A friend of the family

Pour leur quarantième anniversaire de mariage, Gerry London décide de faire une surprise à Bernie, sa femme. Il réserve une suite au Ritz et invite tous leurs amis et, surtout, les trois fils de la famille et leur nouveau locataire, Gervase.

Mais les trois garçons de la famille London cachent bien des secrets à leurs parents. Tony, l'aîné, fantasme sur la petite amie de son frère Sean et est complexé par son embonpoint qui ne fait que s'aggraver.

Sean, le second, est en plein blocage et ne parvient pas à écrire son nouveau roman, pourtant attendu par son éditeur. Et lorsque Millie, sa fiancée, lui annonce qu'elle est enceinte, Sean a l'impression que son monde s'écroule : que va-t-il bien pouvoir faire de ce bébé qu'il n'a pas voulu ?

Ned, le plus jeune de la fratrie, a passé trois ans en Australie mais semble bien content d'être de retour en Angleterre. Pourtant, Monica, l'ex-petite amie qu'il a laissée à Sydney lui envoie des colis contenant ses cheveux, ses sourcils ou ses rognures d'ongles et l'insulte par mail.

Le seul qui semble se rendre compte des problèmes des trois frères est Gervase, le mystérieux locataire de Gerry et Bernie. Doté d'une étrange faculté, il est capable de ressentir les émotions des autres et comprend donc que les garçons ont tous un problème à régler. Gervase va donc leur donner quelques conseils.



Cette famille London était décidément très intéressante.

Chacun a son propre caractère et pourtant, on ressent une espèce de solidarité entre les différents membres de la famille, au point qu'on a presque l'impression d'avoir affaire à un tout, une seule et même entité. Et même lorsque Tony et Sean se disputent, on se doute bien que le froid entre les deux frères ne va pas durer : trop de passages du roman nous parlent de l'amitié qui unit ces trois frères.

A travers les relations des frères London entre eux et grâce à l'amour qu'ils portent à leurs parents, Lisa Jewell parvient à souligner à plusieurs reprises l'importance des liens familiaux. Celui qui illustre le mieux cette situation est Ned : parti depuis plusieurs années, il a peu à peu perdu tout contact avec ses anciens amis. Une fois revenu en Angleterre, il ne retrouve pas les amitiés perdues durant son séjour en Australie. Les seules personnes qui semblent être toujours là pour lui, ce sont ses parents et ses frères.

Gervase, au début, semble légèrement rejeté. Si Gerry et Bernie sont enchantés de l'avoir comme locataire, leurs enfants ne sont pas vraiment ravis de le voir traîner dans la demeure familiale. Pourtant, petit à petit, grâce à ses efforts et ses conseils, Gervase va parvenir à se faire accepter au sein de la fratrie. le premier à l'apprécier sera Ned, qui découvre enfin le bon rock and roll grâce à Gervase.

Ce personnage tout à fait mystérieux (on ne connaît pratiquement rien de son passé ou de ses origines) m'a un peu rappelé celui de Nanny McPhee. Dans un passage du premier film, Nanny McPhee (interprétée par Emma Thompson) signale aux enfants de la famille que, tant qu'ils ont besoin d'elle mais ne veulent pas d'elle, elle restera ; tandis que quand ils voudront d'elle mais n'auront plus besoin d'elle, elle s'en ira. C'est exactement ce qu'il se passe avec Gervase : tant que les frères London se méfient de lui, il reste là, à essayer de dialoguer avec eux et de leur faire comprendre d'où viennent leurs problèmes, afin qu'ils puissent y trouver une solution. Par contre, à la fin du roman, alors que Gervase semble enfin faire partie de la famille et que les trois frères ont enfin appris à l'apprécier, il quitte la maison des London, en ne laissant derrière lui qu'une lettre d'adieu.

J'ai beaucoup aimé la scène finale du Ritz, où la famille et les amis sont réunis. Là encore, on ressent toute l'intensité du lien entre les frères London, qui semblent plus proches que jamais. Et le discours prononcé par Gerry est très émouvant : il rappelle combien son épouse, Bernie, l'a toujours comblé de joie et à quel point ils sont fiers de leurs enfants. Grâce à cet anniversaire de mariage, ce n'est pas seulement son couple que Gerry souhaite célébrer, mais toute sa famille, tous ces liens qui se sont tissés grâce à l'union de deux personnes. Et, après tout, n'a-t-il pas raison ? Qu'y a-t-il de plus important que la famille ?