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EAN : 9782415002909
283 pages
Odile Jacob (28/09/2022)
4.39/5   9 notes
Résumé :
Les progrès fulgurants de la paléogénétique – l’analyse de l’ADN contenu dans les ossements anciens – permettent de reconstituer les flux migratoires qui ont façonné l’Europe au cours du temps. Dans ce livre, Johannes Krause et Thomas Trappe retracent le voyage de nos gènes et racontent ainsi celui des peuples qui ont fait notre continent. Nous sommes les descendants de trois grandes vagues d’immigration. Nous leur devons beaucoup : langues, structures sociale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Voici une science nouvelle: la paléogénétique, c'est à dire l'analyse de l'ADN contenu dans les ossements anciens. Cette science nous apporte des informations nouvelles et stupéfiantes sur le néolithique, période mal connue et se situant à la fin de la préhistoire.

Les scientifiques de cette nouvelle discipline montrent ainsi que les Européens sont le "fruit" de deux grands vagues migratoires d'une portée sans commune mesure avec ce que l'on a pu observer après: d'abord une première vague il y a 8 000 ans environ, avec des migrants venus d'Anatolie et s'installant en Europe de l'Ouest, et qui ont introduit l'agriculture. Il y a eu ensuite une deuxième vague il y a 4 800 ans avec cette fois-ci des vagues venues des steppes du nord de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette migration va permettre une meilleure utilisation des chevaux, les "envahisseurs" étant plus avancés dans ce domaine.

Toutes ces avancées donnent un éclairage différent sur cet âge du bronze encore peu connu.

Cette science de l'archéogénétique permet aussi de retracer l'évolution des maladies et des agents pathogènes: ainsi on a pu montrer qu'une forme de peste existait déjà à l'âge de la pierre! une forme de peste qui a disparu depuis, remplacée par la peste noire au Moyen-Age.

Les auteurs évoquent aussi les évolutions d'autres maladies de sinistre réputation comme la lèpre, la tuberculose, avec dans ce cas un chiffre incroyable à la clé: on estime qu'environ un individu sur trois dans le monde est porteur du bacille tuberculeux. Des formes de tuberculose de plus en plus résistantes aux antibiotiques, à tel point que les auteurs parlent d'une "troisième transition épidémiologique" qui se profile et bien inquiétante. Rappelons que la première transition a eu lieu quand les humains ont commencé à attraper les pathogènes présents chez les animaux, la deuxième transition a eu lieu lorsque le développement de l'hygiène au 19ème siècle et l'introduction des antibiotiques au 20 ème siècle ont permis de faire reculer les maladies, et actuellement, cette troisième transition pourrait signer le retour des vieilles affections.

Le livre est passionnant, il donne une vision nouvelle de l'Histoire. Outre l'histoire des migrations, des maladies, on voit aussi l'analyse des langues et de leur évolution et l'origine notamment des langues indo-européennes.

Les auteurs sont réputés: Johannes Krause est un pionnier de l'archéogénétique, il est expert du décryptage de l'ADN ancien. Il a travaillé avec le prix Nobel Svante Pääbo au séquençage de l'Homme de Néandertal et il a participé à l'équipe qui a réalisé le séquençage du génome de l'homme de Denisova.
Thomas Trappe, le deuxième auteur, est journaliste spécialiste des questions scientifiques.

L'ouvrage est très facile d'accès, avec beaucoup de cartes explicatives, et se lit facilement même sans grande culture scientifique.
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Voilà un bel ouvrage nécessaire, intelligent, argumenté scientifiquement et qui fait un bien fou en ces temps de repli nationaliste, où on voit honteusement des abrutis néo nazis défiler à Paris pour une europe blanche en foutant les'"immigrés" dehors !
Thomas Krause, qui dirige le célèbre Institut Max Planck de Leipzig est un pionnier de l'archeogenetique, un domaine assez récent dans la recherche archéologique. Il a travaillé sur le séquençage de l'homme de Néandertal et celui de Denisova. Pourquoi ? Et bien, pour comprendre les différences de ces espèces avec Sapiens (nous autres, les hommes "modernes") et aussi étudier les évolutions et les mutations de celles-ci.
Ce récit des voyages des humains depuis l'Afrique en migrations sur tous les continents permet, par l'hérédité et l'antériorité génétique d'observer les régions des origines, de tracer les routes , de voir les échanges entre les groupes installés et ceux qui migrent.
Ce voyage dans les temps anciens, et l' étude génétique, éclaire ce que nous sommes aujourd'hui : des hommes sortis d'Afrique il y a 2 millions d'années (sûrement Erectus ) pour coloniser l'Asie et l'Europe, puis une autre vague il y a 60000 ans (Sapiens), passée par les terres du croissant fertile du Moyen Orient (Anatolie, Syrie, Iran) pour créer, il y a 10000 ans l'agriculture, les premières cités, religions, l'écriture, ce qu'on appelle la civilisation etc...
N'en déplaise aux fachos de tous bords, la dernière grande migration qui a modifié de manière importante l'être humain date de 5000 ans... depuis, tous les habitants de notre planète ont le même génome à quelques nuances près.
d'Après Krause, nous sommes un mélange génétique de tout cela (des peuples de chasseurs cueilleurs anciens et des migrants apportant leurs technologies, leurs outils, et leurs gènes...).
La deuxième partie du livre concerne l'étude de la Peste, la lèpre, tuberculose, grippe espagnole, Ebola). Cette recherche sur les mutations des virus et bactéries permet d'en connaître les origines, les vitesses de transmission, l'évolution, et les conséquences sur les êtres humains. Elle aide aussi à donner des pistes pour gérer ces épisodes dramatiques de pandémies.
J'ai passé un très bon moment de lecture, enrichissant, étayé par des actualisations dans nos environnements et surtout c'est un ouvrage qui remet de l'ordre dans les cerveaux pour ne pas se laisser aller à la bêtise patriotique !
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Nouvel article pour une nouvelle masse critique, que Babélio et les éditions Odile Jacob soient ici remerciés.
Le voyage de nos gènes raconte l'histoire des groupes humains et de leurs migrations par les traces qu'elles laissent dans notre génome.

Dans un ouvrage écrit à 4 mains, Johannes Kraus tient le rôle du scientifique et Thomas Trappe celui du journaliste. Pour autant la répartition des articles ne se sent pas dans le style mais plutôt dans l'équilibre de l'ouvrage lui-même.
Dans la première partie Johannes Kraus raconte brièvement son parcours à l'Institut Max Planck en Allemagne notamment auprès de Svante Pääbo qui, le premier, avait extrait puis déchiffré l'ADN de l'homme de Neandertal. En une dizaine d'années l'archéogénétique était née.
Dans un premier chapitre un peu trop court et pas assez explicatif à mon goût, l'auteur explique comment les gènes humains conservent les traces des migrations et déplacements des groupes humains et comment la cette nouvelle technique permet de les distinguer entre eux. Et si j'ai un peu regretté de ne pas avoir assez compris comment L ADN accumulait des marqueurs permettant de reconstituer les filiations (ou ses absences) entre les différents groupes humains, j'ai trouvé la reconstitution de la succession des groupes humains venant, qui d'Anatolie, qui d'Afrique ou encore d'Asie centrale assez fascinante. Elle permet de battre en brèche toute perception de linéarité les groupes humains, au moins entre les plus anciens. On distingue des circulations, des rencontres et des métissages, des allers et retours, l'histoire des groupes humains est moins simple qu'il n'y parait et le chercheur nous montre le début d'une nouvelle quête. Pour aider le lecteur à s'y retrouver des cartes inaugurent chaque chapitre et on peut seulement regretter l'absence de couleurs qui en réduit la clarté pédagogique.
Dans une deuxième partie l'(autre) auteur nous raconte l'étude de l'ADN d'autres êtres qui nous sont intimement liés, les virus, et en particulier celui de la peste. Malgré un parallèle assez peu pertinent entre ceux-ci et l'humanité au début du livre ajoutée à la sensation de déséquilibre entre les deux parties, l'étude de la peste reste intéressante en ce qu'elle permet de suivre l'évolution des populations eurasiatiques dans la période historique.

Ainsi, malgré quelques défauts relevés ici ou là et notamment un germanocentrisme assez agaçant et comparable aux ouvrages anglosaxons (on repense à le commencement de l'infini de David Deutsch ou encore à l'Art de l'univers de John D. Barrow), l'ouvrage se laisse lire sans déplaisir et permet d'éclaircir les premiers temps de nos humanités.

Lien : https://leslecturesdecyril.b..
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Dans le voyage de nos gènes, Johannes Krause — l'un des chercheurs ayant participé au séquençage du génome de l'homme de Neandertal et à celui de l'homme de Denisova — présente la paléogénétique, une discipline récente qui permet, grâce aux analyses génétiques, de compléter et parfois corriger les théories formulées à partir des découvertes archéologiques. Je m'attendais surtout à retrouver une liste des découvertes récentes sur les flux migratoires qui ont marqué l'humanité, mais finalement le livre commence et se termine par un aspect plus tourné vers la politique et les actualités, notamment en abordant l'épidémie du Covid et les problématiques migratoires contemporaines. Dans son développement, cet ouvrage parle des remplacements successifs de population en Europe et des mutations génétiques qui en ont découlé en tentant d'en expliquer les causes et les conséquences, des interactions de Sapiens avec l'homme de Neandertal, mais aussi des épidémies qui se sont succédées dans l'histoire. On y parle aussi, entre autres choses, du développement de l'agriculture, de la domestication du loup et du cheval, ou encore de l'évolution des langues. Dans l'ensemble, j'ai trouvé les explications à la fois intéressantes et accessibles (même si j'ai parfois fait quelques recherches de mon côté pour creuser certains points qui pouvaient m'être un peu obscurs). de plus, la manière dont c'est écrit permet de suivre le cheminement des chercheurs, avec des hypothèses qui sont formulées et qui sont par la suite confirmées ou infirmées par de nouvelles découvertes. On ne se contente pas de nous donner les conclusions, ce qui renforce l'intérêt et donne une certaine dynamique à la lecture.
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Johannes Krause est archéogénéticien, expert du décryptage de l'ADN ancien. Il dirige le département d'archéogénétique de l'institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig. J'ai déjà entendu parler de cet institut dans des documentaires historiques sur Arte. Thomas Trappe est un journaliste scientifique.

L'avancée de la science permet aujourd'hui de décrypter rapidement et à peu de frais le génome de nos lointains ancêtres dont on a découvert des ossements à travers la planète. Ces données permettent de reconstituer les déplacements des êtres humains. Dans cet ouvrage les auteurs présentent ce qu'on sait des migrations qui ont peuplé l'Europe à la préhistoire. L'archéogénétique complète les découvertes archéologiques (artéfacts), confirme des intuitions mais aussi infirme des théories qui avaient cours. Bien sûr, pour pouvoir séquencer L ADN, il faut des restes humains. J'apprends en effet avec surprise que l'on n'a aucun ADN exploitable pour la période allant de 3000 à 2800 av. JC. en Europe centrale et très peu d'artéfacts. La population de l'Europe semble avoir été décimée à cette époque, peut-être par une épidémie de peste. le continent a ensuite été repeuplé par des migrants venus de l'est.

Je suis assez émerveillée par les avancées de la technique présentées ici, leur vitesse exponentielle et les découvertes qu'elles permettent, comme de confirmer l'origine des langues européennes ou de dater l'invention du patriarcat. Ce qui m'a le plus intéressée ce sont les chapitres sur les grandes épidémies. le séquençage des agents infectieux retrouvés dans les os ou les dents des personnes qui en sont mortes confirme, ou non, que telle épidémie était bien la peste ou montre que la lèpre est sans doute une maladie originaire d'Europe.

Un ouvrage fort intéressant et plutôt abordable.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il faut remonter 5 000 ans dans le passé pour retrouver la trace du dernier grand mouvement migratoire ayant une incidence mesurable sur l'ADN de tous les Européens. L'ADN des hommes qui sont arrivés en ce temps-là des steppes de l'Europe orientale constitue aujourd'hui l'une des trois composantes génétiques dominantes du continent. Les deux autres sont issues des premiers chasseurs-cueilleurs et des agriculteurs venus d'Anatolie.
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Si l'on revient encore un peu plus en arrière dans l'histoire de l'humanité, on se rend compte que la peau foncée était elle aussi au départ une adaptation. Notre cousin, le chimpanzé, possède sous son pelage noir une peau claire. À mesure que l'homme perdait ses poils, sa couleur de peau s'est manifestement adaptée afin de protéger son corps désormais nu du soleil. Cette seule raison suffit à montrer qu'il est d'une grande bêtise d'invoquer la couleur de peau pour fonder quelque hiérarchie évolutive que ce soit. À moins que des individus à la peau claire n'aient à cœur de se réclamer d'une proximité génétique particulière avec les chimpanzés.
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