La loi du Kanun est toujours en vigueur dans certaines régions d'Albanie. Cette loi qui avait le mérite de limiter le nombre de morts dans les guerres entre clans il y a des siècles, est aujourd'hui une tradition archaïque qui condamne à l'enfermement la famille visée par la vendetta...jusqu'à ce que le prix du sang soit payé. Et alors, la terreur change de côté.
Une loi que la folie du dictateur Enver Hoxna avait su éradiquer mais que la jeune démocratie a ressuscité par sa permissivité.
Dans ce court roman on vit au quotidien la folie qui pourrait ronger cette famille enfermée depuis 5 ans dans sa propre maison. Enfermée pour sa protection, enfermée parce qu'un neveu trop jaloux a tuer un ami. Un neveu puni par la loi, en prison par conséquent, mais par la même inaccessible à la famille du mort qui demande la vengeance du sang. C'est donc le plus proche parent qui devra payer!
Le plus dramatique c'est que personne ne semble s'intéresser à cette famille...toutes les tentatives d'échappatoires sont veines...pas de visa pour accueillir la famille à l'étranger, pas de police à leur porte pour les protéger, pas de médiation. Les journalistes voient en cette histoire un bon reportage, un gros titre, le temps de s'attrister de cet état de fait...mais ensuite ?
Quand l'Albanie s'attaquera-t-elle vraiment à cette coutume sanguinaire ?
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Comme un automate, il prit le chemin de son domicile, songeant à la peur qui avait été leur fidèle compagne de réclusion. Maintenant qu'il rentrait sain et sauf, il se demandait si l'enfermement était réellement la conséquence funeste des menaces proférées par les frères de Samir ou simplement le fruit vénéneux de sa propre peur. N'était-ce pas elle qui avait assiégé les siens, à l'intérieur même de la maison ? La peur les avait certainement protégés. Mais à quel prix ? Le renoncement de vivre ? LA peur est puissante. Mais la peur de quoi ? De la mort ?
L'homme prend conscience du sens de la vie et de la mort à partir de sa propre douleur et non pas des spéculations philosophiques. Franck souhaitait une more paisible. Il disait à son père que l'infarctus, comme la balle, provoquaient une mort immédiate, privant l'homme de cette précieuse compréhension de soi et des autres.