Un Minimum d'amour est un beau voyage initiatique. Il est bien éloigné de ce que vend la quatrième de couverture : on aurait pu croire que ce roman allait nous dépeindre la longue DMZ séparant les deux Corées. On aurait pu imaginer l'émotion de retrouvailles à l'arrière d'un pick-up de l'armée sud-coréenne. Rien n'est plus éloigné de la narration pensive, intérieure, tourmentée de ce roman.
Avec ce livre, Jeon Gyeong-Nin signe le voyage d'une femme, épouse, mère, Sin Huisu. Méprisée par sa fille, qui veut quitter le cocon familial, et ouvertement trompée par son mari, une quête l'emmène à la recherche d'elle-même. La mort de sa belle-mère la lance à la recherche d'une belle-soeur dont on ne verra le bout du nez qu'à l'extrémité du chemin.
Le personnage principal court d'endroit en endroit, jusqu'à s'établir juste au sud de la ligne de démarcation. Elle s'y redécouvre, établit des liens sociaux sains, se détache peu à peu des torpeurs qui l'avaient enfermées dans sa précédente vie.
Je me suis parfois laissé emporté par l'histoire, mais globalement, le récit n'a guère réussi à soulever mon enthousiasme. La narration est parcourue par de nombreuses lourdeurs et une vie intérieure qui m'a dépassée. Les personnages sont pourtant bien écris : Sin Huisu est une protagoniste dont l'évolution est satisfaisante et les sidekicks ont un mystère en eux appelant notre émerveillement. le plus beau personnage pour moi reste la vieille dame ambulante, élément déclencheur dans la quête.
Mais que voulez-vous ? le rythme, la contemplation insuffisamment contemplative et le manque d'enjeux m'ont perdu. Libre à vous de prendre vos beoseon, kkotsin ou gomsin, et de filer droit, droit jusqu'à la ligne de démarcation de votre librairie pour entamer ce même voyage initiatique.
Grand merci à Masse Critique et aux éditions Ateliers des Cahiers pour avoir offert ce libre. Très beau papier, j'aime la couverture.