Lors de mon séjour en Allemagne en juillet 2020, j'ai soudainement décidé d'entrer dans une librairie qui se trouvait sur mon chemin et d'aller demander conseil aux libraires afin de trouver un livre en allemand, facile à lire. On m'orienta vers Meine russischen Nachbarn ("Mes voisins russes", en français) de
Vladimir Kaminer, auteur russe installé en Allemagne, écrivant directement en allemand. Il me fallu près de 4 mois pour en arriver au bout. Mais ça en valait le coup.
L'ouvrage est composé de dizaines de courtes nouvelles (de 2 à 6 pages, globalement) relatant les aventures du narrateur avec ses deux voisins russes vivant en collocation. Les nouvelles sont empruntes d'un choc culturel visible, difficile de dire laquelle de la culture russe ou allemande domine dans le livre.
Vladimir Kaminer dresse des comparaisons de l'Allemagne, tantôt avec la Russie d'aujourd'hui, tantôt avec l'URSS, dans laquelle il a grandi.
La plupart des nouvelles sont empruntes d'une critique de la société, parfois occidentale, parfois orientale. En effet, aux yeux de
Kaminer, aucun des deux pays phares ne semblent être reflets de la société parfaite. Il voit le meilleur des deux mondes, comme le pire. Peut-être rêve-t-il même d'une troisième voie ?
Il paraitrait donc pertinent de dire que l'ouvrage, bien qu'écrit et publié au XXIe siècle, est bien hérité de la guerre froide. D'ailleurs, il m'est arrivé plusieurs fois de me demander en quelle année se déroulent toutes ces aventures. Avant 1989, à Berlin-Est ? Vraisemblablement pas. En 2020 ? Probablement pas non plus. On évolue dans une espèce d'entre-deux temporel, une parenthèse légèrement hors du temps, à la fois arrêté et menant son cours. Si qualifier cet effet d'un coup de génie me semble disproportionné, il me semble évident que cela reste une prouesse.
Quant au style, je ne m'épancherai pas dessus, ne me sentant pas assez légitime pour en parler. Je ne pense pas être assez capable d'analyser un tel texte dans une langue étrangère, j'en laisserai donc le soin à des locuteurs plus avancés que moi-même, ou à des lecteurs de traductions, qui, je l'espère, arriveront bientôt dans nos rayons.