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EAN : 9782348059346
1200 pages
La Découverte (28/09/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
« La révolution est terminée. » À la fin du siècle dernier, la formule a fait date. Mais rien n’était plus faux. Il suffit, pour s’en convaincre, de déplacer le regard hors des régions occidentales, à Tunis, Alger, Hong Kong ou Téhéran. Étendre dans l’espace mais aussi dans le temps, bien avant le XVIIIe siècle, l’enquête sur les révolutions, en montrer les dynamiques transnationales, les échos, les reprises, les « modèles » comme les singularités, telle est l’ambit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette "Histoire globale des révolutions" est remarquable à plus d'un titre. Par son volume: 1200 pages bien tassées rédigées par des auteur·es remarquables et cosmopolites. Par son ambition de couvrir l'ensemble du globe et une période historique très large enfin.
Comme souligné dans l'introduction, il importe de considérer les révolutions comme des événements qui, pouvant être rares et exceptionnels, ne peuvent être réduits à cette unique définition. Les révolutions sont en effet plurielles et sédimentées, et il importe de pouvoir donner la parole à leur protagonistes (qui peuvent porter un regard situés sur ces moments) pour en donner la meilleure définition, d'autant plus que le risque est grand de tomber dans un occidentalo-centrisme lorsqu'il s'agit de comprendre ce qui a ébranlé ces sociétés. Afin de pouvoir comparer les révolutions entre elles par contre, il importe de montrer, derrière la singularité et la diversités, les mécanismes élémentaires communs et leur inscription dans une certaine temporalité.
En partant de cet objectif de dresser cette histoire mondiale, les différents chapitres de cet ouvrage nous entrainent aux quatre coins du monde, apportant un regard diachronique autant que synchronique permettant d'éclairer des moments révolutionnaires connus mais également moins connus. On y remonte jusqu'aux révolutions athéniennes, en passant par les révolutions médiévales ou les révolutions amérindiennes des 16ème et 18ème siècle. L'accent est ensuite mis sur les "constellations" de révolutions, les auteurs entendant par là l'influence qu'il peut y avoir d'un événement à l'autre, parfois aux deux extrémités de la planète, par "circulations révolutionnaires. Il s'agit de cette manière de mettre en avant les proximités, connexions, résonances et discordances et montrer que les mouvements révolutionnaires se font écho même lorsqu'ils sont éloignés dans l'espace. La dernière partie de cette Histoire monumentales évoque les conditions et commencement de ces révolutions, montrant notamment les conditions démographiques ou environnementales menant à des révolutions, mais aussi l'importance des affects, sensibilités et émotions en révolutions. Il est y mis en avant les subjectivités (femmes, race, paysanneries). Il est également question des "cosmologies" révolutionnaires et de la pensée qui forge l'esprit révolutionnaire, là où il est, pensée ancrée dans le contexte local. le rôle de l'art en révolution n'est pas laissé de côté, en abordant notamment sa circulation et le rôle de la circulation des arts dans la contamination révolutionnaire, mais aussi, à l'inverse le rôle des révolution dans l'effervescence artistique. L'économie des révolutions, l'étatisation, la violence, la république et le nationalisme sont également traités, de même que l'échec de certaines révolutions.
En conclusion, les auteur·es insistent sur la "géographie nouvelle et mondiale" que l'ouvrage a dessiné et la pluralité de langues et formes qu'ont pris les révolutions.
Les auteur·es terminent en citant David Graeber, anthropologue nord-américain, qui était aussi activiste dans le mouvement altermondialiste des années 2000, et qui avait proposé, dans un essai intitulé revolutions in Reverse (« Les révolutions à l'envers »), une nouvelle vision de ce que pouvait être une révolution au xxi siècle compte tenu de l'héritage révolutionnaire des siècles précédents? : « Il est fort possible que nous nous dirigions vers un moment ou peut-être une série d'événements révolutionnaires, écrivait-il alors, mais nous n'avons plus aucune idée claire de ce que cela peut signifier. [...] Pourquoi l'idée d'une transformation sociale radicale semble-t-elle si souvent "irréaliste" ? Que signifie la révolution lorsque l'on ne s'attend plus à une rupture unique, cataclysmique, avec des structures d'oppression? ? » En réponse à ces questions, Graeber invitait les révolutionnaires à se détacher des conceptions exclusivement insurrectionnelles de la révolution qui ont dominé l'histoire. Elles subordonnent, déplorait-il, l'exercice de l'imagination populaire au renversement préalable de l'État par la violence. Il en résulte que le problème légué par le siècle dernier serait de savoir comment institutionnaliser la créativité collective sans produire, dans le même mouvement, des structures au moins aussi aliénantes et violentes que celles qui auront été abattues.


Une histoire globale des révolutions
Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre, Eugénia Palieraki
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critiques presse (3)
LHistoire
14 décembre 2023
Cet ouvrage permet de réintroduire les luttes et les conflictualités au cœur d'une histoire mondiale souvent lénifiante.
Lire la critique sur le site : LHistoire
Bibliobs
30 octobre 2023
Une magistrale « Histoire globale des révolutions » interroge les constantes et variations de cet événement mystérieux, à travers les époques et les continents.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesInrocks
26 septembre 2023
Tout l’enjeu du livre, nourri d’analyses de plus de 70 chercheur·euses, repose moins sur la volonté naïve de fétichiser la Révolution que de mesurer la réalité de son existence concrète et pérenne.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans un tout autre contexte, au milieu des années 1990, lorsaue l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), dans le Chiapas mexicain, s'est approprié l'imaginaire de la révolution mexicaine de 1910, elle a montré que les révolutions ne font pas seulement naître de nouveaux imaginaires politiques mais qu'elles peuvent elles-mêmes devenir des imaginaires pour d'autres mouvements sociaux et révolutionnaires ultérieurs. Emiliano Zapata, jeune leader de la révolte paysanne qui avait émergé à côté de la révolution libérale de Francisco Madero, avait exigé en 1911 la restitution des terres agricoles collectives de tradition indienne (ejidos) offertes sans compensation aux grands propriétaires terriens dans les années 1890 et 1900? Le slogan « Tierra y libertad » (Terre et liberté), lancé initialement par Emiliano Zapata, qui reprenait lui-même les mots de l'anarchiste Ricardo Flores-Magón°, a été intégré dans les onze revendications des zapatistes du Chiapas. Ces derniers s'inscrivaient dans une longue tradition de luttes indigènes pour le droit de la paysannerie à la terre et contre la discrimination des peuples indigènes. Avec des slogans tels que « Zapata vive, la lucha sigue » (« Zapata vit, la lutte continue ») ou l'apparition de l'ancien chef de l’EZLN, le sous-commandant Marcos à cheval, le torse ceint de cartouchières, rappelant l’apparence physique de Zapata, les zapatistes ont, depuis leur soulèvement le 1er janvier 1994 contre l’entrée en vigueur de l’Accord de Libre Échange nord-américain, construit un lien symbolique fort avec la révolution agraire mexicaine.
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Dans un texte sobrement intitulé La Révolution, publié en 1907 en réaction à la Révolution russe de 1905, le penseur anarchiste allemand Gustav Landauer écrivait que « [tout regard
qui plonge dans le passé ou le présent des groupements humains est un acte qui porte sur l'avenir et construit cet avenir' ». Si un bilan pouvait être dressé à partir d'une histoire des révolutions, pensait-il, ce serait aussi pour éclairer les temps futurs et contribuer à les bâtir. La proposition est audacieuse. Elle n'est pas dénuée non plus de périls. Parmi ceux-ci, une part non négligeable doit être faite au poids des idées convenues et des idéologies contre-révolutionnaires qui obscurcissent le regard porté sur les soulèvements du passé. Les mythes révolutionnaires, le mythe de la révolution lui-même, ne font toutefois pas moins obstacle. Voilà sans doute pourquoi, dans leur célèbre Manifeste communiste de 1848, Marx et Engels invitaient leurs partisans français en particulier, à « ne pas renoncer au droit de garder une parfaite indépendance critique devant les phrases et les chimères qui proviennent de la tradition révolutionnaire? ».
L'histoire globale et connectée n'est au fond qu'une variante de l'esprit critique qui est au cœur du métier d'historien. Quel sort cette forme singulière d'enquête fait-elle aux phénomènes révolutionnaires ? Que révèle l'examen des liens et des échos entre révolutions d'une même époque et entre rébellions massives de périodes différentes ? Peut-on, doit-on en tirer des leçons générales? Au moment de clore cet ouvrage, ces interrogations sont inévitables.
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Ouvrons grand les yeux puisque c'est de cela qu'il s'est agi dans ce livre. Voici qu'apparaît une foule cosmopolite et plurielle de protagonistes nouveaux qui s'assemblent dans un même espace alors qu'ils et elles vivaient sans mémoire commune et dans des livres d'histoire séparés. Rien ne servirait d'en citer quelques-uns lorsque l'index qui suit en montre la variété et l'ampleur. Retenons simplement ceci : tout un peuple de révolutionnaires connus et méconnues, composé de millions d'individus, et pas seulement de quelques meneurs, a habité l'histoire en s'affranchissant des pouvoirs comme des assignations. Certaines et certains de ces citoyens de la révolution sont, certes, restés dans leurs frontières, voire dans leur localité, leur nom et leurs actions s'inscrivent dans un cadre national. D'autres, très nombreuses et nombreux, se sont exilés et ont été proscrits à un moment de leur vie. Ils et elles préparaient hors de leur sol une insurrection à venir quand ils et elles ne pansaient pas les plaies d'une défaite inconsolable. D'autres, encore, furent ces infatigables « passeurs de révolution » dont nombre des pages de ce livre ont rappelé la mémoire et qui circulaient volontairement entre les pays en vue d'informer ou de former de nouveaux milieux politiques d'opposants.
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Vidéo de Ludivine Bantigny
Ludivine Bantigny & Quentin Deluermoz vous présentent son ouvrage "Une histoire globale des révolutions" aux éditions La découverte. Entretien avec Rémi Monnier. En partenariat avec Sciences Po Bordeaux et Sud Ouest.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2916021/une-histoire-globale-des-revolutions
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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