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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La couverture du livre de Jean Paul Kauffmann «Courlande» représente dans des tons sepia, l'un de ces châteaux aux volets clos, abandonnés par leur propriétaire lors de l'avancée des allemands ou des russes au cours de la seconde guerre mondiale.
Ce livre s'est rappelé à moi quand j'ai lu le commentaire de «Une enfance en Prusse orientale» de Marion Dönhoff sur le blog de «ivredelivres» dont la photo de couverture est celle d'une fenêtre, d'un de ces mêmes châteaux, ouverte sur une allée qui s'éloigne.
Courlande est le voyage vers la Prusse orientale, en Lettonie, de Jean-Paul Kauffmann et de sa femme Joëlle. Il part avec en tête la recherche d'un amour de jeunesse, Mara. Il l'a rencontrée au Canada, à Montréal où elle travaillait dans une librairie. Ses parents avaient fui la Lettonie, dont la Courlande est l'une des quatre provinces, à l'approche des allemands.
Lui, depuis son retour en France a gardé ce nom de Courlande au fond de lui et croit que Mara, qu'il a perdue, y est retournée et y vit.
Tout est fantomatique dans ce livre, s'effiloche comme dans un brouillard. Au fur et à mesure de son avance dans ces terres inconnues Jean-Paul Kaufmann se rend compte que ce pays lui échappe, qu'il ne lui reste que les lambeaux du passé, qu'il ne se laisse pas découvrir. Son souvenir de Mara, embelli par le temps, n'est plus qu'un mirage.
Tout est à l'abandon, en décomposition. Les manoirs et châteaux lorsqu'ils ne sont pas totalement abandonnés sont devenus des musées, des écoles. Et toutes les rencontres qu'il fait au cours de cette errance ne font que renforcer cette impression. Les témoins du passé retracent la succession de souffrances, au gré des invasions, qu'a supporté ce petit pays, pris entre le monde slave et le monde germanique. Nous croisons les traces de Louis XVIII en exil, de Marguerite Yourcenar et son roman «Le coup de grâce» qui se déroule dans le huis clos d'un de ces châteaux....
J'ai eu à la lecture de ce livre une impression de vide, de désolation mais aussi de mystère dû peut-être à cette situation dans des confins indéfinis. Et puis là où il y a un vide il y a aussi espoir de renouveau, de reconstruction même si cela prend du temps et ....peut-être reste-il à Jean-Paul kauffmann l'illusion d'avoir entrevu Mara...
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J'aime cet auteur. Ses livres, le personnage aussi. Journaliste courageux il est toujours "à distance". Je ne le connais pas mais je me trouve souvent à réagir comme lui dans certaines circonstances. C'est peu dire que j'ai préempté ce bouquin à la médiathèque de ma ville !
La Courlande ? Fastoche ! je connais. Enfin virtuellement. J'avais lu il y a très longtemps un livre sur le Maréchal de Saxe (mais si ! le vainqueur de Fontenoy ! ) écrit par Gilles Lapouge. Maurice de Saxe était certes le vainqueur de Fontenoy (Messieurs les anglois tirez les premiers...) mais surtout Duc de Courlande et......arrière grand-père de Aurore Dupin autrement nommée George Sand.
C'est avec ce genre de digression que Jean Paul Kaufmann nous enchante dans son livre.
L'idée de départ comme souvent chez Kaufmann c'est une commande d'un journal. Là c'est "Henry" un rédac chef d'un magazine de voyages qui lui demande un reportage sur la Lettonie récemment libérée du joug communiste comme ses deux consoeurs baltes, la Lituanie et l'Estonie. Et comme souvent chez Kaufmann le hasard fait toujours bien les choses. Lui c'est pas Maurice de Saxe qui lui a fait souvenir de la Courlande mais un amour d'il y a trente ans quand il était étudiant au Québec. La délicieuse Mara dont les parents avaient émigré au Québec juste après l'entrée des Russes en 1945.
Le voilà donc parti là-bas (je pense que le livre a été écrit dans les années 1995-2000) avec Joëlle, sa femme, que ceux qui ont suivi le kidnapping libanais de Jean Paul connaissent bien. Une femme pugnace.
Arrivés "sur zone" ils louent une Skoda Favorit rouge dont Kaufmann arrive à faire un personnage du livre tant elle semble en accord avec l'ambiance générale du voyage.
Ne vous attendez pas à de profondes analyses géopolitiques, à des aventures croustillantes, à des rencontres hors normes, à des considérations savantes et distinguées . le voyage de Jean Paul Kaufmann c'est tout sauf ça. Nos deux parisiens musardent. Il y a bien sûr le reportage d'Henry, et aussi l'impératif de la cousine Alsacienne de Jean Paul qui lui a demandé de retrouver la tombe d'un "Malgré nous" de sa famille mort en Courlande dans la Wermacht en 45. La Courlande est un pays improbable , une partie de la Lettonie déjà elle-même un pays improbable : à peine trois millions d'habitants, une langue unique et archaïque. Un pays où résident encore 700 000 russes....et je ne parle pas de l'histoire ; compliquée dès qu'on aborde les années 39-45.
Jean Paul Kaufmann prend ces données en viatique et amasse au fil des rencontres et des visites la matière dont sortira ce livre. Un peu à la Prévert on aura droit à une visite de Mittau, le château qui a hébergé Louis XVIII lors de son exil, à une rencontre avec une famille allemande dont le père est un connaisseur pointu de l'histoire lettone, à une rencontre imprévue avec un rocker russophone cultivé (oui un rocker cultivé ça existe...), et last but not least pour Jean Paul Kaufmann l'amateur oenologue amoureux des vins : une soirée mémorable dans une cave du seul vignoble letton. Entre deux chapitres contemporains l'auteur s'échappe vers l'histoire ancienne : l'incroyable Odyssée de l'expédition courlandaise qui prit possession de Tobago et de la Gambie au début du 18e siècle, l'incroyable Odyssée dans un tout autre genre de la flotte russe de l'amiral Rodjesvensky partie de Liepaja en Courlande donc, pour aller se faire battre après 8 mois de navigation dantesque par les Japonais de l'amiral Togo à Tshushima.
Vous l'aurez compris je suis sous le charme de ce livre. Finalement Jean Paul Kaufmann ne verra jamais son article publié, le journal d' Henry à fait faillite, et jamais non plus il retrouvera la tombe de l'aïeul de sa cousine. Une note émouvante conclue le livre. L'auteur reçoit une lettre de Mara son ancienne amoureuse québecoise d'origine courlandaise . Elle avait lu son précédent livre traduit en anglais (La chambre de Longwood). Lors de son voyage en Courlande il avait cru la voir à plusieurs reprises. Etait-ce elle ? Incertitude.....











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Qui connait la Courlande ? Qui sait ou se trouve cet état ? En tous cas, pas moi avant d'avoir lu ce livre dont le titre m'évoquait de grandes étendues, des chateaux romantiques perdus dans des forêts aux arbres centenaires, une certaine lenteur, voire même une certaine langueur.

C'est presque tout aussi ignorant des choses de ce pays que l'auteur a entrepris son voyage. Alors qu'il était jeune journaliste en mission au Canada, il avait fait la connaissance de Mara, une Courlandaise d'origine qui travaillait dans une librairie. Née de parents réfugiés au Canada afin de fuir l'invasion allemande , elle ne connaissait rien de ce pays, à part ce que lui avaient raconté ses parents et les traditions qu'ils continuaient à observer. Jean paul Kauffmann tomba amoureux de Mara et bien entendu chercha à en savoir plus sur ce petit état de Lettonie situé au bord de la Baltique, coincé entre plusieurs pays dont la Russie, l'Allemagne et la Pologne qui l'avaient annexé tour à tour au fil des siècles. Une trentaine d'années plus tard, ean Paul Kauffmann est rentré en France depuis longtemps, mais il n'a jamais oublié Mara. Sous le prétexte d'écrire un reportage pour son journal, il part à la découverte de la Courlande avec sa femme Joëlle.

Là, il nous entraine à sa suite, de village en village, de chateau en chateau, guidé un temps par un professeur allemand qui connait bien le pays. Il s'étonne de voir tant d'usines, tant de bâtiments laissés à l'abandon, et croit reconnaitre Mara à chaque coin de rue. Il évoque ses rencontre avec les habitants : un rocker un peu déjanté, une française, une directrice d'école, et le mystérieux "Résurrecteur" qui emploie son temps à rechercher les corps des soldats allemands et ceux des "malgré-nous" tués lors de la dernière guerre. Il découvre l'histoire de la Courlande, ses périodes de grandeur et celles de déclin.

COURLANDE est un livre de voyage, mais aussi de mémoire et d'Histoire. J'y ai appris beaucoup de choses et en particulier que nous avions un certain passé commun avec ce pays : Je ne savais pas que Louis XVIII y avait passé une grande partie de ses années d'exil, ni que Madame Royale, la fille de Louis XVI s'y était mariée et y avait vécu après ses longues années d'enfermement à la Bastille. Jean Paul Kauffmann voyage lentement et nous aussi dans son sillage, son style nous accroche dès les premières pages, il sait nous transmettre tour à tour sa passion, son étonnement, ses déceptions et même sa curiosité. Ce qu'il nous livre dans ce livre est passionnant tant dans le domaine de la découverte de ce pays que de son Histoire. Il a même pensé au lecteur lambda et a ajouté à la fin de son livre un "Repaire chronologique" afin qu'il ne s'égare pas.

Une très belle découverte à conseiller aux amateurs de voyages et d'Histoire.

Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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"Nous sommes bel et bien en Europe articulée autour du champ, de la forêt, du clocher. Et de la tradition. Pourtant le rapport de similitude, ce fameux démon de l'analogie, qui permet souvent de se tirer d'embarras sans se tirer d'affaire, n'opère pas ici." (104)

La magie peine à démarrer. L'écriture des débuts est sèche, maladroite, descriptive et directe. le lancement est laborieux. L'enchantement aérien qui m'emporte au détour de certaines pages dans d'autres récits de Jean-Paul Kauffmann ne passe pas la couverture.

"Le paysage courlandais pourrait être banal s'il n'y avait cette torpeur d'une autre époque." (143)

Sauvée par son talent de conteur allié à sa sagacité intellectuelle, tâtonnante, je m'intéresse, tout de même, à la guerre entre la Russie et le Japon de 1904, me réjouis de trouver involontairement un éclairage sur le roman de l'estonien Andrus Kiviräk que j'ai lu juste avant, finis par me laisser imprégner par "la transparence de l'air" du "pays de la désolation heureuse". Au final ? Une certaine perplexité et l'impression d'un voyage flottant dont je sors sans jamais avoir vraiment pris pied.

"Toujours cet entre-deux, ce temps vacant, cet état insituable." (153)

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Avant de lire ce roman, je n'avais jamais entendu parler de ce petit duché perdu dans les brumes de la mer Baltique.
Grâce à Jean-Paul Kauffmann, j'ai eu le plaisir de découvrir une contrée encore sauvage et authentique dans ce joli livre qui raconte un voyage mais aussi une quête: retrouver la trace d'une jeune courlandaise mais aussi un pays qui longtemps fut considéré comme un "pays de nulle part".
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Je ne suis pas allé à Sainte Hélène, après avoir lu La chambre noire de Longwood, mais j'ai lu les mémoires de Sainte Hélène d'Emmanuel de Las CASES. Je ne suis pas allé aux KERGUELEN, après avoir lu L'arche des KERGUELEN, par contre, j'ai lu une biographie d'Eugène DELACROIX, après avoir lu La lutte avec l'ange, et je suis allé admirer le tableau à l'église Saint Sulpice lors d'un voyage à PARIS. Je ne suis pas allé en COURLANDE, mais il m'a fait découvrir cette région et son histoire. J'ai vibré avec lui, et les maçons lors de la restauration de sa maison des Landes, dans la maison du retour. Rien de ce qu'il écrit ne me laisse indifférent. Souvent, c'est à l'origine, de ce que j'appelle, des lectures en cascade. Je veux lui dire que si les lecteurs sont en voie de disparition, il en reste qui feront de la résistance, notamment pour lire ses livres.
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J'ai déjà écrit le plaisir que j'ai à chaque lecture d'un voyage de JP Kauffmann , celui là m'a enchanté une fois de plus.
JPK , comme à chaque fois, à le don de de nous faire voyager entre le passé, L Histoire, et le présent.
Le récit est lent certes, mais c'est qui fait , à mes yeux, sa force, son charme: on prend le temps.... on savoure....on apprend.
J'ai découvert le duché de Courlande dont je n'avais jamais entendu parlé, et appris que Louis XVIII y avait été exilé (par 2 fois)

Merci pour cette découverte !
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La Courlande est une région qui se situe au sud de la Lettonie et qui fait frontière avec la Lituanie. Quand il avait 22 ans, Jean-Paul Kauffmann a séjourné au Canada où il a fait la connaissance de Mara, une jeune femme d'origine courlandaise avec qui il a eu une relation amoureuse. 30 ans plus tard un ami, directeur de la rédaction d'un magazine de voyages, propose à l'auteur de partir en Courlande et de lui en ramener un article pour un numéro spécial sur les pays Baltes. Jean-Paul et sa femme Joëlle vont partir pour l'été et finalement rester aussi l'hiver.

La Courlande a été colonisée et christianisée au 13° siècle par l'ordre de Livonie, né de la fusion des Chevaliers Teutoniques et des Porte-Glaive. le dernier grand-maître de l'Ordre est devenu grand-duc de Courlande en 1561. Les seigneurs germano-baltes du duché y ont construit grand nombre de châteaux et manoirs. L'un d'eux accueillit Louis 18 en exil sous Napoléon Bonaparte. Jean-Paul Kauffmann entreprend le tour de ces demeures, parfois en ruine, souvent transformées en établissements scolaires. Chemin faisant il rencontre des personnages pittoresques et tâche d'approcher l'âme courlandaise.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture dans laquelle l'auteur mêle faits historiques et souvenirs de voyage. L'histoire des pays Baltes, je la connais fort peu et ça me donne envie d'en découvrir plus. Dans son voyage, Jean-Paul Kauffmann donne parfois l'impression de se laisser porter par les circonstances, ce qui est loin d'être le cas si j'en juge par la bibliographie et la lettre de remerciements en fin d'ouvrage. Mais l'habileté consiste à masquer la préparation pour laisser au premier plan l'imprévu.

Le nom de Courlande, pour moi, évoque celui de Kurlande, le pays de la demoiselle d'Avignon. Jean-Paul Kauffmann lui aussi a fait le parallèle avec ce feuilleton :

"[Mara] allait se rappeler à moi quelques années plus tard, sans qu'elle le sût, à la faveur d'un feuilleton télévisé, La Demoiselle d'Avignon. A l'époque, la France ne disposait que de trois chaînes. Vingt millions de téléspectateurs se passionnaient pour les amours de Koba et de François Fonsalette, interprétés par Marthe Keller et Louis Velle. Koba l'étudiante étrangère était en réalité une princesse du nord : Kristina de Kurlande. Ce pays à moitié imaginaire rappelait un royaume scandinave, mais la coïncidence était troublante, d'autant plus que Marthe Keller tenait beaucoup de Mara."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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En lieu et place d'un reportage qui ne sera pas publié, l'auteur nous offre un récit de voyage à travers la Courlande. Courlande, berceau de la Lettonie un pays vacant, dépeuplé, où les habitants sont entêtés et courageux, mais vaincus par les chevaliers teutoniques. Courlande, qui accueille Louis XVIII en exil. Courlande, le ciel des nobles et l'enfer des paysans. Courlande, pays de crocodile Dundee (né à Dundaye). Courlande, dont le duc Jacob dira : « nous n'avons d'amis ni à l'set ni a l'ouest, nous n'avons que des intérêts ». Courlande qui représente un caractère de liberté et d'infinitudes qui tient à l'éclat particulier de l'atmosphère. le voyage est si bien raconté qu'on se sent transporté dans ce pays si peu connu. MB
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Livre très bien documenté historiquement sur ce voyage dans une région de Lettonie à la recherche de souvenirs plus ou moins récents.
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