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3,5

sur 1119 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour décor : un restaurant de luxe à Amsterdam. Le menu classique : apéro, entrée, plat, dessert, digestif. Ce sera aussi le menu du roman. Au fond de la salle, deux couples sont attablés. Les deux hommes sont frères. Serge est un politicien très connu, Paul est Monsieur « tout-le-monde » et sera le narrateur.
Le feu d'artifice peut commencer. Paul, particulièrement aigri, semble agacé par tout et surtout par son frère. Sa description ironique du restaurant et de son gérant vaut le détour. Il faut préciser que la quantité de nourriture servie est inversement proportionnelle au prix demandé. Heureusement pour le déroulement du repas, Paul garde le plus souvent ses réflexions pour lui…et pour le lecteur.
La tension monte petit à petit et l'on devine pourquoi quand Serge annonce qu'il est temps de parler de leurs fils respectifs. Ce doit être au moment où arrive le plat principal que tout dérape et que les personnages se dispersent : la femme de Serge s'en va pleurer aux toilettes et Paul, qui a eu son fils en ligne, lui donne rendez-vous devant le resto.
Là je me suis senti frustré : j'aurais aimé que les discussions se poursuivent à table, dans un crescendo de plus en plus surprenant. Mais non, le dîner semble interrompu et l'auteur en profite pour nous servir plusieurs flash- back le concernant. C'est le seul reproche que je ferais à ce roman : le rythme est cassé, comme l'est le déroulement du dîner, qui reprend toutefois au dessert.
A ce moment, le lecteur a compris pourquoi les parents s'inquiètent. Les méfaits des deux cousins n'ont été dévoilés que par bribes, ce qui a contribué à entretenir un fameux suspense. La fin du repas est agitée et pourrait sembler amorale.
Pour moi, ce roman n'est ni noir ni choquant. L'auteur s'est défoulé avec son cynisme et son humour habituels (cf. « Cher Monsieur M. ») pour raconter une histoire un peu surréaliste. Mais il ne faut pas y voir une approbation de l'indifférence des parents devant l'impensable, ni y rechercher un sens caché : il suffit de se laisser emporter par le style grinçant de ce roman original.
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Comme souvent, j'arrive après la bataille sur ce livre dont je n'avais je l'avoue jamais entendu parler (je lis surtout de la littérature nord-américaine). Heureusement mes copines du Picabo River Book Club - dédié à la littérature nord-américaine mais nos conversations dévient parfois - me l'ont conseillé et qu'elles ont bien fait !

J'ai bien fait de mon côté de ne pas lire la 4e de couverture qui, comme bien souvent, en dit trop.
Le narrateur, Paul, semble être un homme comme je les aime. Simple, direct, chaleureux, très épris de sa femme, Claire, qui semble être elle aussi une belle personne.
En plus, Paul a un humour grinçant - et ça j'adore - : il porte un regard caustique sur le monde qui l'entoure : son frère Serge, pressenti pour être le futur Premier ministre des Pays-Bas, qui semble un type prétentieux et imbuvable, sa belle soeur, la sublime Babette, qui n'a pas inventé la poudre et, au-delà d'eux, la bonne société néerlandaise, figée et compassée, qui est ravie de réserver 3 à 6 mois à l'avance une table dans un restaurant où les portions sont inversement proportionnelles aux prix pratiqués...

Justement, Paul et Claire ont rendez-vous avec Serge et Babette dans l'un de ses restaurants chichiteux. Serge, lui, a réservé le jour même car au regard de sa place dans la hiérarchie sociale, les contraintes des autres ne s'imposent pas à lui. Non mais !

Au départ, le roman fonctionne comme une excellente satire sociale, avec un humour qui ne déplairait pas à un anglais (ni à la fan de David Lodge que je suis). La description du rituel de présentation / description des plats par le gérant, aussi pompeux que service face à Serge est juste à se tordre.

Oui mais voilà, l'objet du dîner est de parler des enfants - qui ont fait une grosse bêtise - Paul Le sait car il avait des soupçons sur son fils et a fouillé dans son portable avant de partir au restaurant. Il n'a pas osé encore en parler à sa femme, encore moins à son fils.
Qu'a donc fait Michel avec ses cousins, Rick, le fils biologique de Serge et Beau, son fils adoptif qui vient d'Afrique - que Serge a, c'est bien dans son caractère, adopté pour soigner son image ?

À partir de là, outre une satire sociale, le livre devient aussi un excellent roman noir à la tension intenable... Outre de savoir ce qu'ont fait les enfants - ce qu'on apprend assez vite -, tout l'intérêt porte sur la réaction des deux couples face à l'acte de leurs rejetons. Les personnages qui semblaient limpides pour nous sont bien plus complexes qu'il n'y paraît, les surprises ne manquent pas mais tout est logique, super bien tenu, au cordeau et tout cela dans une atmosphère de quasi huit clos irrespirable. Tout est super bien amené et le lecteur n'a jamais l'impression d'être pris pour un abruti (cela fait du bien). le livre distille des révélations sur des moments de vie des deux familles, l'air de rien et le ton détaché de Paul fonctionne très bien.

Un excellent roman donc, à lire quand on un peu de temps devant soir car il s'avère très vite impossible à lâcher. Deux précisions pour les lecteurs qui hésitent encore :
- Je n'aime pas (normalement) les romans qui ne choisissent pas leur camp et mêlent deux genres. Et bien celui ci y réussit à merveille. Quand la tension est à son comble, revoilà l'insupportable gérant et son interminable rituel de présentation des plats qui décale la conversation sur l'acte commis par les fils et fait monter la tension d'un cran...
- C'est noir, très noir. Nous ne sommes pas chez les bisounours c'est sûr mais au-delà d'une lecture addictive, le diner interroge sur nos sociétés et nos propres comportements.
Si ma découverte est tardive, je vais maintenant me rattraper à vitesse accélérée (excellente traduction d'Isabelle Rosselin)
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Deux frères et leurs épouses se retrouvent au restaurant pour discuter ensemble de leurs enfants. Il nous est rapidement suggéré que ces derniers ont fait quelque chose de répréhensible voire de grave, mais nous ne savons pas encore quoi, ni à quel point ; Les révélations nous sont faites au compte-gouttes, en suivant les pensées du personnage principal, jusqu'à la fin où tout s'imbrique. Ainsi, à chaque étape du repas, nous en apprenons un peu plus sur cette famille et ce qui les inquiète. Nous nous demandons ce qu'ont fait les enfants, bien sûr, et qui est responsable de leur attitude ? Mais la raison de ce dîner est surtout de déterminer ce que doivent faire les parents à présent : Doivent-ils dénoncer leurs propres enfants et leur faire assumer publiquement la responsabilité de leurs actes, ou bien doivent-ils leur permettre d'oublier pour continuer à vivre, au détriment de leur victime ? Telles sont les questions dérangeantes que pose cette lecture et dont j'ai adoré découvrir les dessous, les dilemmes et les réponses choisies !


****

J'ai aimé à la fois l'audace du sujet choisi par l'auteur (actuel, intéressant), ainsi que la manière (jubilatoire et originale) dont il est amené, raconté et débattu par les personnages. Si je devais émettre un bémol à cette lecture, il concernerait ce qui est occulté dans cette problématique : La punition familiale à infliger aux enfants pour leur faire comprendre qu'un comportement répréhensible ne saurait être cautionné et ne doit jamais se reproduire (explication sérieuse, privation de sorties, corvées etc…). Son absence m'a quelque peu choquée, même si l'on sent bien la tension et la volonté des parents de ne pas braquer leurs enfants, afin de conserver leur confiance. Bien que ce ne soit peut-être pas l'objet du livre, cela peut s'expliquer également par la différence de tradition éducative plus permissive des Pays-Bas (pays de l'auteur) par rapport à la France… Ainsi, soit qu'il ait souhaité éviter le débat, soit que l'absence de punition semble normale à l'auteur, cette abstraction paraît s'expliquer.


Néanmoins, ayant lu son second roman « Villa avec piscine » avant celui-ci, il me semble entrevoir comme thème récurrent que le fait de se faire justice soi-même puisse être une option acceptable et juste, que certaines personnes ne méritent pas de vivre (sorte de peine de mort officieuse tolérée), et que la protection de la chair de sa chair justifie absolument tous les comportements… – c'est en tous cas ce que semblent penser les héros respectifs des deux romans de l'auteur, sans que l'on ne puisse pour cette seule raison attribuer ces propos à l'auteur…Est-ce une critique de la permissivité ou au contraire son apologie ...?


Si la lecture de l'un seulement des romans d'Herman Koch peut paraître légèrement immorale, la lecture des deux pose la question du le point de vue de l'auteur, qui paraît flirter avec des personnages borderline – peut-être simplement dans le but d'explorer l'âme humaine… ? Il est vrai que ses personnages ont toujours une excuse dans chacun de ses romans : Une mystérieuse maladie dans le premier, une situation ambigüe dans le second. Cependant, cela légitime-t-il un tel point de vue… ? A la place des parents de l'un quelconque de ces deux romans, que ferions-nous ? La provocation récurrente de l'auteur nous incite à y réfléchir sérieusement, et cette atmosphère si particulière fait probablement, en partie au moins, son succès.


« le dîner » est donc un roman qui nous tient par la curiosité, dérangeant pour le message qu'il véhicule, mais jubilatoire pour son mode de narration et les réflexions qu'il impose. Il est actuel, cohérent (à part peut-être le lieu si peu discret choisi pour une telle discussion), original par sa forme et humainement intéressant au fond ("jusqu'où peut-on aller pour protéger sa progéniture ?" sera également la question abordée dans « villa avec piscine »). Aucun superflu ne vient gâcher l'ensemble, et l'auteur parsème son roman de remarques pertinentes sur la vie et les gens, ce qui compense le côté politiquement incorrect de certaines idées. J'ai donc grande hâte de lire le prochain roman que cet auteur voudra bien nous faire l'honneur de publier !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Très bon roman, bien enlevé. Deux couples dont les maris sont frères se retrouvent au restaurant. L'un d'eux est politicien. le roman s'égrène tout au long du repas. Mais s'ils sont là, c'est en réalité pour parler de leurs enfants et de ce qu'ils ont fait. L'auteur sauve d'une pirouette les Pays-Bas bien pensants pour que le lecteur n'aille pas imaginer que cela pourrait se reproduire dans toutes les familles. Et cette pirouette lui enlève, à mon estime, le coup de coeur cinq étoiles que sans cette facilité, il aurait eu.
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Paul professeur d'histoire en disponibilité est le narrateur de ce roman, il est marié à Claire avec qui il a un fils, Michel, âgé de 15 ans. Paul a un frère qui est en passe de devenir le prochain premier ministre des Pays-Bas, lui aussi est marié et père de trois ados dont un adopté originaire du Burkina Faso. Un soir les deux couples se donnent rendez-vous dans un restaurant de renom. le genre de restaurant où il faut réserver trois mois à l'avance pour avoir une table, où tout est hors de prix malgré des assiettes pour ainsi dire vide, où le service n'en fini pas parce que le serveur détaille l'origine de chaque ingrédients, bref le genre d'endroit qui agace pompeusement le narrateur, Paul. Sans compter que son frère se fait attendre, que toute l'attention lui est réservée et qu'il veut gérer la conversation qui fait qu'ils sont tous réunis ce soir. A savoir, trouver la bonne solution pour faire face au forfait innommable que leurs garçons ont commis. Pour l'instant seul les parents ont reconnus leurs ados sur la vidéo, mais les autorités recherchent les coupables, et le futur premier ministre envisage de renoncer à sa carrière pour dénoncer les enfants et faire face à ses responsabilités de père. Mais son frère Paul ne l'entend pas de cette oreille, dès le début du repas, on ressent l'animosité dont il est habité vis-à-vis du restaurant, du service, de son frère, de son travail, de ses élèves, de ses collègues, de la société toute entière. Seuls sa femme et son fils semblent cautionner tout ce qu'il dit et fait. On assiste impuissant à un déballage de faits et gestes révoltants, le malaise s'installe et va grandissant jusqu'à la fin du roman. J'avoue avoir eu un peu de mal au début, ne comprenant pas où l'auteur voulait en venir, souvent mal à l'aise face au comportement de ce père. Puis au fur et à mesure des révélations du narrateur, on essaie vainement de se mettre à sa place pour comprendre et analyser cette société décrite par Herman Koch, grinçante, irresponsable, complètement amorale. Puis au final on se dit mais qui sommes-nous pour juger, qu'aurions-nous fait nous, parents ? Une satire sociale déconcertante qui bouscule parce qu'elle est loin d'être irréaliste, c'est bien ça le pire !
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Ce roman est un vrai règlement de comptes entre frangins dans un trois étoiles. J'ai aimé les personnages et surtout leur relation, les faux semblants et le cynisme dont ils font tous preuves ; j'ai aimé les sentiments de sympathie et d'antipathie que l'auteur crée chez le lecteur et sa manière de jouer avec ces sentiments ; j'ai aimé la montée en puissance du roman jusqu'au final. En revanche, j'ai moins aimé la construction que je trouvais parfois confuse, même si les digressions donnaient de l'épaisseur aux personnages ; j'ai pas forcément aimé non plus les excès de personnage, l'auteur allant parfois trop loin à mon sens. Néanmoins on sort secoué de ce roman comme si on était passé dans un shaker. A lire si on aime les oeuvres qui portent un regard cynique sur notre société.

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Voici le deuxième thriller néerlandais que je lis après « Petits meurtres entre voisins » de Saskia Noort. Recommandé par une jeune libraire chez qui je faisais une séance de dédicace.

Deux couples se retrouvent dans un restaurant hyper-chic. Un des hommes, le narrateur, déteste visiblement l'autre. On va savoir rapidement pourquoi. Et on va aussi savoir quel terrible secret lie ces deux couples…
Dans cette histoire, le plus terrible n'est pas l'acte de violence qui est le centre de l'intrigue mais plutôt le cynisme avec lequel les protagonistes vont en gérer les conséquences. Un huis-clos étouffant, de l'apéro au dessert, où le plus antipathique n'est finalement pas celui qu'on croît.

A déguster sans modération malgré un petit sentiment de haut-le-coeur de temps en temps
A noter qu'au passage, à l'instar de Noort, Herman Koch ne rate si son pays ni ses compatriotes !
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Déboussolée. Je pense que c'est ce qui me qualifie à l'issue de la lecture de ce Dîner.
Imaginez toutes les idées les plus folles qui peuvent vous traverser l'esprit lorsque vous vous trouvez en situation inextricable, que l'avenir de vos enfants est en jeu et que vous voulez à tout prix les [vous] en sortir. Eh bien, les voilà prendre forme, prendre vie.
Le Dîner réunit 2 couples formés par 2 frères et leurs femmes respectives. Une famille qui tout au long d'un dîner dans un restaurant luxueux use tous les sujets de conversations afin d'éviter de parler des conséquences de l'acte de violence qu'ont mené [à bien] leurs enfants.

Ce que l'on retient est tout de même le fait que ces adultes ne s'interrogent que de la façon dont ils vont pouvoir éviter le pire à leurs fils et non comment ni pourquoi ils en sont arrivés à pouvoir commettre un acte aussi odieux.
Leur trouvant toutes les excuses du monde. Comme si toute cette violence n'était que la bêtise sans nom d'adolescents capricieux issus d'un milieu bourgeois considérant qu'un sans-abri dormant par terre, les empêchant d'accès à un distributeur de billets a commis un affront impardonnable.

Ce roman est un huis-clos qui n'en est pas tout à fait un puisque l'auteur nous offre, au travers de son narrateur (Paul Lohman, un des frères), des épisodes de sa vie passée. Des épisodes qui commencent à expliquer sa non-réaction face à ce qui est arrivé. Les accès de violence de Paul Lohman sont récurrents et son fils Michel en a l'exemple depuis qu'il est petit.

Clairement une satire sociale d'un pays dont je connais très peu les valeurs et qui s'est donc révélée fort intéressante. Un Dîner qui m'a fortement fait penser à "La Gifle" de Christos Tsiolkas, utilisant le prétexte d'une gifle ou d'un dîner pour dépeindre des personnages au fond très humains. Peut être une raison pour laquelle leurs réactions nous choquent. En serions-nous même capables ?
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"C'est comme le revolver dans une pièce de théâtre : quand on le montre au premier acte, on peut être certain qu'il va servir au dernier. Telle est la loi de la dramaturgie".

Voilà qui résume parfaitement le déroulement de l'intrigue du "Dîner", roman de l'écrivain néerlandais Herman Koch. En effet, certains indices nous font entrevoir dès le départ qu'un drame va s'y jouer.

Le narrateur, Paul Lohman, et sa femme Claire, doivent rejoindre au restaurant Serge, frère de Paul, ainsi que Babette, l'épouse de ce dernier. Et il ne s'agit pas de n'importe quel restaurant ! Pressenti pour être le futur premier ministre des Pays-Bas, Serge a fait valoir sa notoriété pour réserver au dernier moment une table dans l'un des établissements les plus chics de la ville. Ce genre de passe-droit n'est que l'un des éléments du statut de Serge qui agace Paul au plus haut point...
D'une manière générale, ce dernier manifeste pour son frère et la prétendue supériorité qu'il affiche un mépris qui n'a d'égal que le dégoût que lui inspire la société mondaine dans son ensemble, dont il fustige l'hypocrisie, le manque de spontanéité.
Son hostilité se traduit par une volonté systématique de contredire son aîné, et de tenter de le mettre mal à l'aise.
On le trouve d'ailleurs, dans un premier temps, plutôt sympathique, ce narrateur. Ses réflexions acerbes et son humour acide nous font sourire, on le comprend, même !

Et puis...
... et puis je ne vous en dirai pas plus sur le synopsis du "Dîner", dont le principal intérêt réside dans la façon dont notre opinion évolue sur ses différents protagonistes au fur et à mesure qu'on apprend à les connaître, les plus abjects n'étant pas toujours ceux que l'on croit !
Et cette connaissance plus approfondie se fait par l'intermédiaire d'un sujet ô combien sensible : celui des enfants.
Avant même le début du dîner, le lecteur sait que les deux couples ont prévu d'aborder au cours du repas une question épineuse, et débattre sur le comportement qu'ils sont censés adopter face à l'acte répréhensible qu'auraient perpétré leurs fils respectifs, des adolescents.
Progressivement, l'horreur se précise, le cynisme au départ réjouissant fait place à l'aigreur, la violence perce sous les rapports policés, les personnages ont des réactions surprenantes de cruauté et de mauvaise foi...

Herman Koch va très loin dans sa démonstration. Pour répondre à certaines des questions que pose "Le dîner" -jusqu'où les individus sont-ils prêts à aller pour maintenir la cohésion et la "normalité" de leur existence, jusqu'où les parents sont-ils capables de fermer les yeux pour dédouaner leurs enfants de leurs responsabilités morales ?-, il n'hésite pas, peut-être, à en faire trop.
Je dis "peut-être", car bien que le dénouement semble a priori inimaginable, on peut effectivement se demander, dans nos sociétés où les enfants sont rois, et où l'on veut nier l'existence des-laissés-pour compte parce qu'elle nous rappelle les limites d'un système dont nous profitons parfois à leurs dépens, quelle voie choisirait la plupart d'entre nous si le confort de leur existence et l'avenir de leur progéniture était en jeu : celle de la justice et de la conscience, ou bien celle de l'égoïsme ?

A méditer, donc...
Et en attendant, je vous recommande cette lecture, à la fois drôle et terrifiante, au cours de laquelle on ne s'ennuie pas une seconde !

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Unité de lieu - un restaurant - où vont se confronter deux frères et leur femme respective. Au delà de la façade polissée de la bonne société néerlandaise, ce dîner va tourner à la révélation par petites touches d'une vérité bien plus dramatique, dérangeante et que les protagonistes se refusent à voir ou entendre. La construction du roman suit l'ordre des plats d'un menu, l'écriture est efficace, un bon moment de lecture.
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