Si
Jean-Luc Nativelle ne connaît que trop bien les rouages pipés d'une industrie littéraire ogresse et que son parcours a été, à l'image de celui de son héros, semé d'embûches et de refus, il ne faut pas pour autant y voir ici quelques chose d'autobiographique.
Certes son travail se trouve d'autant plus empreint de crédibilité et d'authenticité, ayant été le témoin de ce qu'un livre édité dans des conditions marginales ne peut accéder aux sentiers ordinaires du marché du livre qu'après l'obtention d'un prix et donc d'une reconnaissance au préalable; preuve de l'aridité et de la stérilité du travail de certaines grandes Maisons.
Avec
Un Jour Philip Roth Sera Mort, l'auteur met le doigt sur un fait de société déconcertant ainsi que sur notre médiocrité, notre inaptitude à porter un regard objectif et personnel sur l'art littéraire en l'occurrence.
Il serait dangereux et mal venu d'y voir ici une croisade ou une quelconque vendetta à l'égard des lobbies qui nous aveuglent et nous matraquent à coup de best-sellers prémâchés, Nativelle ne fait que souligner une triste réalité.
Le roman est à double tranchant, avec un style très incisif et des personnages aux caractères tourmentés et étoffés ; à côté de ce qu'on pourrait décrire comme la machinerie des Grands Méchants, il met en évidence la faiblesse de ces auteurs, appelés « nègres » (une appellation qui m'a toujours chiffonnée mais qui en dit long), prêts à se nier, s'oublier, parfois au service de la littérature, la vraie, parfois au service de leur narcissisme contenu depuis trop longtemps.
Une quête de reconnaissance par procuration… qui se révèle bien vite, comme c'est le cas dans ce roman, comme un pacte avec le Vilain.
Une histoire, un regard qui porte à la réflexion, qui chatouille notre curiosité et notre intérêt pour des écritures restées dans l'obscurité et qui méritent qu'on prenne le temps d'aller les débusquer !!
Une tourmente, un cercle vicieux qui va pousser les personnages dans leurs derniers retranchements...