Alvira, tome 1 : Les enfants de Fador

Les enfants de Fador sont des êtres élus destinés à sauver Alvira des griffes du terrible Régent, qui s'est emparé du pouvoir par la force et fait désormais régner la terreur parmi les anges. Alors que Gabrielle fête ses dix-sept ans, Éléonore fait irruption dans sa vie pour lui révéler ses véritables origines… et surtout la protéger des dangers qui la menacent.

Il s'agit là du premier tome d'une saga que je qualifierai de très « scolaire », tant dans sa plume que dans son intrigue. Même si les anges sortent de l'ordinaire, leur histoire est somme toute assez classique. Des élus nés dans un monde parallèle, mais envoyés sur Terre pour les placer hors de portée du grand méchant qu'ils sont censés renverser, et ce jusqu'à l'adolescence (assez commode quand on sait que leur espèce peut facilement vivre plus d'un millénaire) où ils découvrent aussi bien ce qui les attend que leurs pouvoirs magiques… Un peu vu et revu, comme scénario, non ?

Quant à l'écriture, elle est passable, mais très pauvre, que ce soit en terme de vocabulaire ou de style. Les phrases se cantonnent pour l'essentiel à la formule consacrée sujet-verbe-complément, avec des cascades de répétitions. Un exemple ?

« La maison s'avérait beaucoup plus spacieuse qu'elle le laissait imaginer à première vue. le couloir d'entrée était assez étroit et donnait sur un vestibule qui menait au salon. La cuisine se trouvait derrière une porte au coin du salon. Les chambres étaient à l'étage, accessible par un escalier planté en plein coeur du salon. Une lampe sur pied et plusieurs lampes posées sur de petites tables en chêne éclairaient l'intérieur. Il y avait également une cheminée dans le salon. La braise encore rouge suggérait qu'un feu y avait brûlé quelques heures plus tôt. La lumière ambiante projetée par les ampoules des lampes, ainsi que les meubles et les murs en bois dans la pièce donnaient au salon un aspect confortable. »

Et, malheureusement, les personnages ne sont guère mieux lotis. Quelques-uns tirent leur épingle du jeu (Éléonore, Minoku, Tony ou encore Vicky le peu qu'on la voit), mais les autres ne sont pas assez approfondis pour avoir une véritable personnalité, ce qui inclut, et c'est bien le problème, l'héroïne Gabrielle. Elle est dans ses meilleurs moments très fade, et dans les pires fort peu sympathique, à s'exposer inutilement (et par conséquent à exposer tous les autres) pour des raisons égoïstes.

La façon dont l'auteur gère sa narration, c'est-à-dire en donnant l'impression de ne pas savoir quoi en faire, n'a pas aidé. On alterne focalisation interne et omnisciente, mais sur un ton si plat, si dépourvu d'émotions, qu'elle semble plus externe qu'autre chose.

À cause de cela, je n'ai jamais vraiment réussi à entrer dans le récit, à m'attacher aux protagonistes et à être prise par leurs péripéties. Sans parler de la romance, qui m'a encore moins convaincue que le reste, et de l'univers, avec son étrange contexte d'après-guerre qui aurait pu être intéressant à condition de bénéficier d'un plus grand développement.

Les enfants de Fador ont tout de même pour eux d'être un livre qui se lit aussi facilement que rapidement, et qui n'est par conséquent pas totalement à jeter malgré le manque flagrant d'ambition et de profondeur par lequel il pèche. À tenter si vous cherchez une oeuvre jeunesse sans prise de tête ou une histoire basée sur des créatures angéliques, mais si vous aspirez à quelque chose de plus travaillé, et surtout de plus original, passez votre chemin.
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