AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,57

sur 562 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme Tolstoï, Gogol et Dostoïevski sont les peintres de l'âme russe Joyce est le peintre de l'âme irlandaise.
Lorsqu'il ne fait pas dans le pavé bouillonnant avec ponctuation déficiente, Joyce est parfaitement capable de faire des récits pleins de saveurs (et lisibles)la preuve : ses fringantes nouvelles de Dublin.

Comme pour «Ulysse» l'action se situe le Dublin du début du XX siècle et met en scène de multiples personnages tous plus réalistes les uns que les autres : des gueules d'irlandais .es
Le brassage et l'ordre de ces nouvelles de longueurs et intensités variables, donnent une impression de franche et joyeuse mais parfois triste, vie riche et foisonnante.

Que se soit dans la rue, dans l'entreprise, au pub, à l'église ou chez des vieilles filles (dames) les revirements et tracas quotidiens des personnages animent, jusque tard dans la nuit, Dublin, ville vivifiante et pauvre mais débordante de vie. On sent une osmose entre la ville et les habitants (et la stout)

Nul comme Joyce ne sait peindre ces petits moments volés de la vie irlandaise. Tous les thèmes sont abordés: le chômage et son oisiveté malsaine, les caractères affirmés, rudes, pugnaces et magouilleurs (autant que les ritals) de ces rouquins et rouquines toujours à chercher à vendre avec opiniâtreté leur force de travail et à envisager l'émigration, la pauvreté de la vie très corsetée par une religion omniprésente et puritaine catholique surtout, l'ivrognerie ou/et (plutôt) l'alcoolisme véritable carte de visite et fléau de l'Irlandais

Des histoires brutes de « décoffrage », des tranches de vie sans véritables commencements et sans fins parfois, qui concernent toutes des adultes et des enfants, des hommes et des femmes, des poètes, des athées et des fidèles , des artisans , des commerçants, des politiques, bourgeois ou prolétaires, ivrognes et abstinents bref l' atmosphère réaliste de l'âme de Dublin

Même si aujourd'hui la vie a changé on reconnaît encore ce caractère de l'irlandais qui semble immuable: c'est le pays qui forme l'être humain et non le contraire et donc l'âpreté de l'Irlande, la pluie, les caoutchoucs, la stout et le whiskey: eau additionnée de céréales maltées ou non, bien utile pour combattre l'humidité, la neige et la vie rude, eau prescrite parfois par les médecins aux dires de certains irlandais mais formellement déconseillée par le curé.

Joyce spécialiste de la narration « éclair » même furtive ; on entrevoit avant de passer à autre chose et qui se déguste sur le pouce comme un menu salade à l'anglophone donc avec une stout (et peut-être après avec un petit irish coffee bien au chaud dans un pub)


Un livre indémodable toujours aussi prenant malgré les relectures.
Commenter  J’apprécie          60
Mon premier livre de James Joyce, une plongée dans le Dublin de la fin du XIXe et début du XXe siècle à travers divers personnages d'âges, de sexes et rang sociaux différents. J'ai globalement aimé ce court recueil de nouvelles, bien que je les ai trouvées inégales dans l'intérêt que je leur ai porté. En fait ça m'a fait assez penser aux nouvelles d'Alice Munro que j'ai lu il y a peu et n'avais pas vraiment aimé, mais l'ambiance de la capitale Irlandaise, son époque, ses décors et ses personnages m'ont beaucoup plu, plus que les équivalents canadiens (je n'ai absolument rien contre le Canada, c'est simplement que l'Irlande m'attire plus). Mais le lecteur contemporain non habitué à lire des classiques peut être frustré par disons le manque de début et de fin de ces nouvelles, je l'ai moi-même été un peu. Pas De chutes, de rebondissements ou de grandes révélations dans ces nouvelles, ce sont simplement des morceaux de vies que l'on quitte aussi brutalement qu'on y est entré. J'ai donc trouvés ces nouvelles intéressantes par leurs valeurs culturelles et l'excellente description des lieux et personnages, mais je suis content que ça n'ait pas été plus long.
Commenter  J’apprécie          60
Site lecture:ebooks gratuits.

Nouvelles passionnantes qui sont autant de petites touches des habitants et l'atmosphère de Dublin au début du 20eme A la veille de l'indépendance. La description des personnages dans un style précis et bien écrit. Il nous fait découvrir leurs quils soient ouvriers ou de la petite bourgeoisie.
Livre très facile à lire qui fait découvrir le pittoresque de cet Irlande du début du 20eme siècle.
Commenter  J’apprécie          60
Peut-être que ce sera un impair de ma part car il s'agit d'un film et non pas d'un livre. Encore que....En fait si. En 1987, John Huston a tourné "Les Gens de Dublin" sur le scénario de la dernière nouvelle, les" Morts".
Il y a une scène dans le film, oü l'un des invités lit un poème écrit en gaélique, daté probablement du 8 siècle, traduit en anglais. Les gens restent pétrifiés en écoutant ce poème, comme figés dans l'espace. La beauté et l'émotion peu communes que ces vers dégagent les ont enfermés pour quelques instants dans une autre dimension qu'ils ne sont pas capables de quitter, envoûtés, tant que le charme dure.
Voilà le poème, Anonyme :

Donal Og (Young Daniel)
It is late last night the dog was speaking of you;
the snipe was speaking of you in her deep marsh.
It is you are the lonely bird through the woods;
and that you may be without a mate until you find me.

You promised me, and you said a lie to me,
that you would be before me where the sheep are flocked;
I gave a whistle and three hundred cries to you,
and I found nothing there but a bleating lamb.

You promised me a thing that was hard for you,
a ship of gold under a silver mast;
twelve towns with a market in all of them,
and a fine white court by the side of the sea.

You promised me a thing that is not possible,
that you would give me gloves of the skin of a fish;
that you would give me shoes of the skin of a bird;
and a suit of the dearest silk in Ireland.

When I go by myself to the Well of Loneliness,
I sit down and I go through my trouble;
when I see the world and do not see my boy,
he that has an amber shade in his hair.

It was on that Sunday I gave my love to you;
the Sunday that is last before Easter Sunday
and myself on my knees reading the Passion;
and my two eyes giving love to you for ever.

My mother has said to me not to be talking with you today,
or tomorrow, or on the Sunday;
it was a bad time she took for telling me that;
it was shutting the door after the house was robbed.

My heart is as black as the blackness of the sloe,
or as the black coal that is on the smith's forge;
or as the sole of a shoe left in white halls;
it was you put that darkness over my life.

You have taken the east from me, you have taken the west from me;
you have taken what is before me and what is behind me;
you have taken the moon, you have taken the sun from me;
and my fear is great that you have taken God from me!
Commenter  J’apprécie          60
J'ai été étonné de voir que les éditions Pocket publiaient James Joyce! Ce n'est pourtant pas un auteur à succès, et ces nouvelles n'ont rien d'attrayant à priori. Pas de chutes, de rebondissements et d'événements surprenants dans ces quinze récits de vies dublinoises. Il y a donc tout de même des amateurs de littérature dans les éditions commerciales?
Bref, des vies ordinaires qui touchent parce qu'elles dressent le paysage d'une société irlandaise pleine de paradoxes. A la fois fidèle à ses traditions mais cherchant à se libérer des chaînes de l'Eglise catholique, patriote mais rêvant d'ailleurs.
Commenter  J’apprécie          50
On s'attaque à un monument de la littérature avec James Joyce qui sait croquer les personnages de la bourgeoisie irlandaise avec noiceur et perspicacité. Il rend compte d'une société sur le déclin. J'ai eu du mal à apprécier ces récits en raison peut-être de la forme (des nouvelles). C'est un auteur qu'il faudra que je redécouvre pour apprécier la vision et l'analyse de ces contemporains.
Commenter  J’apprécie          42
Joyce james Dubliners, Wordsworth Classics.

Trois nouvelles, très courtes, ouvrent le recueil
Écrites à la première personne (Je), elles rappellent des épisodes d' une enfance irlandaise  : « The sisters » évoque le décès d'un prêtre proche de l'enfant, « An encounter », une aventure extra scolaire avec la rencontre d'un adulte plus qu'ambigu. « Araby », c'est l'expédition décevante d'un enfant dans une fête foraine ; il veut faire un cadeau à une jeune fille dont il s'est silencieusement épris.
Trois épisodes où le décor est morne, qu'il s'agisse de l'impasse voisine, de l'école bien pensante, ou de la fête foraine à l 'heure de la fermeture. En résulte une impression de passivité et de désillusion.
Comme si le narrateur n'avait pu secouer la gangue paralysante d une société conservatrice, pleine de clichés. Une silhouette de prêtre est présente dans les trois nouvelles. Joyce laisse au lecteur le soin de tirer le fin mot des trois récits L'Irlande, un étouffoir ?
Commenter  J’apprécie          40
Au sujet de la nouvelle: Eveline.
Dans cette nouvelle, James Joyce présente le personnage d'Eveline, jeune fille de dix-neuf ans, vivant à Dublin une vie misérable coincée entre son père alcoolique et violent et ses frères et soeurs cadets qu'elle élève depuis la mort de sa mère. Elle rêve d'échapper à cette existence et la rencontre avec un marin qui propose de l'emmener à Buenos-Aires semble pouvoir lui permettre de réaliser ce souhait. La nouvelle conte les réflexions de l'héroïne alors qu'elle a décidé d'accepter.
Ce qui me semble particulièrement intéressant, c'est la manière dont James Joyce introduit son personnage au lecteur. Celle qui n'est désignée pendant deux pages que par le pronom personnel she est enfin nommée (p28) à travers sa réminiscence de paroles de sa supérieure hiérarchique (Miss Gavan) à la boutique où elle est employée:
«Miss Gavan would be glad. She had always had an edge on her, especially whenever there were people listening.
"Miss Hill, don't you see these ladies are waiting?
"Look lively, Miss Hill, please.»
S'il n'y avait pas les guillemets, ce serait du style indirect libre. Les paroles de Miss Gavan sont énoncées sans subordination, ni conjonction, ni incise, le lecteur est directement plongé dans les pensées de l'héroïne. Et, par la façon dont son nom est amené dans le texte, James Joyce ne se contente pas de lui donner une identité, mais fait ressentir au lecteur l'opinion qu'elle a d'elle-même. C'est par la "bouche" d'un autre personnage, visiblement plein de mépris pour elle que son patronyme est révélé.
L'énoncé de son prénom (qui donne le titre à la nouvelle) vient quelques lignes plus bas, à travers une pensée plus intime, celle qui exprime son espoir en une vie meilleure:
«But in her new home, in a distant unknown country, it would not be like that. Then she would be married - she, Eveline. People would treat her with respect then.»
De l'anonymat (she) à l'énonciation de son prénom (Eveline), elle a acquis le respect (People would treat her with respect then.): dans la diégèse, le respect hypothétique des autres gens qu'elle s'estime en droit d'attendre, et méta-textuellement, en étant nommée (She, Eveline), le personnage acquiert le respect du lecteur, qui peut enfin commencer à le cerner et s'intéresser à sa vie, car nommer une chose ou un être contribue à lui donner une existence.
Commenter  J’apprécie          40
Grand classique de la littérature anglophone, ces quinze nouvelles évoquent le Dublin désabusé et décadent que l'auteur sera bientôt obligé de fuir, sans pourtant cesser d'y revenir dans ses oeuvres.

Avis :
Un regard détaché mais lucide, amer, perçant, ironique et sans appel.
A lire absolument !
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
Commenter  J’apprécie          30
Un grand classique, sur lequel tout semble avoir été dit, et pourtant...
Au travers de ces nouvelles, Joyce a tissé une oeuvre unique, cohérente et prenante. Chaque nouvelle est un bijou, une critique sur les Dublinois et sur les humains en général.
L'édition Penguin Modern Classics est bien reliée, avec une jolie photo de couverture, cela ne fait aucun doute, mais on pourra reprocher l'introduction du livre, très longue, très lente et donc très lourde.
Mais là où le bât blesse, c'est au niveau de la police d'écriture: en lettres d'imprimerie souvent baveuses qui laissent de désagréables tâches noires et qui, de plus, ne sont tout simplement pas agréable à lire. Dommage, ça gâche un peu le plaisir de lire, même lire Joyce...
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1561) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz de la Saint-Patrick

Qui est Saint-Patrick?

Le saint patron de l’Irlande
Le saint-patron des brasseurs

8 questions
251 lecteurs ont répondu
Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..