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3,9

sur 844 notes
C'est en livrant du charbon au couvent , que Bill Furlong tombe sur une jeune fille dans la réserve, pieds nus, et visiblement mal en point.
" On " aura beau lui dire, lui conseiller d'oublier cet événement, Bill n'y arrivera pas. Il faut dire qu'il est père de cinq filles, et fils d'une fille-mère , qui sans la bonté de sa patronne aurait été à la rue. Aussi, la douleur de cette jeune personne le touche. Il faut dire aussi qu'on en entend des vertes et des pas mûres sur ce qu'il se passe derrière les hauts murs du couvent dans lequel des religieuses catholiques, feraient travailler des filles non mariées, et qu'elles revendraient leurs bébés.... Et que le couvent se porte magnifiquement bien , financièrement...


C'est un tout petit livre ( 112 pages) qui laisse un goût de "trop peu" quand on le termine. Je ne suis pas friande de ce format car quand c'est bien, à peine on s'est jnstallés dans l'histoire, qu'on doit lui dire adieu, je trouve toujours ce format frustrant.
L'histoire s'arrête, là où il aurait été intéressant qu'elle continue. J'aurais aimé voir comment ce personnage masculin allait faire en sorte d'aider ces filles, comment l'affaire allait être médiatisée... J'aurais aimé voir décrits les conditions de vie de ces filles au couvent. Etaient-elles maltraitées? L'auteure aurait pu ajouter un autre personnage, qui nous aurait fait pénétrer dans ce couvent, peut-être en y étant amenée par sa famille. Voir tout cela aurait permis au lecteur de develloper son empathie pour les victimes qui nous sont à peine présentées.

La dernière blanchisserie de Magdalen d'Irlande a été fermée en 1996. Et bien que le roman se déroule en 1985, on a l'impression d'être au début du XXème siècle, et même bien avant. Cela donne une ambiance décalée, surprenante. ( le métier du père déjà, qui livre du charbon, de l'anthracite, du bois... La présence écrasante de la religion, la famille va deux fois à la messe dans la journée. le manque d'argent qui transparait chez certains clients de Bill Furlong, la sobriété des cadeaux de Noël, etc...)

Une histoire qui aurait pu être passionante, avec quelques chapitres en plus...
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Claire Keegan a écrit avec pudeur 117 pages de bons sentiments mais on ne peut lui reprocher tant le sujet en appelle à la compassion.
L'axe principal : de méchantes bonnes-soeurs font trimer des filles-mères exclues de leur famille dans la blanchisserie d'un couvent et vendent leurs gosses pour se faire de la thune. C'est pas joli-joli.
L'homme brave : Bill Furlong qui a échappé de peu au même sort que Rémi dans le « Sans-Famille » d'Hector Malot, s'en émeut. Il est livreur de charbon dans la région et au couvent des méchantes.

« Pourquoi les choses les plus proches étaient-elles souvent les plus difficiles à voir ?»
Il y a ceux qui voient et qui ne disent rien car ils ne veulent pas s'en mêler, ceux qui ne voient rien, ceux qui font semblant de ne rien voir et finalement, ceux qui voient et qui réagissent parce qu'ils ne peuvent pas admettre ne rien faire.

J'ai découvert avec quelle sensibilité et quelle lucidité Claire Keegan s'empare de ce sujet et projette l'humain devant sa lâcheté et ses manoeuvres de pieuvre ou sa générosité suivant les valeurs qu'il porte ou l'éducation qu'il a reçue. Cette monstruosité a réellement eu lieu en 1985 en Irlande.

Roman concis mais pas dépouillé, efficace et malgré tout poétique.
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Bill Furlong est marchand de charbon dans la région de Waterford en Irlande . Au milieu des années 80, il côtoie le peuple qui a du mal à joindre les deux bouts. Finalement, avec ses cinq filles et sa femme, il fait presque partie des privilégiés.
Pourtant la vie de ne l'a pas épargné, lui qui ne connait pas son père et dont la mère, servante, est morte jeune . Heureusement que Mrs Wilson a veillé sur lui !
un jour, Bill encontre une jeune fille en haillon aux abords d'un monastère, sur lequel courent plusieurs rumeurs. Il est alors tiraillé entre la réalité et son passé.

Ce très court roman est tout en finesse et dresse un très beau portrait, celui de Bill dont j'ai évoqué quelques caractéristiques plus haut.
J'aurais aimé que l'on entre plus profondément dans l'histoire que pour moi l'on n'a fait qu'effleurer ici. Bien entendu que l'auteure a atteint son but avec ce récit condensé, mais cela a engendré une réelle frustration qui me laisse sur ma fin.
On notera que l'histoire , contemporaine , aurait presque pu se passer un ou deux siècles plus tôt si l'on excepte la voiture.
Un portrait d'un taiseux besogneux , rongé par la non connaissance de sa propre histoire , très réussi. Mais il me semble que l'on aurait pu l'accompagner bien plus longtemps et élucider le mystère de ce monastère.
N'hésitez pas à vous faire une idée , c'est très bien écrit et ne prend pas beaucoup de temps de lecture.
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Irlande, hiver 1985. Alors que sa femme et ses cinq filles préparent Noël, Bill Furlong, livreur de charbon, découvre que l'établissement géré par des soeurs à proximité de chez lui emploie dans des conditions terribles, des très jeunes filles à qui on va enlever leurs bébés. Que faire alors dans ce pays où les religieuses ont tout pouvoir ?
Un court texte qui détaille à merveille le quotidien d'une famille irlandaise pendant une période économique défavorable et qui met en exergue le scandale des « Blanchisseries Madeleine » couvents destinés à rééduquer les filles « perdues »
Un roman délicat, tendre, pudique et délicieusement porté par un Bill attachant et d'une belle humanité. Un très joli conte de Noël 🎄
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Éblouie par ses " Trois lumières" , j'avais hâte de renouer avec Claire Keegan. Et une fois encore, elle m'a fortement émue.

le livre est court mais ses effets persistants et intenses. 1985, un peu avant Noël. Nous sommes pour quelques jours dans la vie et les pensées de Bill Furlong, patron modeste d'un commerce de charbon, en Irlande.

Quelques jours déterminants, qui vont le changer, le grandir.

Il avait bien remarqué, lors d'une livraison au couvent voisin, quelques filles mal vêtues, travaillant durement. Cela l'avait perturbé. Mais, même sa femme, Eileen, lui a recommandé de ne pas se mêler de cela.

Un écho aux paroles récentes du premier ministre irlandais à propos des " Magdalene sisters" et des autres scandales liés à l'église catholique:" Toute la société était complice"...

Bill est un personnage pudique, étouffant dans les rites sociaux, touchant: lui-même enfant d'une mère célibataire qui a été rejetée par sa famille, il se sent concerné par le destin de ces jeunes blanchisseuses exploitées , à qui on arrache les enfants.

Comme dans " Trois lumières" , tout est suggéré, effleuré délicatement. Et la beauté , la finesse de l'écriture sont en osmose avec l'histoire racontée.

Je n'en dirai pas davantage ( au contraire de la quatrième de couverture, trop explicite) . Car ce récit, il faut avant tout le lire, le ressentir. Je vous le conseille.
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Il n'est pas confiné pour Noël, Bill Furlong, mais c'est tout comme.
Aussi confiné dans sa tête que Diego était libre ♪♫ - bien qu'enfermé pour de bon, lui.
Il a la pré-quarantaine* morose, et si on situe le contexte, on comprend son spleen : Irlande ultra-catholique du milieu des années 80 (anti-avortement, familles nombreuses), crise économique, chômage, alcoolisme...
Financièrement, ça va pour Bill. A la tête d'une petite entreprise de livraison de bois et charbon, il bosse dur mais s'en sort plutôt bien. Sa femme et leurs enfants vivent selon les 'convenances et bonnes manières' irlandaises en vigueur à cette époque.
Eileen est mère au foyer, fée du logis sans répit, scrupuleuse pratiquante ; les cinq filles sont élevées dans une école privée tenue par des religieuses.

J'étais impatiente de lire ce dernier roman de Claire Keegan, au point de mettre de côté mon pavé en cours.
J'avais aimé 'Les trois lumières', doux et poignant.
On retrouve ce ton et, avec le personnage de Mrs Wilson, la question de l'accueil bienveillant d'enfants d'autrui.
Mais je suis déçue : le sujet du couvent (Magdalene laundries) est très peu développé. Il faut vraiment connaître cette terrible histoire pour comprendre - entre les lignes - ce qui s'y passe. Et savoir qu'il ne s'agit pas d'un 'incident' isolé...
Pour compléter, lire 'Une seconde vie' de Dermot Bolger, voir le film 'The Magdalene Sisters' (Peter Mullan, 2002).

Si on lit ce court roman sans a priori, on ne peut qu'être touché par Bill, cet homme en quête de ses origines paternelles.
J'ai aimé la manière dont il ... , tout en redoutant la réaction de ... .
« le pire était encore à venir, il le savait. Déjà il imaginait l'océan de problèmes l'attendant derrière la prochaine porte (...). »

/!\ 4e de couv beaucoup trop bavarde : long résumé de l'intrigue
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* âge, pas confinement (décidément !)
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Venant de terminer "petits papiers au gré du vent", mon coup de coeur de l'année, je n'ai pas réussi à entrer dans "Ce genre de petites choses" comme j'aurais dû. Je l'ai pourtant choisi, car très différent et donc n'étant pas comparable mais même si j'y ai trouvé des qualités indéniables, je suis resté un peu sur le chemin .
Cela ne m'a toutefois pas empêchée d'apprécier la qualité de l'écriture et d'être déboussolée face à ce que Claire Keegan nous relate. Nous sommes fin du 20e siècle en Irlande et pourtant on se croirait au 18e siècle. Les descriptions sont très bien faites, on ressent le froid, la pauvreté, et les tourments de Bill Furlong en seulement une centaine de pages.
Le message qu'il faut retenir et sans doute celui-ci , : « il en va à se demander à quoi bon être en vie si l'on ne s'entraidait pas. Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétiens, et se regarder en face dans le miroir ? »
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Bill Furlong n'a jamais su qui était son père, élevé par Mrs Wilson, une bourgeoise pour qui sa très jeune mère travaillait, il a mené sa vie au mieux. Marié et cinq filles, il dirige sa petite entreprise de transport de charbon.

C'est l'hiver, la saison forte pour Furlong. Malgré le froid il travaille durement, il en est très content car la région souffre du chômage, les jeunes émigrent vers les grandes villes...

Un jour cet homme de coeur va lors d'une livraison découvrir une enfant enfermée dans la grange à charbon au couvent voisin. le tourment va le ronger et malgré les recommandations " Garder les chiens méchant près de vous et le gentil ne mordra pas ", il va suivre son instinct.

C'est une histoire très courte que nous livre Claire Keegan, courte et si puissante ! Cette auteure de sa plume simple et inspirée sait en quelque mot nous immerger dans une ambiance. Je ne sais pour vous, mais dans mon esprit j'ai revu la petite fille aux allumettes, tout au long de ma lecture je voyais cette enfant sous la neige, nu pied...Et pourtant nous sommes dans ce récit en 1985 !
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Étienne de la Boétie a écrit un Discours de la servitude volontaire dont le court roman de Claire Keegan est une belle illustration. Non, la tyrannie, si elle peut s'imposer par la force, ne peut durer par la seule violence; ce sont moins les tyrans qui imposent l'injustice que le peuple qui l'accepte. Son consentement vient d'abord de ce qu'on l'amuse et le distrait. Et la pompe romaine n'a-t-elle pas cette fonction qui fait de la messe un spectacle destiné à capter les esprits? le tyran n'est également pas avare de bienfaits et fait oublier que sa fortune vient de ceux-là mêmes pour qui il se montre complaisant. Mais surtout, un pouvoir a besoin de complices pour subsister, de gens à qui il permet d'asservir pour mieux le servir: et dans cette communauté villageoise, le danger vient bien sûr de l'institution qui peut retirer ses largesses et empêcher vos filles d'aller dans une bonne école, mais aussi de vos voisins ou même de votre famille pour qui celui par qui le scandale arrive est le plus coupable.
Or, de même que pour la Boétie la liberté tient avant tout du désir, Bill Furlong n'a guère besoin d'un débat intérieur avant de prendre sa décision. Cette brièveté, en faisant l'impasse sur les problèmes que ne manquera pas de rencontrer le modeste fournisseur de bois, transforme en partie l'histoire en conte de Noël: Furlong est le Sauveur et savoir qu'il ne manquera pas de se faire crucifier ne doit pas éclipser le bonheur qu'il éprouve à avoir fait ce qui était juste, et que nous éprouvons à le voir faire ce choix.
Mrs Wilson avait protégé la mère de Furlong, né hors-mariage: et ce n'est pas le moindre mérite de cette histoire que de ne nous affirmer qu'une bonne action en entraîne d'autres.
Bref, vous ne trouverez pas de meilleure période pour lire et offrir Ce genre de petites choses (avec un coffret des comédies de Lubitsch pour moi, merci).
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Ce genre de petites choses, c'est ce genre de petit livre qui frappe dans le mille, qui donne ses lettres de noblesse à la concision, à l'écriture simple. Pas simple dans le sens de naïf et frustre mais efficace et clair, comme notre héros ordinaire, Bill Furlong.

Ce Bill Furlong, on aimerait l'avoir dans notre vie. Il est droit, généreux et surtout, altruiste.
Il est né d'une mère célibataire, domestique chez des gens aisés. Il a tracé sa voie avec l'aide de madame Wilson, sa protectrice.
Il a maintenant une femme, Eileen, et cinq filles. Il est à la tête d'une petite entreprise de bois et de charbon. Sa vie est comme un long fleuve tranquille à New Ross, Irlande, 1985.

« Il aurait bientôt quarante ans, mais n'avait pas l'impression d'arriver à quoi que ce soit ou de faire le moindre progrès et ne pouvait s'empêcher de se questionner parfois sur l'utilité des jours. »

Bill est dans ses préparatifs d'avant Noël et fait ses dernières livraisons de charbon au couvent voisin des soeurs du Bon Pasteur lorsqu'il trouve une pensionnaire grelottante au fond de la réserve. Bill sait qu'il se passe des choses dans ce couvent mais il sait aussi qu'il ne doit pas s'en mêler. Il est bien informé de ne pas intervenir. Sa femme, mise au courant et peut-être déjà au courant de beaucoup de choses, l'avise que sa famille a trop à perdre en se mettant le clergé à dos.

Mais Bill, dans sa droiture, et sensible à la cause féminine, est incapable de fermer les yeux. Il veut redonner les bienfaits reçus d'une femme extraordinaire.
Ce petit bouquin qui parle de l'histoire vraie déjà bien documentée des Magdelene laundries ressort du lot par l'humanisme d'un homme et la petite histoire simple des préparatifs de Noël d'une famille toute aussi simple. Un coup de coeur!

« Était-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir? »
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