Il est des personnes qui n'ont vraimet pas de chance. Non, je ne parlais pas d'Isaac Shelton, ex-débardeur sur les quais, ex-boxeur amateur, je parle de l'homme politique qui est trouvé mort en pleine rue, parce qu'il a succombé alors qu'il était en compagnie d'une dame de petite vertu et qu'elle a jugé bon de déplacer le corps. Sur les lieux, un petit homme qui ne paie pas de mine relève les faits qui lui permettent de résoudre l'enquête. Un policier ? Pas du tout : un libraire, un homme dont la vie est réglée comme du papier à musique. Il doit être rentré à 20 h 30 chaque jour, pour nourrir ses chats. Il prend des gouttes, pour ses sinus, il prend des médicaments, pour le stress. Felter – tel est son nom – sympathise pourtant avec Shelton, qui est dans une situation financière délicate, et qui, en tant qu'apprenti-journaliste, a besoin d'un scoop, et très vite.
Ce n'est pas tant le scoop qui arrive qu'une nouvelle affaire : un homme est retrouvé mort, étouffé par de la mélasse. Qui a pu commettre un tel acte ? Et comment la victime a-t-elle pu être immobilisée ? Un autre crime est commis, et à nouveau, la victime est noyée dans la mélasse. Alors, cela rappelle à certains une tragédie qui a eu lieu quelques années plus tôt, une tragédie bien réelle, dont l'auteur nous parle à la fin de la bande dessinée : ce désastre a eu lieu dans une distillerie locale, une citerne s'est écroulée, faisant 150 blessés et 21 morts, des chevaux, des chiens succombèrent aussi. Penser que le coupable est une personne qui a été une victime collatérale de cette tragédie s'impose comme une évidence pour les enquêteurs, qui craignent que la liste des victimes ne s'allonge. Tant de personnes travaillaient dans cette distillerie, tant peuvent être jugés responsables. Comment tous les protéger ?
Pendant ce temps, Shelton et Felter enquêtent, ou plutôt, Shelton entraîne Felter dans ses enquêtes, et ce dernier apprécie modérément ce qu'il doit faire, Shelton ayant le don pour le placer dans des situations loufoques – à condition de ne pas craindre l'humour noir, il est des personnes qui se choquent facilement. le dessin reste très classique, les couleurs sont chaudes, façon sepia, un peu comme si l'on regardait de vieilles photos avec émotion. le duo d'enquêteurs que tout oppose n'est pas non plus une idée nouvelle, mais j'ai vraiment passé un bon moment en leur compagnie, avec une nette préférence pour Felter – forcément.
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