Violette Leduc. Un prénom au parfum d'une promesse d'amour et plus qu'un nom, déjà un titre.
Pas aimée, non aimée, non désirée, pas attendue, mal venue, la liste serait longue, trop longue pour une femme telle que
Carlo Jansiti nous l'explique.
Cette biographie relève de l'explication de textes. Nécessaire si l'on considère l'oeuvre de
Violette Leduc.
De sa vie elle a donc fait oeuvre. Et quelle oeuvre.
La «sans le sous»,
la bâtarde , l'enfant de trop, la goutte qui a fait déborder le trop plein de sa génitrice et qui a subi la maltraitance d'une mère qui aura rejeté sur son enfant toute l'encre noire qu'elle voulait cracher au visage de la vie.
Elle a tenu, Violette, malgré son physique disgracieux, malgré son ventre barbelé, elle tenu.
Elle a écrit. Farouchement, avec discipline, au bord de
l'asphyxie. de toute cette encre reçue, elle s'en es servie.
Elle a aimé à la folie. Elle a aimé l'homme, elle a aimé la femme. Elle a aimé les êtres qui l'ont foudroyé.
Elle a aimé comme elle savait aimer. Absolument, totalement, avec ses envers, ses contraires, avec son regard extraordinaire. Elle a appris comme une sauvageonne. A la dérobée, au passage.
Il y a Sachs. Et puis bien sûr il y a Beauvoir, il y a Guérin, ceux sans lesquels elle n'aurait peut être pas réussi à survivre. Morte de faim peut être , ou morte de froid sans doute. A la rue.
Et si son histoire s'était écrite sans eux...
Impossible. L'amour qu'elle leur portait lui était nécessaire bien plus que le pain qu'ils lui ont tendu et qu'elle aura tenu à leur rendre dès que la chance s'est mise à lui sourire, un peu.
Alors elle a tenu. Elle a écrit dans son petit appartement de la rue Paul Bert. Elle a couru dans
Saint Germain des Près, elle a chéri son jardin .
L'histoire retiendra ce qu'elle voudra. Mais qu'est ce que l'histoire au départ avait donné à Violette en héritage ?
Il y a un style Leduc, une écriture. de ce que nous nommons bêtement les riens de la vie, elle en a fait des plans, des séquences, des tableaux, des poèmes. Que vous dire alors de ce qu'elle a été capable de nous dire au sujet de ce que nommons, petitement , ces « beaux et forts moments » de la vie, et de tout ce que nous cachons de nos peurs, de nos mal êtres, de nos élans, de nos tourments, de tout ce qui nous dévore, de tout ce qui nous nourrit ?
Elle a tenu sa plume. Elle s'est tenue à sa table de travail. Elle a remplie des cahiers, des cahiers, des pages. Immorale, impubliable, monstrueuse, impudique, ils ne lui auront rien épargné.
Mais elle a tenu et son écrit a frappé fort aux portes de son époque.
Lisez Leduc, allez y vous ne vous brûlerez pas. La lumière ne brûle pas celui qui la découvre.
Vous découvrirez un univers, une patte, un ton. Elle n'a pas été témoin de ce qu'elle nous a écrit, elle l'a vécu et c'est pour cela que tout sonne si clair, si juste, si vrai.
Carlo Jansiti saura vous dire comment elle a élevé son écriture.
Une biographie qui ne peut que vous donnez envie d'entendre tous ces mots que l'on a dit « inconvenants » parce que saisis pour la première fois dans leur nudité par les mains d'une femme, ces mots auxquels elle n'aura jamais lâché la main.
«Un mot juste, un seul et je me foutrai de l'opprobre et du péché.»
La folie en tête.
Violette Leduc
Astrid Shriqui Garain