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3,57

sur 562 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le jeune James Joyce, en dépit du titre, ne nous lègue pas exactement un guide du routard pittoresque avec “Gens de Dublin”. L'emblématique auteur irlandais, adepte du “courant de conscience” use de la (désormais) capitale d'Irlande comme d'un ancrage, certes tangible, mais au second plan. Car ce sont avant tout les pensées, fluctuantes, les entrailles des personnages, sur fond d'une banalité parfois insoutenable, qui font l'attrait de ces nouvelles. Les sentiments sont sans frontières, ainsi nous sommes tous et chacun ces gens de Dublin.

Joyce, bien qu'ayant sacrifié à quelques facéties d'éditeurs sur son style, affirme déjà la suprématie de la vie intérieure des personnages dans la narration, rejoignant ainsi au panthéon des écrivains du “flux de conscience” Italo Svevo, Henry James, Marcel Proust et bien sûr, Virginia Woolf. D'ailleurs en matière de style, si vous êtes effrayé par “Ulysse”, sachez qu'avec “Gens de Dublin”, vous ne risquez rien ! C'est un livre très abordable, simple dans son écriture.

Le recueil se compose d'un certain nombre de petites histoires, certaines sont des “épiphanies”, comme Joyce les qualifiaient. C'est-à-dire une fulgurante clairvoyance où le personnage se trouve à un moment de bascule et donne impulsivement un coup de volant tantôt à gauche, tantôt à droite, marquant la bifurcation irrémédiable de son destin. Une technique efficacement éprouvée dans la nouvelle “Eveline” par exemple.

Les vies de ces “Dubliners” sont tourmentées dans leur nostalgie par une cruelle amertume, à l'image de Gretta Conroy, l'épouse de Gabriel, dans la dernière nouvelle “The Dead” ou encore du guichetier “Mr. Duffy” dans “A Painful Case”.

La dernière nouvelle, “The Dead” est bien plus longue et représente assez bien le côté déroutant de James Joyce. On a presque l'impression de deux histoires en une… et pourtant c'est bien là tout l'intérêt, derrière l'histoire sociale, celle d'une soirée bourgeoise où, à l'ombre des chants frivoles, des palabres politiques (nous sommes quelques années avant l'indépendance de l'Irlande) se joue l'histoire profonde de deux époux, leur “humus intime” comme disait Robert Musil. L'ouvrage fera l'objet d'une adaptation cinématographique fidèle par John Huston, et Gretta Conroy renaîtra pour le spectateur sous les traits aquilins de sa fille, l'envoutante Anjelica Huston.

Ce film est d'un grand intérêt car Huston donne une interprétation très inspirée et éclairante de cette nouvelle, pleine de pénombre. Mais le fameux flux de conscience reste hors de portée de sa caméra. Notamment dans l'exercice impossible de la description des pensées du personnage de Gabriel, que les équivoques et ambiguïtés d'un jeu d'acteur tout en nuance ne peuvent suffire à faire sentir au spectateur, sans le recours, parcellaire et comme un aveu d'impuissance, à la voix-off…

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"Ulysse" de James Joyce est réputé être un sommet de la littérature, une oeuvre de très haut niveau, exigeante et difficilement accessible, un livre qui se mérite en somme. Sur cette réputation, il est devenu mon Everest littéraire. Mais ne sentant pas mon cerveau aussi affûté que les pieds d'un sherpa, j'ai préféré opter, pour commencer à appréhender l'oeuvre de Joyce, pour une altitude plus raisonnable avec le recueil de nouvelles "Gens de Dublin". Une colline de 200 pages me semblait être une ascension moins escarpée.

Cette oeuvre a de nombreuses qualités. Tout d'abord, l'écriture, élégante, fine, à la fois fluide et très travaillée. Un style au service d'un art de la description tout à fait remarquable. Dans chacun des textes du recueil, Joyce parvient à décrire de façon si précise, si subtile ses personnages qu'ils semblent réels. Cette précision dans les descriptions n'est jamais lourde ni pesante. C'est là toute la finesse de Joyce, parvenir à faire des descriptions fouillées et détaillées tout en gardant une écriture fluide.

Les textes qui composent ce recueil, j'ai du mal à parler e nouvelles tant ces textes forment un tout, sont plus des tranches de vie que des histoires à proprement parler. Il n'y a pas vraiment d'intrigues, pas de chutes. J'ai bien perçu que l'objectif de l'auteur était d'évoquer une atmosphère, une ambiance, de rendre compte de l'identité de la ville de Dublin à une période précise. Etant très ignorante du contexte historique et social évoqué par Joyce, je suis restée assez hermétique au but visé par l'auteur.

Tout en reconnaissant la grandeur de l'écriture de l'auteur, c'est pour moi une rencontre en demi-teinte. J'aurais préféré que ces descriptions si subtiles et cette écriture si fine soient au service d'une véritable histoire, au sens classique du terme, une intrigue de départ, des développements qui la font évoluer dans un arc narratif, et un récit traversé de d'avantages d'émotions.

Après cette lecture, que je ne regrette pas, je me dis tout de même que l'alpinisme n'est peut-être pas pour moi et que je ne tenterai peut-être finalement pas d'aller planter mon petit drapeau au sommet d'"Ulysse".

Challenge Petits plaisirs 27
Challenge Variété 26 (catégorie "un recueil de nouvelles")
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Dans ce recueil de quinze nouvelles James Joyce dresse un portrait de Dublin et de son atmosphère au tout début du XXème siècle. La langue est agréable et coule bien, cependant j'ai trouvé la lecture un peu fastidieuse : j'avais souvent l'impression qu'il me manquait des clés, comme si l'auteur s'adressait à quelqu'un qui a connu cette ambiance de Dublin à cette époque. Peut-être qu'un peu plus de notes m'aurait permis de comprendre ce qui était implicite à l'époque ! du coup je suis sentie souvent un peu perdue à la fin d'une nouvelle. Pourtant d'habitude je n'ai rien contre ce genre de nouvelles où il y a assez peu d'action, juste ce qu'il faut pour croquer un personnage typique ou des tranches de vie ordinaires et malgré les difficultés rencontrées j'ai trouvé ces portraits pris sur le vif plutôt très réussis. Par contre m'attaquer à Ulysse me fait encore plus peur qu'avant !
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Dublin hiver 1904, le moment des fêtes de Noël. Les trois demoiselles Morkan Miss Kate, Miss Julia et leur nièce Mary Jane reçoivent, comme tous les ans, amis et famille.
La neige tombe comme si elle ne voulait jamais s'arrêter mais dans la maison il fait bon, la chaleur humaine et celle arrivant de la cuisine font oublier la nuit glaciale. C'est une soirée de fête.
Le temps, plus qu'autre chose dessine les personnages, il danse avec les jeunes et s'arrête sans lendemain sur ceux qui ont accumulés déjà des dizaines et des dizaines d'années. Est-ce la recherche d'un temps passé ou perdu ? En échappant au temps et à ses lois, peut-on capter la langue étrange du flux de conscience et saisir, à travers des détails apparemment sans importance, toute la profondeur d'une pensée, les implications d'un geste, d'un regard, d'un mot ?
La joie de la fête est comme enveloppée d'une certaine mélancolie, un désenchantement, un voile très fin et très présent, qui se fait sentir dans l'innommable, dans des empreintes que le temps a laissées sur des objets, dans un mouvement, le timbre d'une voix. le temps, personnage sans nom, est celui de la fête et celui de l'empreinte. Fête d'une soirée, poussière d'un passé.
Il suffit d'une vieille chanson irlandaise pour que Gabriel soit saisi par la soudaine absence de sa femme Gretta, par son air d'une tristesse infinie et ses souvenirs d'un tragique amour d'adolescence. le passé plus fort que le présent, revient avec ses regrets, ses plaies encore saignantes, ses douleurs et ses peurs. le temps a tout pris, il ne rend plus rien.
Les gens de Dublin, 1914, dont fait partie Les morts, est comme une toile à double face d'un James Joyce qui préparait son oeuvre majeure Ulysse. Quelques éclats de rire, une chanson, une lumière dans un regard, sont des moments éphémères, des flocons de neige pour mieux révéler l'éternel où les morts règnent sur les vivants. Moments de lumière de l'épiphanie. (lu en VO)
L'inoubliable film de John Huston, The Dead, 1987, magnifique mise en scène de la nouvelle éponyme de Joyce, reste un chef d'oeuvre d'images chargées de l'éternité du grain de sable.
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Jame Joyce a la trentaine quand il écrit ce livre en 1914 et pourtant j'imaginais un auteur bien plus vieux en découvrant ces nouvelles pas trop fracassantes
du petit monde de Dublin.
Il y a bien quelques échanges intéressants concernant les religions du coin mais c'est un auteur que je ne compte pas approfondir.
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Plus connu pour ses obscurs Ulysse et Finnegans wake, James Joyce est aussi l'auteur de ce recueil de nouvelles s'intéressent aux Dublinois. Il serait difficile de parler de mise en valeur, puisque Joyce n'idéalise pas ses compatriotes. Dans une langue riche et soignée, Joyce décrit la capitale irlandaise au début du 20ème au travers d'histoires plongeant dans un quotidien fourmillant et surtout bourgeois.
Depuis les écoliers partis faire l'école buissonnière jusqu'aux partisans de Charles Parnell, héros de l'indépendance, Joyce s'attache davantage aux habitants qu'à la ville elle-même. L'auteur décrit les frustrations dues aux conventions sociales dont il est impossible de se défaire, les amours perdus, les envies d'ailleurs. Une véritable photographie littéraire de la ville.
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Lire des nouvelles, je trouve cela assez frustrant. Dés qu'on commence à entrer dans une histoire, elle est déjà finie et il faut passer à une autre.
"gens de Dublin" est cependant une bonne mise en bouche pour se familiariser avec l'oeuvre de Joyce et son style admirable.
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Dans ce recueil de nouvelles, ce sont les plus longues qui m'ont fait vibrer et apprécier l'écriture de James Joyce, dont j'avoue humblement mon ignorance puisque c'est le premier ouvrage de cet auteur que je termine, ayant tenté en vain la lecture d'Ulysse durant l'adolescence. Fort heureusement, l'édition de Gens de Dublin que j'ai lu comportait une introduction, des notes et une chronologie de Joyce qui m'ont aidé à appréhender les personnages et leur vie quotidienne dans les rues de Dublin au début du XXe siècle. Même si je ne fréquente pas souvent ce format de littérature (nouvelles), cet ouvrage m'a donné l'envie d'approfondir l'oeuvre de James Joyce.
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Ce livre est un recueil de 15 nouvelles dont le personnage principal est la ville même de Dublin. Joyce nous propose ici une sorte de cycle de vie avec des nouvelles qui commencent par évoquer l'enfance, puis l'adolescence pour finir avec la vie adulte et la vie publique. le style est assez sombre, les personnages sont pour la plupart comme "paralysés" : passifs, désillusionnés, incapables de se détourner du passé. Un recueil à lire si l'on est amateur de nouvelles.
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J'ai aimé certaines nouvelles , d'autres moins. J'ai préféré les plus courtes, car j'ai eu l'impression de voyager à travers le temps et l'espace pour atterrir à un moment précis et à un endroit précis de Dublin et d'être en arrière plan...J'ai observé les décors et ressenti les émotions qui sont décrites de manière tellement belle et profonde. Mes préférées sont Evelyne , Arabie, Une rencontre et Argile.
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