Sur le motif
Méheut Maturin né à Lamballe en 1882, est le plus grand dessinateur gouacheur crayonneur que la Bretagne ait connu, sans doute aussi le plus prolifique.
Il croquait comme il vivait, il vivait comme il croquait. La Bretagne, son pays bien-aimé, n'a pas de secret pour lui, il écume tout l'insolite des villages, des champs, des bords de mer, des ports, des bretons et des bretonnes en costume, en début de siècle ; les scènes de guerre, les marins, les cirés jaunes, les paletots bleu marine ou rouges, les gris de payne, les ocres rouges, le blanc des coiffes, le noir des costumes.. . La couleur est vivifiante, japonisante, authentique.
A l'huile, il est moins à l'aise, il semble moins inspiré. Tout ce qui sent le raccroc, l'atelier et le sur-travail n'est pas pour lui. Son grand succès indéniable, c'est la gouache peinte dans l'instant, sur le motif, l'oeil est phénoménal, la maîtrise est totale ; ses crayonnés rehaussés d'aquarelle sont parfois saisissants, bluffants, géniaux.
Toutes les couleurs de la palette y passent, pour une harmonie parfaite. Au moins, voilà un artiste intelligent qui sait que la couleur existe, comme un Bonnard, un Dufy. En connaissance, c'est un expert ; là aussi il me fait penser à Bonnard. L'art de la composition fulgurante est toujours présent. On ne s'attarde pas sur le détail.. Il s'est fait un nom très vite.
Sa Procession de la grande troménie est un chef d'oeuvre.
Appelons ça déco, je veux bien, mais art sûrement.
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