Je n'ai pas beaucoup fréquenté
Labiche jusqu'à présent, et les pièces que j'ai pu lire me semblaient pas mal ressembler les unes aux autres,
L'affaire de la rue de Lourcine mise à part ; je la trouve plus drôle et plus originale. Mais mon avis est probablement biaisé par le peu de lectures que j'ai faites de
Labiche, au vu du reste de sa production pour le moins foisonnante. de toute façon, on sait bien qu'il a écrit pour la scène à la grande époque du boulevard, et où le divertissement primait sur toute autre chose. Donc bon nombre de ses pièces visait avant tout à faire rire - et ce n'était pas le plus mauvais pour ça (j'ai tenté des auteurs de la même période, célèbres alors, et c'est en général pas très folichon). Bon, là, quand même, j'avais envie d'essayer à nouveau une petite pièce légère de
Labiche, histoire de me détendre et de parfaire ma connaissance de l'auteur.
Voyons l'intrigue : Dardard (ah ben oui !), jeune homme "monté" de Bordeaux à Paris, s'est entiché d'une jeune fille aperçue au théâtre. Ni une, ni deux, il la suit en fiacre à la sortie et va réveiller son père, un certain Pontbichet, fabriquant de gants bon marché (et de mauvaise qualité, il fait des économies sur les coutures, ce qui me rappelle... ben à peu près toutes les fringues que j'achète depuis des années, des bonnes marques aux marques bon marché, en passant par les marques éthiques). Il est deux heures du matin. Autant dire que Pontbichet n'apprécie que moyennement l'intrusion de ce jeune homme qui se permet bien des choses, en sus de déclarer son amour pour sa fille et de la demander en mariage. Donc c'est non. C'est non. Non, non, non. Non, mais... il s'avère que Dardard est une homme d'affaires avisé et rusé, qui pourrait bien faire la fortune de Pontbichet. Donc c'est oui. Ah mais non. Parce que Cornélie (c'est la fille) est déjà engagée avec Collardeau. Et bien engagée, si vous voyez ce que je veux dire. Mais bon, l'argent avant tout, n'est-ce pas ? Sauf que Cornélie n'est pas... Vous ne saurez pas la suite (vous pouvez lire la pièce sur le site de Gallica, c'est libre de droit).
Déjà, mon conjoint m'a entendu rire pendant que je lisais la pièce. Je n'ai pas ri aux éclats, je n'ai pas ri pendant toute la pièce, mais, oui, j'ai ri. Je suis bon public, c'est certain, vous en avez l'habitude, mais c'est quand même un indice. Les jeux de mots, les allusions diverses (à
La Fontaine, par exemple), les dialogues font mouche, et ce dès le tout début. le rythme ne faiblit pas, et c'est heureux, car la pièce est courte. Bref, ça n'est pas d'une grande originalité, ça reprend les poncifs du boulevard avec les questions d'argent qui priment sur l'honneur et sur les sentiments, mais c'est le but, et, comme je le disais en début de critique, c'est tout de même plus accrocheur que bien des pièces de boulevard de la même époque. Je n'en demandais pas plus en l'occurrence. Bref, ça me va comme ça.
Challenge
Théâtre 2020