Au point de vue strictement pictural, Ribera et Zurbaran n'offrent pas de moins grandes et de moins sérieuses analogies. L'un et l'autre ont le même goût et le même attrait pour la nature qu'ils consultent sans cesse. Mais tous deux se sont bien gardés de reproduire l'apparence passagère et extérieure des êtres et des choses. Ils en ont cherché la signification et en ont extrait le caractère. Chez Ribera comme chez Zurbaran, quelque brutal et contrasté que soit le premier, la lumière malgré la violence de ses modifications conserve toujours sa parenté avec le ton local : cette lumière, répandue d'une façon saisissante, ne l'est jamais au détriment de la vérité de l'effet.
Ribera et Zurbaran sont les représentants les plus hauts de leur race et de l'esprit de leur temps. Tous deux, de la vie, ne sentent que les douleurs et les tristesses ; tous deux ne cherchent la consolation et le réconfort que dans les espérances futures, ne voient l'apaisement qu'au delà du tombeau. L'imagination de Ribera ne conçoit que des scènes terrifiantes et sanguinaires, celle de Zurbaran, que des tableaux graves et sombres.
Regardez attentivement les portraits sortis des pinceaux de ces deux maîtres; ils sont rares, mais en nombre suffisant cependant pour exprimer et rendre, tous sans exception, la mélancolie inhérente à chacun de leurs modèles, leur entêtement sans limites, leur obstination absolue, leur exaltation concentrée.