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4,3

sur 1936 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que d'émotions !
Quand Lola Lafon accepte de passer une nuit dans l'Annexe où la famille juive d'Anne Frank s'est réfugiée à Amsterdam en 1942, ce n'est pas pour se mettre à la place de l'adolescente mais bien pour faire entendre ses mots, ceux qu'elle a écrit dans son journal et qu'elle a remanié pour en faire une oeuvre littéraire.
Cette nuit au Musée Anne Frank fait écho à la propre histoire familiale de l'autrice et la fait sortir du silence des lieux et de son propre silence, ce qui particulièrement émouvant surtout quand ce récit est lu avec le rythme lent et la voix profonde d'Irène Jacob.

Pour moi "Le Journal d'Anne Frank" est un livre culte. J'ai eu l'occasion d'écrire sur Babelio que c'est au collège que je l'ai lu et qu'il m'a bouleversée. Je crois que c'est la forme de journal et donc la narration au quotidien qui lui donne sa puissance littéraire.
Le sujet est grave. C'est l'occupation par l'Allemagne nazie et la souffrance des juifs, obligés de se cacher pour échapper au pire. Anne Frank, adolescente qui se réfugie dans l'écriture, raconte sa vie durant deux années passées avec sa famille dans une Annexe secrète à Amsterdam, entre 1942 et 1944.
Je me souviens surtout de ce qu'elle n'écrit pas dans son journal intime : la déportation, la mort. C'est un livre qui laisse des traces car les mots d'Anne Frank reflètent de manière poignante les tensions et la tragédie que sa famille va vivre et au-delà, témoigne de la barbarie nazie.

Dans son récit intitulé "Quand tu écouteras cette chanson" Lola Lafon réussit le défi éthique et littéraire d'écrire sur Anne Frank dont la figure a longtemps été édulcorée. Elle raconte aussi sa déportation et sa mort victime de la shoah et rappelle que jusqu'en 1999 il n'y avait aucune stèle à sa mémoire.


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Un texte bouleversant, lu avec émotion par Irène Jacob ; j'en ai été très émue. J'ai retrouvé cette main qui m'avait étreinte lorsque j'avais lu le texte d'Anne Franck à l'adolescence, puis relu à l'âge adulte. Ici Lola Lafon a été invitée à passer une « nuit au musée » dans l'Annexe, la cachette dans laquelle Anne Franck et sa famille, ainsi que quatre autres juifs se sont cachés pour échapper aux Nazis durant la Seconde guerre mondiale. Ce lieu est devenu la Maison Anne Franck, à Amsterdam. Elle en profite pour questionner la romantisation de la Shoah, mais aussi son rapport à sa propre judéité.

« Toutes ses décisions sont celles d'une autrice, qui pense à de futurs lecteurs. Si elle a commencé à écrire sans intention de se faire lire le 12 juin 1942. A compter du mois de mars 1944, elle dit "je" mais elle commence à penser à "nous". Elle en est persuadée, son texte saura trouver le futur, il viendra nous chercher. Aujourd'hui, il est venu me chercher. Comment l'appeler, ce récit que je ne me décide pas à relire avant ma nuit dans l'annexe. Ce livre est un décompte auquel nous assistons ; nous en redoutons l'issue. Nous savons qu'après le 4 août, date de l'arrestation des Franck, il n'y aura plus de mots. Ce livre, nous en connaissons la fin. L'autrice, elle, l'ignore. » Otto Franck a longtemps été face à un dilemme : respecter la promesse faite à sa fille de ne jamais lire ses écrits, ou au contraire, rendre hommage à son désir de devenir un jour auteure, et publier son journal.

« Elle n'est pas une sainte, pas un symbole. Son journal est l'oeuvre d'une jeune fille victime d'un génocide perpétré dans l'indifférence absolue de ceux qui savaient. N'utilisez pas le mot "espoir", s'il vous plait. » Lola Lafon va rencontrer, après son expérience dans l'Annexe, une survivante de Bergen- Belsen qui a côtoyé la jeune Anne. Qu'aurait écrit cette dernière si elle avait elle aussi survécu ?

Au final, un texte grave qui laisse une sensation de trouble ; comment passer une nuit dans la chambre qui fut celle d'Anne Franck ? Même si Le Journal n'a jamais pu être terminé, nous en connaissons tous la fin. Lola Lafon ne parviendra à entrer dans la chambre qu'au petit matin ; se confrontant ainsi à ses propres fantômes, marqués eux aussi par la Shoah. Un texte profond, à lire et à écouter, pour réfléchir, s'émouvoir, mais surtout ne jamais oublier cette adolescente à jamais gravée dans cette posture de jeune auteure en noir et blanc.

Merci à Babelio pour la Masse critique et à Audiolib pour l'envoi du livre audio.
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Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée, Lola Lafon nous emmène sur les traces d'Anne Franck au sein de l'Annexe du musée qui porte son nom, à Amsterdam, là où la jeune femme a vécu recluse pendant vingt-cinq mois avec ses parents, sa soeur et quatre autres personnes, et où elle a beaucoup écrit, notamment son fameux journal.
La famille, guidée par le père, s'était réfugiée dans quelques pièces au-dessus de leur entreprise, pensant ainsi échapper aux nazis.
L'écrivaine ne sait pas exactement pour quelles raisons elle a le désir de passer une nuit au sein de cette cachette, un désir impérieux, obnubilant qu'elle ne parvient pas à analyser.
Il y a le fait que ses parents lui ont offert son journal, que la lecture de celui-ci lui a révélé son envie d'écrire, que l'ensemble de ses romans concernent de sombres destins de jeunes femmes subissant différents types de prédation, qu'elle est juive.
Mais cela, elle n'a jamais trop voulu se pencher sur ses origines, sur l'histoire de ses ancêtres, sur la Shoah. Elle ne voulait pas regarder les films s'y rapportant, et n'aime pas la romantisation de la déportation.
Elle pense trouver le vide, l'absence dans l'Annexe mais ce n'est pas le cas. Elle converse avec les derniers témoins de cette tragédie, se penche sur les écrits d'une jeune femme très lucide, procède à une véritable réhabilitation d'une écrivaine en herbe, dont l'oeuvre a été tronquée, coupée, modifiée pour ne pas effrayer le public, peu enclin, après la guerre, à affronter la réalité de l'holocauste.
Petit à petit, pénétrée par les lieux, Lola Lafon revisite sa propre histoire familiale, va à la rencontre de ses aieux disparus dans les camps, évoque la situation de sa mère cachée pendant la guerre.
Une autre silhouette apparait à la fin du livre, le fantôme d'une personne qui a beaucoup compté et qui a disparu dans un autre génocide.
Grâce à son écriture dense, sincère, vibrante d'émotions, l'autrice nous embarque dans une aventure qui, à plusieurs reprises, m'aura fait monter les larmes aux yeux. Elle nous offre un livre épuré, beau, triste et néanmoins lumineux.




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Essai publié dans la série « Ma nuit au musée ».

Le choix de « l'Annexe », cet espace restreint où la famille Frank vécu pendant deux années avant ‘être déportés, était une évidence pour Lola Lafon. Un musée pas comme les autres. L'occasion pour elle, la petite roumaine juive dont la famille a émigré en France, de se confronter à sa judéité.

J'ai lu et vu beaucoup de choses sur la Shoah. J'ai lu « le journal d'Anne Frank » et visité ce lieu de souvenir, non sans émotion et avec des sentiments mitigés. Mais au travers du récit de l'expérience vécue par Lola Lafon, j'ai découvert des aspects que je n'imaginais pas. Ainsi je n'avais pas saisi jusqu'à présent tout l'impact de cette catastrophe sur les générations qui n'ont pas connu la Seconde Guerre mondiale, cette 3e génération de l'après. Je n'appréhendais pas tout ce que ce passé implique dans le quotidien des familles, toutes ces choses qui me semblent naturelles, sur lesquelles je ne me questionne pas, parce que je suis née dans une autre religion, parce que ce n'est pas mon héritage direct, et qui font tant défaut pour ceux qui succèdent à leurs familles disparues dans l'horreur nazie.

Dans ce journal d'une nuit hors norme, de sa préparation à la dernière minute dans ce lieu, l'auteure mène de front plusieurs réflexions. Elle s'interroge aussi sur le métier d'écrivain, se rappelant qu'Anne Frank a écrit son journal comme un roman ou comme un essai, tant la jeune fille rêvait de faire ce métier. C'est aussi une réflexion sur la mémoire et sur le devoir de mémoire, un devoir parfois impossible.

Troublée par ce lieu dans lequel elle sera quasiment seule pendant une douzaine d'heures, Lola Lafon fait l'expérience de l'absence. Celle de cette famille, de ces huit personnes qui partagèrent pendant 2 ans la peur quotidienne d'être découvertes. Celle de ceux qui ne sont pas revenus des camps. Troublant musée du vide.

Les réflexions de l'auteur semblent partir dans tous les sens et pourtant il y a un fil conducteur que nous ne découvrons que dans mes dernières pages. En se confrontant à l'Annexe et à l'histoire de la famille Frank, l'auteur affronte ses propres fantômes, le vide laissé par les absents, les douleurs de l'abandon d'un pays, les difficultés de l'intégration dans un autre, les hoquets de l'histoire.

Un récit émouvant, une expérience du souvenir comme une thérapie, dans laquelle Lola Lafon construit des ponts entre son vécu et celui de la plus célèbre enfant de la shoah. Et lorsqu'au bout de cette nuit unique elle finit par oser entrer dans la chambre d'Anne Frank, elle se livre à nous dans une intimité partagée avec l'auteure du célèbre journal, nous offrons un moment d'intense émotion.
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Ce livre s'inscrit dans la collection des éditions Stock qu'on pourrait intituler « Ma nuit au musée », où un écrivain passe la nuit dans un musée de son choix ou proposé par l'éditeur. Lola Lafon a choisi à la fois le plus accessible et le plus difficile des lieux : le Musée Anne Frank à Amsterdam, là où se trouvait l'Annexe, un espace d'une trentaine de mètres carrés dans lequel la célèbre jeune fille, sa famille et quatre autres personnes ont vécu cachés des nazis pendant plus de deux ans. Comme le dit Lola Lafon, tout le monde connaît et aime Anne Frank, tout le monde connaît son célèbre Journal. Mais qui connaît vraiment l'adolescente, qu'a-t-on retenu de son journal intime ? Sans doute des « images d'Epinal », un texte que l'on a adapté, tronqué, déformé jusqu'à en faire une sorte de comédie musicale dont le message est grosso modo « L'espoir est toujours vivant, la paix gagnera toujours ». Or il en va tout autrement, c'est ce que nous explique Lola Lafon. Dans ce récit où elle retrace l'histoire de la famille Frank (des juifs allemands qui ont quitté l'Allemagne pour échapper au nazisme et se sont donc établis en Hollande), l'auteure rappelle les persécutions anti-juives auxquelles les autorités hollandaises collaborationnistes se sont données à coeur joie, devançant les prescriptions nazies, l'espoir vite déçu de pouvoir partir en Amérique et finalement, plutôt que fuir, le projet de se cacher à Amsterdam même, dans le grenier au-dessus de l'entreprise d'Otto Frank, le père d'Anne. Une vie cachée, à l'ombre, emprisonnée, terrifiée, qui a duré sept cents soixante jours et s'est terminée brutalement par l'irruption de la Gestapo le 4 août 1944. La famille Frank fera partie du dernier convoi qui s'est ébranlé de Westerbork pour Auschwitz. On sait que les deux soeurs, Margot et Anne, mourront de faim, de froid et du typhus au camp de Bergen-Belsen en mars 1945, à même pas deux mois de la fin de la guerre. Des huit personnes enfermées dans l'Annexe, seul Otto Frank est revenu à Amsterdam. Après de fiévreuses recherches, il apprendra le 18 juillet 1945 la mort de ses filles. C'est Miep Gies, son ancienne secrétaire, qui a aidé les Frank à se cacher, qui lui confiera le journal d'Anne, retrouvé dans l'Annexe pillée par la Gestapo. Bien documentée, Lola Lafon nous raconte donc ce que deviendra ce journal, les censures, les déformations du message mais aussi les analyses honnêtes qui montrent que ce texte est non seulement le témoignage d'une jeune fille qui savait parfaitement les risques encourus, la terreur probable à venir (elle savait que les Juifs étaient parqués dans des camps et tués par le gaz) mais aussi une oeuvre littéraire qu'elle avait retravaillée quand elle a entendu sur Radio Oranje « une annonce du ministre de l'Education des Pays-Bas en exil à Londres. Il demande aux Hollandais de conserver leurs lettres, leurs journaux intimes : après guerre, ces écrits seront autant de témoignages précieux. Cette déclaration la galvanise, elle s'enthousiasme, en parle à son père : son journal pourrait être publié, un jour. »

Le livre de Lola Lafon a déjà pour première grande qualité de restituer l'histoire de la famille Frank, l'histoire du Journal et il met en valeur de façon très émouvante Otto Frank, qui n'est plus seulement – qui n'est même pas – celui dont on a dit qu'il avait coupé des passages du texte. On est d'abord séduit par cette personnalité opiniâtre, imaginative et on partage ensuite la sidération, le chagrin indicible de ce père, son honnêteté, sa volonté de respecter ce qu'Anne aurait voulu et de faire vivre sa mémoire, inlassablement. Ensuite, évidemment, Lola Lafon n'est pas arrivée dans ce musée par hasard : on découvre qu'elle-même est juive d'origine roumaine, que des membres de sa famille ont été déportés et ont péri dans les camps de la mort et que le silence qui a entouré cette histoire familiale – auquel s'ajoutent les années vécues sous la dictature de Ceaucescu et son propre exil en France – a pesé sur sa jeunesse, sur la personne qu'elle est devenue. Et si elle peine tant, durant la nuit dans l'Annexe, à oser entrer dans la chambre d'Anne Frank, c'est non seulement à cause du poids de ces ombres familiales mais aussi à cause d'une autre histoire, une histoire en miroir de celle de la jeune Juive déportée, celle qui donne son titre au livre et que l'on découvre la gorge serrée. En un peu plus de deux cents pages seulement, par la force de sa construction, Lola Lafon a su me cueillir sur le fil des émotions toujours maîtrisées, jamais étalées mais d'autant plus fortes. Elle nous fait aussi une leçon de littérature et de silence. Je peux déjà dire que ce sera une de mes plus belles lectures de l'année.

Après cette lecture, j'ai évidemment envie de relire le Journal d'Anne Frank avec un autre éclairage que celui de ma lecture d'adolescente (et heureusement je ne me suis jamais séparée du livre). Il existe même une édition critique du journal et d'autres textes d'Anne Frank, publiée par Calmann-Lévy.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Ce texte fait partie d'une collection qui propose à des écrivains de passer toute une nuit dans un musée (c'était le cas également pour Leïla Slimani qui a passé une nuit dans un musée à Venise et a ensuite publié le parfum des fleurs la nuit). Ici Lola Lafon va passer une nuit dans l'annexe où se sont cachés les membres de la famille d'Anne Frank avec quatre autres personnes pendant la Seconde Guerre mondiale plus précisément de 1942 à 1944 date à laquelle ils sont arrêtées et déportés. Ce choix ne relevait pas de l'évidence pour Lola Lafon qui a toujours fui son statut de juive (son physique l'ayant d'ailleurs aidée pour cela), qui ne voulait pas se plonger dans toute cette histoire. Il faudra d'ailleurs attendre la toute fin de la nuit pour qu'elle ose enfin passer la porte de la chambre d'Anne Frank. Ce sera l'occasion pour elle de parler d'un ami victime comme Anne Frank de la barbarie humaine mais au Cambodge cette fois. Pendant cette nuit, Lola Lafon s'interroge beaucoup sur l'acte d'écrire. J'ai appris qu'Anne Frank en 1944 entend le ministre de l'éducation des Pays-Bas demander aux gens de garder leurs témoignages de l'horreur qui est en train de se produire : à partir de là, la jeune fille remanie son journal, le réécrit en pensant qu'il va peut-être être lu. Elle devient autrice à part entière. Quel dommage que son journal n'ait été publié que partiellement. de nombreux passages ont été expurgés comme ceux où elle parle de ses règles par exemple… Une lecture difficile mais très enrichissante.
Lien : https://monpetitcarnetdelect..
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Choisir un musée, y passer une nuit, voilà ce que les Éditions Stock ont proposé à plusieurs écrivains et qui a donné existence à la collection « Ma Nuit au Musée ».

Musée particulier que celui-ci.
Mot presque déplacé pour parler d'un lieu où vécurent des êtres dont n'en revint qu'un.
Des pièces habitées à jamais par les destins foudroyés en 1944.

Anne Frank, un nom que nul n'ignore.
Un visage souriant, des cheveux foncés, un cahier.

Lola Lafon a choisi ce lieu.
Son choix n'était pas innocent.
Passer la nuit dans « l'Annexe ».
Faire face à ce qui fut, à ce qui demeure.
Ressentir les bruits feutrés, les respirations retenues, les peurs contenues.
Se trouver face aux fantômes de ceux qui furent, plonger en soi-même, tenter de comprendre le pourquoi de sa présence.


Elle a préparé cette nuit.
Elle a perçu, lu, entendu la vie qui s'y déroulait.
Un quotidien.
Les exultations d'une adolescence.
Des rêves d'écriture.
Une conscience mature des Hommes.

Lola Lafon a rencontré.
Elle raconte les excès, elle dit la réalité comme il est nécessaire qu'elle soit.

Elle dévoile le pourquoi de son choix.
Pudique, réservée, elle entraîne le lecteur dans la douleur de la folie humaine qui brise tant de vies.
Elle livre le vécu familial, la douleur, la difficulté d'être ailleurs, les regards malveillants.

C'est un livre salutaire qui, simplement, dit les faits, les sentiments, les monstruosités dont l'homme est capable.

Un miroir où tout se reflète, voilà à quoi me fait penser cette nuit passée auprès d'Anne Frank qui, plus qu'une image ou un symbole, reprend vie et appelle à la vigilance.
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Comment raconter l'absence? Comment ne pas être écrasée par ce vide que laissent les disparus? Ces questions occupent constamment l'esprit de Lola Lafon lorsqu'elle passe une nuit au Musée Anne Frank, dans le cadre de la surprenante collection "Ma nuit au musée". Elle y relate aussi bien ce qu'elle ressent lors de sa visite, dans les salles d'exposition, lors de ses pérégrinations dans les différentes pièces de l'Annexe, habitée pendant plus de 700 jours par Anne Frank, sa famille, et 4 autres clandestins juifs de 1942 jusqu'à leur arrestation par la Gestapo, que les interrogations plus personnelles que suscitent en elle ces lieux chargés d'une tragédie intime et universelle.
Avec émotion et pudeur, Lola Lafon embarque ses lecteurs à sa suite, évoquant notamment le statut d'écrivaine d'Anne Frank, ou la béance des dernières pages, de cette fin jamais écrite. Elle documente les dernières semaines de vie d'Anne et de sa soeur Margot, écoute des témoignages directs, et évoque le travail d'Otto Frank à son retour, son combat pour diffuser le témoignage précieux et irrévérencieux de sa fille. La précieuse irrévérence de la jeunesse que célèbre avec justesse Lola Lafon.
L'autrice nous parle d'elle aussi : l'enfance en Roumanie, sa grand-mère polonaise, la déportation des grands-parents, et le poids de ce passé pour les générations suivantes. Enfin comme une confidence, elle nous livre l'histoire de la chanson du titre, bouleversante.
Avec beaucoup de délicatesse, Lola Lafon compose de son écriture précise un texte précieux et essentiel qui m'a beaucoup émue. Une lecture adorée !
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A ma grande honte, j'avoue ne pas avoir lu le Journal d'Anne Franck. Je me souviens, lorsque j'étais au pensionnat - c'est très ancien- quelques camarades, pas très nombreuses d'ailleurs, le lisais ou l'avais lu. Fermant le livre de Lola Lafon je prends l'engagement de lire ce journal en 2024.

Ce livre est le récit de la nuit du 18 août 2021 passée par l'autrice dans l'annexe du Musée Anne Franck.
L'autrice se déplace à l'intérieur du musée et de l'annexe où vécurent cachés pendant deux ans Anne, Margot, leurs parents et quatre autres personnes. Ce n'est qu'en fin de nuit qu'elle osera pénétrer dans la chambre d'Anne. Elle fait part de ses réflexions et donne des informations qui lui ont été communiquées par des personnes ayant connu les Franck. Elle parle de ses propres souvenirs, de sa mère, de la Roumanie et de son amitié avec Charles Chea, le jeune cambodgien "un adolescent à abattre pour les Khmers rouges."

Ouvrage court mais très dense, d'une grande sensibilité où l'émotion affleure à chaque page.
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Je viens de terminer ma lecture et je suis encore sous le coup de l'émotion. Je ne sais pas si le besoin d'écrire tout de suite mon ressenti est un écho à toute cette absence évoquée par l'auteure mais l'urgence est là...
Ce livre n'est pas uniquement le récit d'une nuit passée au musée , il s'inscrit en devoir de mémoire avec pudeur,sensibilité et surtout beaucoup d'humilité. Raconter Anne Frank, essayer de la saisir en passant une nuit dans l'Annexe se révèle une délicate opération car écrire Anne, c'est surtout écrire ce qui n'est plus, ce qui aurait pu être mais ne le sera jamais. C'est aussi suivre une trace. Celle qu'elle a laissé mais aussi celle qu'elle a gravé. On ne va pas vers Anne Frank sans y donner un peu de son âme.
A travers le récit de la jeune femme, Lola Lafon fait émerger les points de convergence avec sa propre histoire, faite de silences sonores tellement ils sont tus. Elle se révèle peu à peu. Elle érige l'absence en présence, celle qui parle du déracinement de sa famille et de tant d'autres...pour nous capturer jusqu'aux dernières lignes de son récit en nous éclairant sur le choix de son titre.
Un livre intense,d'une rare et belle émotion.
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