Je venais de finir Siglo, le sixième tome des aventures d'Ari Thor, l'autre héros de
Ragnar Jónasson, et j'avais envie de rester en Islande avec une nouvelle enquête à me mettre sous la dent.
La dame de Reykjavik s'est donc imposée à moi.
Bien que l'on change de personnage principal, on ne se sent pas perdu le moins du monde. La structure des premiers romans de l'auteur est de nouveau là, l'ambiance islandaise également. J'avoue cependant avoir été surprise de découvrir notre héroïne à la fin de sa carrière, à quelques semaines de la retraite. Je savais qu'il y avait d'autres tomes et je voyais mal
Ragnar Jónasson faire de Hulda une détective privée par la suite. Donc mystère, mystère.
Pour cette enquête, c'est encore un autre sujet que l'auteur met en lumière : l'émigration. Et comme dans beaucoup de pays, les émigrants n'ont pas la vie facile en Islande. On se ne soucie d'ailleurs pas beaucoup de ce qu'il peut leur arriver. Mais Hulda rouvre un Cold Case et elle est bien déterminée à savoir ce qui est arrivé à Elena, jeune ressortissante russe morte dans des conditions étranges.
Si j'ai accroché au personnage d'Hulda, j'avoue que comme pour Natt, j'ai eu du mal avec la narration. L'enquête passe très souvent en second plan pour se consacrer à notre héroïne. Et c'est clairement dommage. Il était intéressant de voir la remise en question d'Hulda sur sa vie, sa carrière, son avenir, mais n'ayant que peu d'indices sur son vécu et qui elle était vraiment, il était difficile d'appréhender cela dans sa globalité.
L'enquête, elle, avance doucement, avec des indices qui se révèlent au fur et à mesure. Les suspects sont nombreux, les témoins pas toujours coopératifs, la barrière des langues compliquant le tout. Mais j'avoue que cette partie du roman m'a vraiment plu. Je n'avais pas vu venir l'identité du coupable et les différentes explications que nous avons tenaient la route du début à la fin.
Là, ou par contre, j'ai été déçue, c'est au sujet d'Hulda, ou plus exactement de la façon dont son personnage est traité et construit. Je ne comprends pas ce masochisme qu'ont les auteurs de polars à vouloir faire de leurs personnages les êtres les plus malchanceux et malheureux du monde. Cela n'apporte rien. Un héros qui a une vie personnelle heureuse et épanouie peut faire un sacré détective. Cela n'enlèvera rien à l'univers sombre qui accompagne ce genre de récit. Et ici, il y a clairement de l'acharnement. J'ai trouvé cela vraiment trop. Surtout qu'au tiers du roman, je savais comment cela allait finir. J'ai eu l'impression que
Ragnar Jónasson accablait encore et encore son héroïne. Faites le compte, arrivé à la fin du roman et il y a bien huit événements majeurs qui ont détruit sa vie.
J'aime toujours autant la plume de l'auteur et
La dame de Reykjavik reste un bon roman surtout au niveau de l'enquête. Cependant, l'acharnement, encore une fois, m'a semblé inutile voire rédhibitoire. Je vais quand même poursuivre avec les deux autres tomes, pour voir ce que
Ragnar Jónasson nous prévoit, car comme inspectrice, Hulda est quand même une sacrée pointure.