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« La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l'espoir du monde ? »
Léopold Sédar Senghor

Après avoir lu Ombre parmi les ombres, cette citation publiée par Sagesse66 a été une évidence. Elle devait figurer en ouverture de ce petit billet. Je remercie les Éditions Bruno Doucey et Babélio pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse critique, un roman qui m'a appris beaucoup. de la vie dans le camp de Terezin au travers des yeux d'un gamin sensible, mais également de celle de Robert Desnos, ses dernières heures et ses songes qui renvoient le lecteur à des bribes de sa vie passée. J'ai été très touchée et émue par cette double découverte. le théâtre dans ce camp décrit par ce petit gars qui n'a plus rien que les yeux bleus de Desnos, des petits poissons libres comme l'air que rien ne peut emprisonner, sauf une paupière. Mais reste ses textes et c'est un bel hommage qui lui est rendu par Ysabelle Lacamp, mettre un poète avec un enfant. Tout l'espoir du monde.

« Qu'il aurait aimé être un mot, libéré du temps, de la pesanteur, de la réalité ! Une petite balle lisse et facétieuse bondissant dans l'espace ! »
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Toi le poète au beau regard hypnotisé
Et moi enfant de Terezín rescapé
Une rencontre un lien si bouleversant
A ton chevet j'écoute ton délire émouvant
Tu vogues en chuchotant sur l'eau des souvenirs
J'ai si peur que la mort efface ton sourire
Robert Desnos, ce nom à jamais dans mon coeur
Ta main une dernière fois effleure une petite fleur...

J'ai été très émue par ce texte intense et inspiré d'Ysabelle Lacamp: elle imagine que les chemins d'un enfant juif survivant du camp tchèque deTerezín et de Robert Desnos, abandonné par les Allemands, avant leur déroute ,affaibli ,sans doute atteint du typhus, se croisent.

Leurs voix fusionnent, l'une pour dire l'horreur du camp, vue par un enfant qui tente de survivre, l'autre, de plus en plus ténue, pour rappeler des bribes de vie, les séances d'hypnose chez André Breton, les fugues de Youki, l'amour impossible pour Yvonne, la résistance toujours, le désir de liberté toujours.

Un poète nous est restitué avec délicatesse et passion, même s'il est un peu rêvé par l'auteure, un poète dont l'humour, l'auto-dérision auront jusqu'à la fin été " l'ultime diversion"...

Visionnaire tourné vers ses images intérieures, Robert Desnos restera pour moi au-delà de sa fantaisie surréaliste, l'homme des amours impossibles, celui qui me bouleverse dans des poèmes comme " À la faveur de la nuit" ," A la mystérieuse" ou " Le dernier poème".

Le 5 juin 1945 s'envola une belle âme qui aurait pu effectivement s'écrier:" écoute, écoute la poésie, elle est vraiment le cheval qui court, qui court, qui court au-dessus des montagnes"...
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Ce court et magnifique roman fait revivre le poète surréaliste et résistant Robert Desnos à partir des derniers jours qu'il a vécus dans le camp de Terezin (ou Theresienstadt), à 50km de Prague, où les allemands l'avaient laissé, malade, en avril 45, dans leur fuite devant l'armée soviétique. Extrêmement affaibli après son transfert dans des conditions dramatiques depuis le camp de Flöha en Saxe, sans doute atteint du typhus, Desnos mourut dans ce camp quelques jours après que les nazis l'eurent abandonné aux mains de la Croix Rouge. Au cours de certaines séances de rêves éveillés qu'il avait vécues avec André Breton et le groupe des surréalistes, Desnos avait, dès les années 20, prophétisé son départ et sa disparition en camp de concentration, comme le rappelle le poème d'Aragon "La complainte de Robert le Diable", mis en musique et chanté par Jean Ferrat :

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

Ysabelle Lacamp imagine que Desnos se lie d'amitié avec Leo Radek, un enfant juif d'origine tchèque, rescapé de ce camp de Terezin d'où des convois partaient régulièrement vers les camps de la mort. Aussi en même temps que nous revivrons, par des flashs sur le passé, certains des moments de la vie du poète, nous apprendrons aussi l'histoire de ce camp qui a eu une place à part dans la logistique de la "Solution finale".

J'ai trouvé vraiment superbe la construction et le style de ce roman, mêlant des poèmes de Desnos à la narration, elle-même particulièrement poétique, chargée d'émotion et aussi d'horreur à l'évocation de ce qu'ont subi Desnos, son ami Leo et leurs camarades, mais aussi (et c'était une gageure !) pleine de fantaisie et d'humour, ces deux derniers traits étant intrinsèquement liés au poète. C'est pour moi un magnifique hommage (ou "tombeau") qu'a su écrire Ysabelle Lacamp à l'un des plus grands poètes du XXe siècle.
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J'ai tant rêvé de toi...


J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser
sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi
que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et
me gouverne depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi
qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres
que les premières lèvres et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi,
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me
  reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les
  fantômes et plus ombre cent fois
que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

//Robert Desnos (1900 - 1945) , À la Mystérieuse.
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J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.

Ysabelle Lacamp nous entraîne dans le camp de Terezin, à 50 kms de Prague, au moment de la libération du camp en mai 1945. Elle imagine la rencontre entre un jeune juif tchèque, Leo Radek, dernier enfant survivant de ce camp et le poète surréaliste et résistant Robert Desnos abandonné là par les allemands en fuite. Très affaibli, sans doute atteint du typhus, Desnos mourra dans ce camp le 5 juin 1945.

L'auteure nous raconte le camp au travers des yeux de ce jeune enfant et du poète, un camp vitrine du Reich, une ville promise aux juifs par Hitler. Les voix de Léo et De Robert se mêlent, les souvenirs du passé de Desnos resurgissent, Léo raconte sa déportation et la disparition de sa famille. le récit, parsemé de poèmes de Desnos, retrace les quatre dernières semaines de la vie du poète.

Ce roman est un bel hommage à Robert Desnos mais je n'ai pas été sensible au style d'Ysabelle Lacamp que j'ai trouvé beaucoup trop poétique avec trop d'envolées lyriques. de plus, les allers retours entre le passé et le présent ne rendent pas la lecture facile. J'ai trouvé intéressante l'histoire de ce camp mais, pour avoir lu le magnifique livre de Gaëlle Nohant, Légende d'un dormeur éveillé, extrêmement bien documenté sur la vie de Desnos, ce roman ne m'a pas apporté grand chose. Il intéressera les lecteurs fervents d'écriture très poétique et qui méconnaissent la vie de Desnos.


Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Tout au long de ces pages, Isabelle Lacamp fait parler Desnos et ses amis, fait émerger les souvenirs. Il évoque sa vie d'avant, les surréalistes, Breton ou Aragon, Yvonne la tant aimé qui le lui a si mal rendu, Yvonne et l'opium qui balaie toute dignité mais aussi toute souffrance, Youki la si belle qui sera son dernier et grand amour, et tous ses amis qui l'attendent et qui l'espèrent.
Un roman émouvant et optimiste parce qu'il nous insuffle de l'énergie et par la leçon de vie que nous donne Robert Desnos.
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En lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce récit est un pan d'amour à l'orée de ce temps poétique où la douleur de vivre semait des morceaux de verre sous les pas des hommes. Elle est belle l'écriture d'Ysabelle Lacamp. Douce et empreinte de ce souffle qui appelle l'autre à l'aide par l'art du mot ciselé en délivrance à venir. Robert Desnos est ce grand poète aux vers fraternels et purs, caresses sur le front de l'enfant de Terezin. Sauveur, allié d'une fleur qui pousse sur les barbelés de l'horreur, ce sage, ce soldat de tendresse, sanglote de froid, de rage, d'impuissance, de souffrance, lui le donnant. Ce récit est lumière. Il est plus que cette bouée de sauvetage qui s'égare en pleine mer barbare et folle. Il est ce que la nuit doit au jour vaillant et endurant. Cet hymne fondateur est une bataille, la fraternité contre la haine. Les mots d'Ysabelle Lacamp sont feux et forces, piliers et endurance. Robert Desnos de loin, de près, entre les lignes porteuses de sens est osmose avec cette écriture qui écarquille le Verbe à l'aube inspirante. L'enfant rescapé, l'unique symbole de ce qui résiste au glas du malheur est ce regard qui affole et qu'on voudrait protéger et vite. La barbarie, tache d'encre sur la page noble, foudroie en plein vol, le mot survivre. La force littéraire, magnificence de ce récit, étouffe le mal par sa puissance. L'ampleur humaniste de ce récit gagne sur la barbarie, sur le sang fou des tortures intestines. Ce récit est notre Histoire. Robert Desnos est ce pas de côté cher aux êtres de courage. « le chant du coq est –il vraiment mort ? » « Ombre parmi les ombres » est beau à pleurer. Ses couleurs sont celles de l'engagement, de la formidable générosité d'un homme qui donne le verbe en nourriture pour l'enfant de Terezin et bien plus que cela encore. « Les petits êtres de Terezin »(Page 114) ne tremblent plus. « Ombre parmi les ombres « est un hommage, une mémorielle reconnaissance. Ce récit est de l'or pur. Personne ne peut froisser le langage courageux et noble de l'auteure si attentionnée au vivant des mots. Ils assemblent l'épars et font oeuvre de rédemption. Publié par Les Editions Bruno Doucey, indispensable, bénéfique, ce récit est à apprendre par coeur.
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La dureté de la vie sur le camps de Terezin vu à travers les yeux d'un p'tit gars. La libération, la maladie, des fragments de la vie passée De Robert. Et enfin la fin de vie très dure de ce poète qu'était Robert Desnos. Ysabelle Lacamp est dotée d'une très belle plume pour raconter.
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En écrivant Ombre parmi les ombres, Ysabelle Lacamp écrit là deux livres majeurs. L'un dédié à L Histoire oubliée de Terezín, l'autre en hommage à un grand poète et humaniste inoubliable : Robert Desnos. J'ai été soufflée par la beauté de ces deux hommes bien sûr mais aussi par la beauté de langue qui danse, qui lutte, qui transmet. Par ces phrases qui envoient en plein visage la force de la poésie, pas seulement celle de Desnos mais aussi la sienne, celle propre à Ysabelle Lacamp. Et qui m'a profondément émue. Je suis ressortie de ma lecture un peu tremblante comme si j'avais participé moi aussi à un sommeil hypnotique.

Ce roman d'une rencontre imaginée est une passation, celle d'un poète qui croit encore en la beauté de l'homme à un jeune homme qui lui survivra. Une passation d'une auteure admirant Desnos à un lecteur qui n'a plus qu'une envie en refermant ce court récit, (re)lire Desnos. Dévorer ses oeuvres, puiser dans son humanité, s'imprégner de sa lumière. Si forte. Si brillante.

Lien : http://www.livresselitterair..
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Il est là, rayonnant et solaire, sur la couverture du livre. Lui, Robert Desnos, libre poète et homme libre. Il est là et il sourit. Il embrasse l'humanité toute entière de son « regard transparent. Incandescent". Il est là, vivant, sous la plume d'Ysabelle Lacamp.

L'amoureuse de la poésie que je suis, et tout particulièrement de celle de Desnos, ne pouvait donc que savourer ce roman qui retrace les quatre dernières semaines de vie du poète au camp de Terezin, alors même qu'un chant de Liberté retentissait dans l'Europe entière.

Ombre parmi les ombres, c'est la rencontre de deux soleils. Il y a Robert, et il y a Leo. Leo Radek, textuellement « le Bienheureux ». Enfant de Terezin, combattant et survivant, chargé par son Desnos de témoigner. . .

« Poètes libres, vous l'étiez, enfants de Terezin, même si vous le deviez aux forces malignes du monde. Mais sache, p'tit père, qu'à certains, il aura fallu une vie entière avant de le devenir ».

Il faut savoir que Terezin est un camp pas tout à fait comme les autres. Il est en effet la « vitrine du Reich », la ville promise par Hitler aux juifs. Une « sinistre mascarade », un « camp-paradis ». le cynisme est poussé jusqu'à bâtir la ville forte en forme d'étoile à six branches. Mais il faut aussi savoir que ce même endroit a été un lieu de résistance par l'art et la culture, lesquels étaient dispensés aux enfants, de façon clandestine. Sur les quinze mille enfants déportés dans ce lieu maudit, une centaine a survécu.

Les chemins de ces deux « arbres jumeaux » vont se croiser pour n'en faire plus qu'un. Celui qui mène à la Liberté, dusse t'elle passer par l'obscurité, par la mort. Leurs histoires vont se mêler : celle de l'enfant qui a résisté en découvrant Hugo, Baudelaire et Verdi , et celle du poète déporté pour avoir dit Non.

C'est avec une immense émotion que l'on retrouve André Breton, le Corsaire Sanglot, Fantômas, et bien sûr les deux Y du coeur De Robert , Yvonne et Youki. Ses deux amours.

C'est la gorge serrée que j'ai écouté l'enfant évoquer le départ de ses parents, de ses amis, pour les camps de la mort.
Lien : http://nathdelaude.canalblog..
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