La guerre du bluff est éternelle

À l'occasion d'une intervention devant les stagiaires de la promotion «général de Gaulle» de l'École de guerre, le ministre de la Défense de l'époque, Alain Juppé, invite les officiers à «imaginer non pas une, mais dix surprises stratégiques, [...] que les militaires ont le devoir de proposer aux plus hautes autorités politiques de notre pays.» Dans son allocution solennelle, le ministre cite l'exemple du parrain de la promotion : «Le caractère de contingence propre à l'action de guerre, écrivait le général, fait la difficulté et la grandeur de la conception. Sous une apparence de sommaire simplicité, elle offre à l'esprit humain le plus ardu des problèmes, car, pour le résoudre, il lui faut sortir des voies ordinaires, forcer sa propre nature (Le fil de l'épée).» Et le ministre insiste sur son idée maîtresse : «Sachez, vous aussi, sortir des voies ordinaires pour mener une réflexion originale et audacieuse

L'illusion croît et atteint son sommet pour laisser place à une attaque en force. Un coup faux, un coup faux, un coup vrai.

L'histoire est particulièrement riche en coups de bluff, également qualifiés de péripéties d'audace. Cet ouvrage a fait le choix de porter l'attention sur certains cas caractéristiques. Mais avant de remonter aux sources de cette technique lumineuse de la duperie, il convient de rapporter une scène qui s'est déroulée à l'École militaire à Paris le 20 janvier 2011.