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J'ai beaucoup entendu parler de Barbara Kingsolver sans avoir d'occasion de la lire avant de recevoir ce service presse. Et cette découverte me donne incroyablement envie de renouveler l'expérience tant sa plume, le choix de ses sujets et la richesse de ses personnages m'ont émue. Avant de vous présenter mon avis sur "On m'appelle Demon Copperhead", je tiens à éclaircir un point : oui, ce roman est très lié à "David Copperfield" (1850) de Charles Dickens mais il serait dommage de le limiter à cela tant il est une grande oeuvre par et pour lui-même !

Alors qu'il commence à raconter sa vie, Demon Copperhead tutoie autant qu'il rudoie le lecteur, le mettant face à un monde où toutes les illusions finissent par s'effondrer, et pourtant ce surprenant narrateur ne s'arrêtera jamais de rêver. le lecteur ne tarde pas à comprendre que le véritable démon de cette histoire est la société américaine qui exclut et stigmatise les Red Necks, les péquenauds, les ploucs. La camisole de misère dans laquelle elle les enferme charrie son lot d'enfants abandonnés, de filles-mères, d'abus de drogue, de violence. Et c'est là que l'humanité et la bienveillance de l'autrice rayonnent tant il faut les aimer pour aussi bien parler d'eux.

L'histoire de ce fils de junkie ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil et tombant dans les pires addictions est classique, presque prévisible, mais la langue avec laquelle elle nous est racontée est si vivante et spontanée qu'elle m'a donnée l'impression de me tenir assise en face de Demon chaque jour lorsque j'ouvrais ce livre ! Ses souffrances dénoncent le drame d'une société non pas mise en échec mais qui a fui ses responsabilités, laissant à elle-même une partie de sa population qui, ne trouvant aucun secours auprès d'infrastructures sociales insuffisamment équipées et financées, s'est tournée vers l'oxycodone.
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Ou comment réussir à s'en sortir- ou pas – lorsqu'on est issu d'une famille détruite et que personne ne semble vouloir de vous, lorsque l'on est originaire d'une région où rien n'est fait pour aider les gens à s'éduquer et trouver un travail digne de ce nom, lorsque que tomber dans la drogue semble la seule issue pour échapper au quotidien.
Sans sombrer dans le mélo, Barbara Kingsolver nous fait entrer dans la vie de Demon Copperhead, dont l'existence ne commence par sous les meilleurs auspices, entre le décès avant sa naissance de son père, et la lutte que mène sans succès sa mère contre ses addictions.
J'ai beaucoup aimé ce livre, et tout le microcosme de personnalités décrites.
Il y a peu de vrais méchants de cette histoire malgré toutes les mésaventures que subit Demon : la plupart de ceux qui vont profiter de lui sont en fait des pauvres gens, qui essaient de survivre quitte à spolier de plus faibles qu'eux. Et il y a beaucoup de gens bien, même si leur aide n'est pas appréciée par ceux qui estiment ne pas mériter autre chose que la vie miséreuse qui est la leur.
L'auteur a le talent de nous amener dans son histoire, de nous faire visualiser les différentes personnes qui entourent Demon, et de nous faire passer avec lui par toutes les phases, entre espoir et renoncement, joie ou désespoir.
Le seul bémol que je mettrais à ce livre , est le peu de surprise quant aux différentes situations, même si elles sont très bien écrites !
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🪁Chronique🪁

Où commence la route vers la perdition?

Je ne crois pas qu'il y est une ligne de départ. Ou alors elle est tellement loin, dans le temps et dans l'espace, que ce n'est plus qu'une illusion. Ta naissance, Damon, n'est pas un commencement mais un lent cheminement de circonstances et d'évolutions qui t'ont jeté là, sur les planches de ce Mobil-home, avec les dés de la malchance. Certes, tu vas te battre, essayer de combattre coûte que coûte, ce déterminisme social, mais Damon, tout a été pensé pour que tu ne t'en sorte pas. Tout a été truqué de long en large et en travers, pour que tu te noies dans une baignoire ou un océan plus ou moins démoniaque. le naufrage n'était pas une question de fait, mais de temps. Et pourtant, tu en as eu des noms pour tromper le sort, de Démon à Diamant, mais rien n'y a fait. Ce fut un acharnement continu. Sans doute est-ce la terre, le sang, ou ton étoile mais la perdition était annoncée avant même ton envie de vivre. C'est ainsi. Et dieu sait que tu en avais l'envie, de vivre. A pousser toi-même les portes, à foncer droit devant, a déjouer les eaux stagnantes de la pauvreté, tu t'élanceras vers les cieux, comme un jet puissant. Mais étant un Déplorable, qu'est-ce que ça va bien pouvoir changer pour ton salut?

La morale de cette histoire, c'est qu'on connaît
jamais la taille de la blessure que les gens ont dans le coeur, ni ce à quoi ça peut les mener, quand l'occasion se présente.

Je pense à toi Demon Copperhead, dans le jour déclinant. A ce que tu as dû endurer. Personne n'a le droit de souffrir autant. Plus je te lisais, plus je m'attachais, tu penses bien. Tu es un garçon extraordinaire, plein de ressources, de qualités diverses, et j'aime tellement te voir découvrir la vie avec ta sensibilité à fleur de peau. Dis-moi comment j'aurai pu faire autrement que de me passionner pour ta franchise et tes aventures? Comment ne pas voir ton potentiel inouï, et le don qui t'es propre? Mais plus, j'avançais dans ces pages, plus mon coeur se déchirait. Je sais que le quotidien d'un enfant placé, est difficile. Mais ma peine n'a fait que grandir, me submerger. A force je n'y arrivais plus. Je ne pouvais pas te laisser, mais mon hypersensibilité ne gérait plus le raz-de-marée. On n'a pas cessé de tuer ton innocence, ta joie, tes perspectives. Tu n'étais qu'un enfant, bordel. Et un enfant n'a pas à se confronter à la violence, à la drogue, à la faim. Cette indifférence de tous, m'a anéantie. Personne ne voyait, personne ne faisait rien, personne ne te protégeait. Que ce soit les figures parentales, les services sociaux, le corps médical, personne n'a bougé le petit doigt. Tout le monde a laissé faire. Ce n'est même pas qu'une histoire de pèquenauds, mon cher Demon, c'est le Mal qui a agit à tes dépens. le mal comme le décrit Einstein, celui par lequel il peut proliférer puisque il y en a qui l'observe sans rien faire. Ce n'est pas toi, le déplorable, c'est eux. C'est cela qui est déplorable. Ce qui m'est vite devenu insupportable, c'est leurs déplorables inactions…

Certains appellent ça addiction. D'autres disent amour. Où est la frontière?

J'aime beaucoup ces deux A, qui foutent bien de dégâts dans nos vies. Et on peut dire que la vie, encore, ne t'a pas gâté, Diamant. Elles t'ont toutes les deux tenues par la main, et t'ont emmené bien loin. Il n'y a pas de frontière qui tienne, face à ces deux-là! Elles t'ont jeté dans le gouffre, et tu ne t'ai même pas beaucoup débattu, faut dire, avec tes yeux de jeune premier. Diamant, l'amour et l'addiction se sont ligués contre toi. Pour le meilleur et pour le pire. Mais il faut bien que tu comprennes encore une fois, que ce n'est pas qu'une affaire personnelle, ce n'est pas qu'une blessure transgenerationnelle, non. C'est une plaie systémique. le pus de la société américaine qui s'est gangrené dans le marasme et le silence, mais que Barbara Kingsolver remonte à la surface, avec une grande lucidité et fait resurgir de ses profondeurs infernales. La crise des opioïdes ronge les États-Unis, mais elle ne sera pas la seule, évidemment. Et ce roman social, magistral, nous offre un panorama bien sombre des douleurs visibles et invisibles qui ravagent, inexorablement, la population et, surtout, les plus démunis…

Quels mots est-ce que je peux bien écrire ici pour que les yeux voient et croient?

Pour moi, c'est bien suffisant, Barbara. Pour moi, c'est un chef-d'oeuvre que tu nous offres là. J'ai tout vu et je te crois, quand tu me parles d'inégalités, de mépris, de tragédies. Je vois bien l'effet miroir avec Dickens, et je crois en ton talent. Je vois tout de la beauté que tu as mis en Demon Copperhead, et je crois que ce personnage va traverser le temps, survivre à l'oubli comme son homologue. Quels mots, je pourrais mettre de plus, que exceptionnel. Fulgurant. Magnifique. Bouleversant. Puissant. Coup de coeur phénoménal. Quels yeux le verront, et qui me croira quand je dis, que c'est sans doute, le meilleur livre de l'année, de la décennie, du siècle? Je vais faire voler tout ça sur un cerf-volant en espérant qu'il atteigne l'autrice…
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STOP ! Arrêtez tout ! Foncez vous le procurer et plongez dans ce roman FANTASTIQUE !
Oui, je pèse mes mots ! C'est mon coup de coeur de l'année.
J'ai pleuré, j'ai ri, j'ai pesté, j'ai vraiment vécu cette lecture.
Le personnage de Demon vous habite et vous obsède.
Le roman reprend les thèmes de la dureté de l'Amérique des laissés pour compte. Avec un focus sur l'incapacité des services sociaux, la crise des opioïdes et la pauvreté.
Vous me direz : " c'est pas le premier roman qui traite ces sujets !!!" Et vous avez raison ! Mais ici c'est différent. L'auteure (pédagogue en plus) sait vous mener tout au long de la jeunesse de son héros avec talent, finesse et poésie !
Je suis conquise et je vous recommande VIVEMENT d'essayer cette merveille !
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Barbara Kingsolver est décidément une conteuse hors pair. Elle le prouve une nouvelle fois avec « On m'appelle Demon Copperhead », Prix Pulitzer 2023, un roman qui vous happe pour ne plus vous lâcher malgré ses six cent vingt pages.
« Je me suis mis au monde tout seul » confie le narrateur né « d'une gamine de dix-huit ans […] vautrée dans sa pisse et ses cachetons ».
Le gosse grandit dans un mobil-home auprès de sa mère junkie et alcoolique qui meurt d'une overdose. de son père melungeon disparu il a hérité la peau mate, la tignasse rousse et les yeux verts.
Le comté De Lee, coin de Virginie situé dans les Appalaches, où se déroule l'histoire est un repaire de rednecks, des bouseux oubliés des gouvernements successifs.
En faisant le récit poignant d'un garçon de sa naissance à son entrée dans l'âge adulte, « On m'appelle Demon Copperhead » est un roman d'apprentissage qui, sans misérabilisme, avec une grande justesse de ton entre trivialité et poésie ainsi qu'un humour désabusé, souligne la force des déterminismes sociaux dans la construction d'une personnalité.
Mais malgré les maltraitances, les obstacles et les plongées dans la drogue, Demon, avec son intelligence, son talent pour le dessin, des rencontres providentielles et des rêves qu'il pense parfois trop grands pour lui, fera preuve de résilience pour s'extraire d'un destin tout tracé.
En transposant le « David Copperfield » de Charles Dickens à notre époque, Barbara Kingsolver fait le portrait d'une communauté de laissés-pour-compte du rêve américain qui trouve l'oubli dans les opioïdes distribués en toute légalité par le système de santé américain.
Cent mille personnes en meurent chaque année.
Glaçant !

EXTRAITS
Ce paradis pourri où tous les maux du monde avaient élu domicile.
Nous les gens des collines on était les souffre-douleurs de l'Amérique.
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Demon Copperhead ou Damon. Petit garçon né sur le sol crasseux d'un mobil-home d'une mère junkie et d'un père, décédé. Demon est très tôt balloté de familles d'accueil en familles d'accueil. Ce roman aurait pu être larmoyant, rentré dans une certaine forme de pathos, mais il ne l'est pas. Et c'est cela aussi qui fait la force de ce roman. Demon est un petit garçon qui, très vite, va apprendre ce qu'est la résilience, le courage. Confronté à la mort et à la violence des gens qu'il aime le plus. Tout cela va le faire grandir plus vite, lui faire prendre conscience de l'âpreté de la vie. Sur sa route, des rencontres aussi lumineuses que ténébreuses, des hommes et des femmes qui vont lui tendre la main ou malheureusement le pousser à faire des choix qui n'auraient pas eu lieu d'être. Critique d'une société américaine et de ses grands groupes pharmaceutiques. Vendre la mort en cachet. Pourtant, ici, dans ce livre, tout repose sur l'espoir, l'espoir d'avoir une vie meilleure, l'espoir que les choses soient meilleures. Être quelqu'un d'autre que ce que l'on nous a assigné à la naissance, ne pas faire cas de notre passé, si douloureux soit-il, pour évoluer, être tout autre. Tomber pour mieux se relever. Gravir les échelons. Toujours plus haut, toujours plus loin. 
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Un roman d'un réalisme tétanisant, aux catastrophes annoncées par le narrateur, un jeune Américain qui raconte ici son enfance misérable, digne d'un roman de Dickens (d'ailleurs cité en remerciements) et pourtant des années 1990, puis son adolescence chaotique, entre un beau-père violent, des familles d'accueil qui le font travailler dès l'âge d'11 ans, et des moments de grâce qui l'amènent presque à la célébrité sportive, jusqu'à l'âge adulte et ses morts accidentelles ou provoquées par la drogue. le roman nous fait voir aussi la mécanique terrible de l'addiction à l'Oxy, le quotidien de ces toxicos que l'Europe ne connaît pas dans la même mesure. Peut-être le ton ressemble-t-il à d'autres romans sociaux à la première personne récents, mais ça n'en enlève pas sa force.
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Je referme le dernier roman de Barbara Kingsolver après trois jours d'une lecture vive et frénétique. Je quitte des amis; Damon et Angus, je quitte un Papé et une Mamée et autant de ploucs que je ne pourrais jamais oublier… J'ai versé ma petite larme à la 605ème page, non pas parce que cette dernière est triste mais parce que j'ai dit adieu à un monde si réel et si touchant!

J'ai rencontré Barbara Kingsolver il y a plus de vingt ans; par son Arbre aux Haricots et je vous jure que la petite Turtle est restée gravée dans ma mémoire depuis tout ce temps. Parce que là est la force de Barbara, elle donne vie à des personnages d'une réalité à la fois fine et puissante. Des personnages d'une subtilité folle qui ne peuvent que prendre vie dans votre coeur. Damon Fields alias Demon Copperhead est de ceux là; des amis de papier, pour l'éternité.
La vie de Demon est atroce, de bout en bout. Pas spécialement sa vie, non: la vie de la majorité des habitants de Lee County, comme celle des habitants de Virginie, comme celle de toute la classe pauvre des États-Unis. On en a déjà noirci des pages et des pages sur ces ploucs, ces Redneck, bouseux du Sud. On en rigole, moqueur ou sympathisant mais, toujours, on en rigole. Et là, soit vous prenez en pleine face la réalité crasse de leur (sur)vie, soit vous lâchez tous vos apriori pour accueillir une empathie sincère envers ces laissés-pour-compte. A aucun moment vous ne vous apitoyez; parce que la force de Barbara Kingsolver est de conter la misère sans faire de misérabilisme. Elle parle de pauvreté, de drogue, d'alcoolisme, de solitude, d'ignorance, de violence, d'abandon, de détresse, d'échec sans jamais, ô grand jamais, tomber dans les clichés, le jugement et la commisération. Parce que Demon est d'une lucidité incroyable, qu'il a un coeur gros comme l'océan et qu'il ne se cherche même pas d'excuse; il vit sa vie avec son lot de misère comme toute cette classe sociale de la débrouille.
Toutes les critiques littéraires vous parlerons de Dickens et Barbara Kingslover elle-même le remercie en fin d'ouvrage. Moi je ne l'ai pas lu alors je m'abstiens de comparer mais je vous assure qu'on vibre à chacune des pages de Demon Copperhead sans connaitre David Copperfield. Parce que si Charles sait conter et défendre les miséreux, Barbara n'est pas en reste. Grace à la lucidité et l'âme d'enfant de son Demon, elle ajoute une humanité, une tendresse, une force vive à toute une population ravagée par la dureté injuste de la vie!

Barbara Kingsolver réussit autre chose dans son roman; elle souligne qu'on peut être fier d'être un bouseux, un cassos, un plouc. Demon Copperhoad est le roman des gens du Sud, le roman des Appalaches, le roman des petites gens qui n'ont pas à rougir de leur culture, leur solidarité, leur savoir et qu'ils sont bien plus que la caricature qu'on s'acharne à faire d'eux. Peux-être parce que je suis Valaisanne, j'ai été profondément touchée par cet aspect. Là encore, Barbara est d'un subtilité folle; elle ne brandit pas d'étendard, elle souligne simplement les faiblesses et les forces de toute une communauté.
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Damon n'est pas entré dans la vie avec les meilleurs cartes en main. Fils d'une mère toxicomane et alcoolique, il grandit dans un mobilhome perdu dans l'Amérique profonde, celle du charbon et de la drogue – celle des pèquenauds, et fiers de l'être. Malgré l'aide bienvenue de la famille Peggot, le petit Damon, vite surnommé Demon Copperhead, grandit dans une instabilité chronique, d'autant plus problématique quand sa mère se remarie avec un type imbuvable qui commence rapidement à la battre. Sans vous dévoiler toute l'intrigue, largement calquée sur celle de David Copperfield dont ce livre est une réécriture, disons que Damon va continuer à aller de galère en galère, tentant régulièrement de prendre son destin en main mais ne récupérant que des claques en retour. Un bon gamin, somme toute, qui essaie globalement de s'en sortir, mais qui devra fournir trois fois plus d'effort que n'importe qui, vu comme il part de loin.

Je n'avais jamais entendu parler de Barbara Kingsolver avant de lire ce roman, et je dois dire que maintenant, j'ai bien envie de découvrir d'autres titres de cette autrice. Incroyablement bien écrit, Demon Copperhead nous transporte totalement dans l'univers très particulier de ces zones oubliées des Etats-Unis où le rêve américain est allé mourir au fond d'une mine et tout le monde essaie de l'oublier à coup d'opioïdes plus ou moins légaux. Malgré tout, c'est un petit pays de Cocagne pour un gamin qui grandit libre comme l'air, à aller patauger dans la boue avec son copain Maggot, à courir dans les bois et à faire des bêtises en pleine nature. Qui voudrait quitter cet eldorado ? Alors Damon reste, revient, s'accroche à cette contrée qu'il aime malgré tout, et essaie de tirer son épingle du jeu.

Il y arrive presque à un moment donné, il prend sa revanche sur la vie mais finalement rien ne dure jamais, il se retrouve de nouveau au fond du trou, et la dégringolade n'en est que plus violente. C'est finalement ça l'histoire de Demon Copperhead, que Barbara Kingsolver nous raconte magnifiquement bien : un gamin qui se casse la gueule et qui se relève, encore et encore, grâce à quelques personnes bien intentionnées dans son entourage, un gamin qui, malgré toute la merde qu'on lui a déversé sur la tête toute sa vie, tente d'être quelqu'un de bien, autant qu'il le peut. C'est assez beau, même si c'est triste la plupart du temps, et ça fait un roman incroyable.
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Version moderne du roman de Charles Dickens, David Copperfiled, l'histoire de Demon Copperhead se situe dans les Appalaches et nous plonge dans l'histoire miséreuse d'un garçon né sur le sol d'un mobile home d'une mère junkie et d'un père décédé. La vie ne se montrera pas très clémente. Malgré des personnes proches et aimantes dans son enfance, il enchaînera les situations faisant de son existence une voie paraissant sans issue. Ballotté entre les familles d'accueil il garde malgré tout l'espoir que la vie va lui sourire.

L'histoire se déroule dans un contexte contemporain et de misère sociale. Kingsolver ne recule devant aucun sujet et nous confronte à la dure réalité de la vie dans les Appalaches et d'un de ses thèmes de prédilection : l'injustice sociale. Elle nous plonge aussi dans l'enfer des opioïdes et des ravages que cette crise a entraînés. J'ai été marquée par les mots, le vocabulaire, à la hauteur de la pauvreté omniprésente et de l'injustice sociale. le langage est cru, horrifiant, et surtout réaliste. L'auteure est sans tabou et n'a pas peur de parler de violence, de drogue, de sexe avec un réalisme impressionnant. Ses mots traduisent la tristesse et la violence. La vérité que nous livre le narrateur traduit sa lucidité sur sa situation et ses perspectives d'avenir malgré la volonté du narrateur d'échapper à son destin.

« Je voulais raconter l'histoire de mon lieu et de mon peuple : les habitants des Appalaches du Sud » dit Barbara Kingsolver ((interview pour ActuaLitté 21 janvier 2023) et pour cela elle a obtenu le prix Pulitzer de fiction 2023 et a remporté le prix féminin de fiction 2023.
J'ai beaucoup aimé ce livre, j'ai rarement lu un livre qui ose mettre des mots sur une vérité de façon aussi poignante aussi bien sur la pauvreté que les opioïdes. Cela aurait été un véritable coup de coeur si le deuxième tiers du livre avait été moins long.
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