil. La gouvernante dit-elle vrai ? Voit-elle réellement des fantômes ou bien ceux-ci sont-ils la projection d'une part sombre et délirante d'elle-même ? La tension est omniprésente, le suspense également. le style d'H. James est poétique, élégant et suranné. Seule la fin de l'histoire m'a (justement) laissée sur ma faim. J'aurais aimé en savoir plus. Je l'ai trouvé brutale, sans concession. Je me suis sentie frustrée. En résumé, un petit classique, pas si classique que ça, très bien écrit, qui fait froid dans le dos !
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À l'occasion d'une soirée d'hiver, une société d'hommes entend le récit d'une étrange histoire vécue par une gouvernante dans un château isolé d'Angleterre. Chargée de l'éducation des jeunes Miles et Flora, neveu et nièce du maître de maison, la jeune femme est rapidement témoin d'apparitions inquiétantes. Les enfants ont un comportement exemplaire et adorable, mais quelque chose ne va pas. À cela s'ajoute le décès étrange de la précédente institutrice en place. « Y avait-il un secret à Bly ? Un mystère d'Udolphe, ou quelque parent aliéné, ou scandaleux séquestré dans une cachette insoupçonnée ? » (p. 33) Il y a des fantômes à Bly et ils en ont après les enfants. Ces derniers, cependant, ne semblent nullement troublés par cette proximité macabre. « Il y a des abîmes, des abîmes ! Plus j'y réfléchis, plus je vois des choses, et plus j'y vois des choses, plus elles me font frémir. » (p. 54) La traditionnelle innocence des enfants est remise en question et le dénouement ne pourra être que convulsif.

Henry James utilise les codes du roman noir, du roman gothique et des récits de fantôme pour proposer un texte qui a fortement marqué à l'époque de sa parution. le sujet de la sexualité infantile fait scandale et choque bien plus que la brusque apparition d'un spectre au détour d'une allée dans un parc au crépuscule. Car s'agit-il vraiment d'une histoire de fantômes ? Ne serait-ce pas plutôt une histoire de fantasmes ? Voilà bien de quoi choquer la très puritaine Angleterre !
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Si Henry James est talentueux pour décrire une atmosphère envoûtante, je trouve que "Le tour d'écrou" est une lecture particulièrement surprenante. Autant l'écriture est ciselée, autant l'action n'avance pas et pour cause, l'auteur laisse l'interprétation des faits au lecteur.
Je trouve cela à la fois très fort et un peu frustrant (comme je suis une lectrice un peu feignante j'aime bien qu'on m'explique).

Une jeune femme raconte ce qu'elle a vécu à Bly, une grande demeure de l'Angleterre rural du 19ème siècle. Elle s'y installe pour assurer l'éducation de deux enfants, une petite fille de huit ans et un garçon de dix ans qui ont la particularité d'être précoces et charmants. Dans ces conditions, sa situation de gouvernante aurait dû être plaisante. Pourtant, elle va se rendre compte qu'elle voit les fantômes d'un homme et d'une femme, deux anciens employés de la maison. Comme leur réputation n'était pas bonne, elle s'engage à protéger les enfants de la mauvaise influence des revenants.

Il y a un suspense indéniable et on ne sait jamais si la narratrice fantasme ses visions alors forcément on oscille en permanence entre lui donner raison ou la considérer comme folle.
Ce qui est particulièrement bien décrit par Henry James ce sont les non-dits et sous-entendus d'un mal dont les enfants doivent être protégés. Cela rend parfois la lecture complexe mais c'est un bijou pour la psychanalyse.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022 44
Challenge ABC 2021-2022
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Au cours d'une soirée de Noël, un homme fait à ses amis la lecture d'une longue lettre dans laquelle une de ses connaissances raconte une histoire de fantômes qui lui serait arrivée: une jeune gouvernante est envoyée à la campagne pour assurer l'éducation de deux enfants. Elle va se retrouver confrontée à des phénomènes étranges.

On est ici dans le fantastique dans sa définition la plus stricte. Tout au long du récit, le doute subsiste: sommes-nous réellement face à des phénomènes surnaturels ou la parole de la narratrice doit-elle être mise en doute? Parfois on a l'impression que son témoignage est fiable, mais à d'autres moments elle semble tellement exaltée, voire hystérique, qu'on a du mal à croire à ce qu'elle raconte.

La tension monte au fil du récit, les évènements s'enchaînent, plus inquiétants les uns que les autres, et on se demande comment l'auteur va bien pouvoir réussir à se dépatouiller de son intrigue. Réponse: de façon très abrupte, trop pour mon goût considérant à quel point la mise en place a été longue…

Je ne sais pas à quoi je m'attendais en ouvrant ce livre, mais en le refermant j'étais plutôt déçue. La narratrice m'a exaspérée: indécise, plutôt incompétente, surexcitée, mais complètement passive, elle ressasse sans cesse son inquiétude, mais n'entreprend rien pour essayer d'arranger les choses. L'image qu'elle renvoie est celle d'une tête de linotte sans aucune jugeote. Les enfants sont assez bizarres, mais comme on n'est pas sûr-e-s de pouvoir se fier à ce qu'on nous dit, il n'est pas vraiment possible de se faire une idée claire. Bien sûr, c'est le genre qui veut ça, mais comme on n'a jamais vraiment de réponse claire aux questions qu'on se pose, c'est à nous de décider si on est face à une vraie histoire de fantômes ou face aux élucubrations d'une folle.

La plume est agréable, c'est très bien écrit (et bien traduit) et l'ambiance est réussie, même si à aucun moment je n'ai frissonné. Mais au vu du contenu, ça m'a semblé excessivement long, on tourne beaucoup en rond et ça devient vite répétitif. La rapidité de la fin en est d'autant plus frustrante.

Ma lecture a également pâti du fait que je lisais en parallèle Jane Eyre et que la comparaison avec Charlotte Brontë n'est clairement pas à l'avantage de Henry James.

Une lecture franchement mitigée, même si c'est toujours intéressant de découvrir un classique. Si vous l'avez lu, ça m'intéresserait d'avoir votre avis dessus, j'ai vraiment l'impression d'être totalement passée à côté…
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Pas réussi à accrocher à ce récit fantastique où il ne se passe pas grand chose. La "tension" monte bien tout au long du récit, la phrase de fin est marquante, mais je me suis ennuyée, à attendre que quelque chose se passe réellement. Les descriptions de situations ou de sentiments sont assez alambiquées parfois, surtout l'entrée en matière. (Est-ce l'effet de la traduction ?). Une déception donc.
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C'est le premier roman d'Henry James que je lis.
Un récit assez court, moins de 200 pages, incroyable, à l'atmosphère oppressante et à l'issue tragique, et bien difficile à résumer tant ce que l'on peut en tirer à la lecture est plein d'incertitudes, d'énigmes, de faux indices. En fait, il faut le relire au moins une fois pour s'en imprégner (en ce sens, pour ce qui me concerne, c'est comme les romans de Marguerite Duras, aussi chargés d'énigmes mentales, même si l'écriture en est très différente, plus belle et poétique chez Duras).

Dans un groupe d'amis qui se réunit le soir pour se raconter des récits macabres, l'un d'eux, Douglas, évoque l'histoire horrible dont il a eu connaissance par l'institutrice de sa soeur, une histoire vécue par cette dernière et dont elle lui a laissé le récit dans un manuscrit remis avant de mourir.

Cette institutrice, alors âgée de 20 ans, est appelée par leur oncle à enseigner à ses deux neveux orphelins, Miles et Flora, dans un château anglais. Les deux enfants sont absolument adorables, leur gouvernante Mrs Grose est une femme simple et bonne.

Donc, tout devrait se passer bien, mais l'enseignante ressent dans ces lieux une atmosphère menaçante jusqu'à ce que lui apparaisse sur une terrasse du château un homme dont la description qu'elle fera à Mrs Grose le fera identifier comme l'ancien intendant décédé, Quinn, un homme décrit comme foncièrement mauvais. Puis ce sera l'apparition de l'ancienne enseignante des enfants, Mrs Jessel, morte dans des conditions troubles: noyade, suicide? Et décrite aussi par Mrs Grose comme une mauvaise personne et entretenant des relations ambiguës avec Quinn. Va progressivement s'installer un climat inquiétant, dans lequel l'institutrice pensera que les enfants voient aussi ces apparitions, et qu'elle doit les protéger. Mme Grose l'accompagnera un moment dans cette démarche.
L'attitude des enfants sera tout au long du roman perçue comme ambigüe: que savent ils, se moquent-ils d'elle?
Suite à une fugue de Flora qui traversera un lac dans une barque (pourquoi fait-elle cela, est-elle attirée par le fantôme de Mrs Jessel, ou bien joue-t-elle un mauvais tour à l'enseignante? ) une crise liée à la réaction de l'institutrice à cet évènement amènera la petite Flora à ne plus vouloir la voir, à tomber malade et à partir du château avec Mrs Grose. L'enseignante restera seule avec Miles jusqu'à un dialogue paroxystique final se terminant par la mort de l'enfant.
Et le lecteur restera avec de multiples interrogations: quelles relations existaient entre Miles et Quinn, le cherche-t-il avec anxiété au moment où, à la fin du roman, l'institutrice dit à nouveau voir son fantôme, le hurlement qu'il pousse avant de mourir est il lié à sa vision de Quinn?
Ou bien, tout cela n'existe-t-il que dans l'imagination d'une enseignante paranoïaque et dérangée qui tyrannise les enfants en raison de sa folie et de ses visions?
Or, à la relecture du début du roman, on peut voir que cette personne n'était sans doute pas folle, puisqu'elle avait continué sa carrière, qu'elle avait été l'institutrice très agréable de la soeur de Douglas, l'homme auquel elle avait remis son manuscrit. Et cette relecture nous intrigue encore plus, car Douglas nous évoque que cette femme était sûrement amoureuse, mais que " le récit ne le dira pas, de façon littérale et vulgaire" Était elle amoureuse du jeune Miles?
Et de multiples autres questions: pour quelles raisons Quinn et Mrs Jessel étaient ils de mauvaises personnes? Quelles étaient leurs relations avec les enfants? Pourquoi Miles, garçon si gentil, a-t-il été renvoyé de son collège? Qu'avait il dit? Est ce que cela avait à voir avec sa relation à Quinn? Que savent les enfants? Voient-t-ils les fantômes de Quinn et Jessel?

Dans ce roman, l'auteur, avec un art incroyable de l'énigme, de la suggestion, du non-dit, nous plonge à la fois dans l'angoisse et la perplexité. Je trouve aussi que cette narration, sans cesse réitérée, de ce qu'imaginent les personnages sans que cela soit vraiment exprimé par eux, est une extraordinaire illustration de l'incommunicabilité entre les êtres
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