Pour autant que nous sachions, Quevedo fut le premier, sinon à déceler, du moins à dire, que le naturalisme de Velázquez n'avait pas pour objet la ressemblance physique alors usuelle, mais qu'il savait doter de traits conceptuels sa vivante description de la figure humaine.
Émile Bernard résume à son tour pourquoi Velázquez impressionne et intrigue tant les artistes modernes : Il est à la fois le technicien le plus fécondant et l'esthéticien le plus dangereux. Il faut l'étudier pour apprendre à bien peindre : il faut l'oublier pour devenir artiste.
C'est le mérite de Pacheco, en tant que connaisseur et pédagogue, de pas avoir laissé ses conceptions passéistes lui masquer le présent, et d'avoir su apprécier la saveur de ce nouveau naturalisme dont Velázquez , avec l'ardeur de sa jeunesse, se faisait l'adepte. Mais ce brillant jeune homme était également un créateur-né, et s'il saisit le sens de la modernité de son temps, il ne la considéra pas comme un but, mais comme un point de départ, vivifiant, qu'il ne tarda pas à dépasser.
Velázquez fut engagé officiellement au service du roi le 6 octobre 1623, au salaire mensuel de vingt ducats, comportant obligation de peindre toutes oeuvres qui viendraient à lui être commandées. Dès avant la fin de ce mois, Phillipe améliora les conditions financières du contrat et ordonna que, en sus de son salaire, Velázquez serait payé pour chacune des oeuvres qu'il exécuterait en sa qualité de peintre du roi.
De nos jours, en termes artistiques, bodegón est presque synonyme de nature morte. Au temps de Velazquez, ce mot avait conservé de fortes connotations avec son sens premier de cabaret, voire gargote, et s'appliquait généralement à des compositions groupant un ou deux personnages du menu peuple et représentant de la nourriture, des boissons et de la vaisselle de table.