NOCTURNE II
Extrait 2
Qui vient frapper aux voûtes du sommeil ?
…
Etait-ce toi ? Je n'ai pas reconnu
Ton pas, ton souffle et ta bouche peureuse.
Voici le jour et cette visiteuse
Invisible emplit la chambre fermée,
Cette dormeuse immense qui m'occupe,
Use mon temps et tourmente ma voile:
Ciel interdit dont tu n'es qu'une étoile,
Mer soulevée où ta vague se perd.
MARÉE
extrait 2
L'ombre défendue.
Le chant qui défaille.
Une coque bâille
Au vent qui la tue.
Le soleil dévore
De pâles méduses.
La mer au loin s'use
En jeux incolores.
Trop tard si la force
Un instant perdue
S'amasse et reflue
Vers la rive sèche:
La vague ne sent
À ses lèvres bleues
Que le baiser creux
De mille ossements.
NOCTURNE II
Extrait 1
Qui vient frapper aux voûtes du sommeil ?
Qui se dévêt des robes de la terre ?
Quelle tiédeur se glisse sur ma chair,
Cherchant ma bouche, effaçant mon visage ?
Et quel silence assaille mon vertige ?
Pourquoi la neige ? À quelle ensevelie
Cette main captive aux pièges du lit,
Qui se dérobe et fuit au chant du coq ?
MARÉE
extrait 1
La vie se retire,
Tire ses galets :
Par cette marée
Le désert empire.
Epaves, larcins,
Monstres affalés,
Feuillages brûlés
Des arbres marins
S'entassent, s'emmêlent
Dans les plis salés
Du sable léché
Par l'ennui du jour.
…
Poèmes de Jean Joubert, extraits de "Longtemps j'ai courtisé la nuit", et de Jean-Marie Berthier, extraits de "Ne te retourne plus".