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Lufthunger Pulp tome 1 sur 1
EAN : 9782958288006
125 pages
Lufthunger Club (18/06/2022)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Notre conception du temps nous pousse à jalonner tant l'Histoire que nos vies, à fixer des points de ruptures lorsque de grands événements y surviennent. Ces ruptures définissent deux mondes : celui d'avant et celui d'après.

L'évolution effrénée de notre société ne l'a d'ailleurs pas seulement modifiée : elle a aussi raccourci de manière vertigineuse l'intervalle entre ces ruptures. Plusieurs siècles ont séparé la calèche de l'avion... Et à peine plus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'accueil froid de la nouvelle au XXIe siècle reste pour moi mystérieux. Tous les indicateurs sont au vert pour un come-back du format court, que ce soit notre capacité d'attention plus réduite et disparate, l'hégémonie du monde numérique et sa surabondance informationnelle, les distractions culturelles également plus nombreuses… La nouvelle a immortalisé bien des noms de la littérature par le passé : Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft, Gogol, Maupassant, et j'en passe ! Je pense que c'est surtout une question d'infrastructure, et de rentabilité… Il y a aussi cette vue de l'esprit absurde à dresser le roman comme le pinacle de la carrière littéraire, et les nouvelles comme les balbutiements de petits auteurs sans envergures, qui persiste dans l'esprit des gens… Mais là encore, quelques infrastructures peuvent suffire à changer les mentalités. Pendant plusieurs siècles les nouvellistes faisaient les pages de nombreux journaux – certes payé au lance-pierre, mais visible de tous. Aux États-Unis, durant la première moitié du XXe siècle, les pulps ont grandement participé à l'imaginaire geek et pop culture d'aujourd'hui, l'influence de ce genre de format n'est donc pas à minimiser… LUFTHUNGER se dresse comme un héritier direct du PULP – évoquant cette filiation jusque dans la présentation typographique et formelle de sa mise en page. Les initiatives autour de la nouvelle ont un regain d'intérêt chez certains éditeurs indépendants et certains magazines, pour en citer quelques-uns : le retour frondeur de Metal Hurlant, les chronopages des éditions 1115, les anthologies issues d'Appels à texte divers, etc.

Royaume inconditionnel des univers SFFF, ce premier numéro intitulé le Monde d'Après – développé durant la crise COVID – fait la part belle à la Science-Fiction, sans pour autant se priver parfois de clins d'oeil au genre du polar ou de la science-fantasy. Je n'aurais pas été contre davantage de variété et de surprise dans les récits, mais je ne peux nier une réelle qualité dans la sélection des textes. Je me sens obliger pour cela de faire du cas par cas afin d'établir un panorama des mondes à traverser :

- Revølte ! ou Stratégie d'Auto-annihilation de Julien Guého (♥), propose un Matrix nourrit de trivialité, de cynisme et d'ironie avec ses univers virtuels et ses rébellions contre l'ordre établi. Une entrée en matière prévisible, mais maîtrisée et prêtant à sourire.

« Quand je lui ai dit (sur le ton de la plaisanterie) : « Viens bébé. Enjambe mon fidèle destrier, ma bécane de l'enfer, et suis-moi à travers les steppes. On chevauchera les monts. On traversera les mers radioactives et les océans de plastique. On évitera les villes abandonnées. On trouvera un terrain joli avec des arbres et un étang. On vivra à poil l'été et on plantera des choux. On se mettra près du poêle l'hiver et on se comptera les poux. On sera beaux. On sera libre. Et on s'aimera jusqu'à la mort. […] Deux heures plus tard, j'étais mort dans mon vomi.
ShiftPuce offline.
Désynchronisation du système Dream Reality d'Orlaï Chapanov.
Désarchivage de la structure fictive en cours : Effondrement de la société thermoindustrielle.
Réintroduction de la conscience en First Reality dans 3, 2, 1, 0. »

***

- Nero de Damien Langlois, choisis un format édito rafraichissant. Dans un monde où une certaine drogue est devenue la norme, le journaliste enquête sur les effets secondaires de sa privation. le cynisme est au rendez-vous et n'est pas sans me rappeler l'imaginaire des classiques 1984, le Meilleur des Mondes, Fahrenheit 451 (références assumées par le metatexte).

« J'ai déterré des livres anciens que je ne savais pas posséder. 1984. Fahrenheit 451. La zone du dehors. J'ai essayé de les lire. Les mecs du monde d'avant savaient écrire, faut leur reconnaître ça. Mais prendre un peu de NERO les aurait un peu détendus. Et puis leurs salades sur les sociétés de contrôle sont ridicules. »

***

- Déjà-vu '87 de Serge Pelissier, enquête cyber-punk hanté de l'esprit de Matrix – déjà-vu – ou encore Blade Runner et Altered Carbon. Un peu trop verbeux dans ses dialogues, l'action parfois pas des plus heureuse et rythmée, mais une jolie poétique au niveau de l'atmosphère et des environnements.

« La fin d'une route dans l'aube grise. J'inspire profondément l'air du dehors. Un avant et un après. le ciel glacé est cristallin, l'air acéré pénètre dans mes poumons, le vent coupant comme un couteau. Les yeux levés vers le ciel pur, je contemple dans le lointain les vaisseaux chargés des nuages gris faisant route de nulle part vers nulle part. »

***

Conscription de Thierry Fauquembergue, récit original autour d'un appel à la guerre où l'être humain n'est qu'un pion sur l'échiquier d'I.A sous-traitant stratégie, ressource humaine et simulation de bataille et travaux d'intérêt martiaux. Pas de moment vraiment remarquable, j'aurais aimé des réflexions plus profondes sur ce genre de guerre 3.0.

« Tenter de se rebeller, c'était perdre, quel que soit le dénouement prédit. »

***

Coeurs Interconnectés de Laura Kelche (♥), sous le format d'une lettre nous témoignons d'un monde où l'amour ne se trompe d'aucun secret, d'aucun mensonge ; où les deux amoureux sont connectés l'un à l'autre pour le meilleur et pour le pire. Comment surprendre, comment pimenter sa vie conjugale dans pareille situation ? Un contexte à la Black Mirror qui fascine et nous pose intérieurement moult questionnements.

« On disait que la connexion procédait à l'appariement envers et contre tout. Qu'elle était si infaillible qu'elle faisait ployer la volonté humaine. Qu'elle pouvait me changer. Irrémédiablement. »

***

La Loi de Paname de Marianne Dos Reis, propose un personnage principal se débattant pour gagner de l'argent pour financer son départ d'une planète Terre inondée, déliquescente, désertée et polluée de plastique et polymère devenu vivant. Les descriptions sont précises et soignées ; les personnages sont suffisamment pleins pour les sentir vivants et s'imaginer une part de leurs histoires ; l'action nous plonge en immersion.

« Quelque chose cogna le skif, le déséquilibrant. Erik eut tout juste le temps de s'accrocher à la berge pour le stabiliser, alors que ses yeux fouillaient le néant sous lui. L'eau sombre semblait imperturbable… Et puis, il y eut un éclat gris, une nageoire dorsale aux écailles putrides perça la surface pour foncer sur le skif. »

***

Des Trésors d'Ingéniosité de Paul Simon (♥). Un auteur ingénieux tout comme son texte qui se rythme et s'étoffe petit à petit. Et si l'humanité évoluait dans une simulation informatique ; c'est sur cette théorie que prospecte l'auteur. Quelles réactions étreindra l'humanité sur cette révélation ? Quelles intrigues existentielles surgiront devant pareil constat ? de quelle manière communiquer avec ceux derrière la simulation ? de quelles options dépendrions-nous pour nous tirer d'un black-out ? Un style simple et savant, une narration distante, mais ô combien réflexive qui n'oubli ni les péripéties, ni le calme, ni la tempête, ni même l'ironie !

« A cause de la lenteur exaspérante de cette réponse, le but de la simulation et le sens même de leur existence leur resteraient inaccessibles. »

***

Fragrans Feminæ de Laura Chapon-Zoheiri place la vie l'amour et le désir de maternité au centre d'un d'une science-fiction catastrophe. La colonie de l'humanité s'effondre sur elle-même, et pendant que les navettes évacuent vers leur prochain territoire, une mère accouche, la docteure se désire mère envers et contre tout, et le mari cherche à sauver sa femme. Texte sous tension, tout en sensibilité.

« Une fois de plus, c'est son intuition qui l'a poussée à rester. C'est quand il n'y a plus d'espérance que la foi prend tout son sens. »

***

Brume Dorée de Michel Naudin fait le choix d'un vocabulaire plus familier et direct pour décrire le Paradis de dilettance qu'est devenu le monde. Tout est beau, tout est formidable, plus de souffrance, plus d'obligations, juste cette brume dorée dont il faut se protéger pour éviter un mauvais trip, un sale cauchemar, d'horribles souffrances.

« Faut croire qu'on aime tous mieux rester vautrés comme des matous à se chauffer au soleil, chacun parti dans ses rêveries ou même pensant à rien pour que ça soit encore meilleur, on n'y mettrait pas plus d'entrain si on était payés à le faire. C'est pour ça que moi je leur dis merci, chaque fois que je pense à eux, aux gars qui nous ont fait une société si bonne et ont rendu le monde si beau […] »

***

La Tour aux Nuages de Mina Jacobson (♥), me rappelle les concepts étranges entre science-fiction et fantastique parsemant l'oeuvre Enki Bilal (Julia & Roem). Ici, la mémoire se fait siphonner par de terrible tempête. Nous suivons quatre personnages (quatre points de vue) survivants de cette humanité où les liens de l'amitié, de l'amour et de la famille doivent se reconstruire à partir de zéro du jour au lendemain.

« Les souvenirs ont commencé à se détacher de moi comme des peaux mortes. »

***

La Harpie de Rachel Gali (♥). À travers le regard d'Oz, créature marine douée d'intelligence et de conscience, nous nous aventurons avec lui dans les fonds marins afin de protéger sa famille et sa communauté devant l'ombre d'un mythe sanguinaire. Un texte intelligent et original. J'ai été saisi par la communication en couleur de ses créatures. L'auteur maîtrise son univers de bout en bout et garantit suffisamment de zones d'ombre à l'imaginaire.

« - Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il en nuances incertaines.
- J'ai trouvé la lance tombée avec la neige, répond Oz, moucheté d'un indigo de fierté. Et je vais tuer la Harpie. »

***

La Prisonnière de la Planète-Huître de Julien Brethiot (♥) m'a conduit à m'imager un univers à la Moebius avec ses personnages forts en gueule, sa faune étrange et ses environnements vastes, mystiques et désertiques. Les prisons symboliques poursuivent le personnage principal en cherche d'émancipation, jusqu'à la Planète-Huître et ses mystères.

« Si on plongeait tout au fond de cette purée de pois, on trouverait un parterre de coquilles dur comme la pierre et aussi haut qu'un géocroiseur. »

***

La Science-Fiction fait-elle face à une impasse du genre ? Est-il difficile de se renouveler ? Dans cette profusion de produit et d'oeuvre culturel frayant avec la SF (notamment dans l'art visuel et audiovisuel), n'y a-t-il pas une sorte d'uniformisation des idées ? Sommes-nous parasités par ce cadre référentiel omniprésent ? La SF se voulant souvent une prospective de notre monde moderne, ne bute-t-elle pas à notre propre évolution linéaire dévorer par le grand monopole capitalistique ? Faut-il aller voir d'autre culture, plus « discrète » pour trouver un vent de fraîcheur dans le genre ?

Je ne suis pas un amateur inconditionnel de la SF. J'en ai beaucoup vu, j'en ai un peu lu… Malgré tout, je n'ai pas cessé de me poser ces questions lors de ma lecture de cette anthologie. Cela ne retire en rien la qualité des textes, mais le dépaysement n'était pas total, les mondes d'après n'étaient pas si exotiques face aux mondes de science-fiction d'avant. Beaucoup de fins m'étaient prévisible, même parmi mes textes coups de coeur (♥) ! Prévoir, n'est-ce pas finalement être trop familier avec les codes d'un genre ?

Alors maintenant, que faut-il trouver pour exploser cette nucléaritée entre le genre, l'auteur, et le lecteur ?
Lien : https://disappearagain.wordp..
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Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement Mathieu Begot pour l'envoi de ce recueil de nouvelles ainsi que pour sa confiance.

J'ai tout de suite été attirée par le sujet de ces nouvelles sur un monde futuriste et j'avais hâte de voir ce que les auteurs allaient me proposer.

Tout d'abord, je tiens à dire que chaque nouvelle est parvenue à me faire entrer dans un univers de SF varié avec une intrigue intéressante. La plume des auteurs est belle et prenante.

Autre avantage de ce format, les textes sont très courts et vous permettent donc de lire une histoire rapidement tout en ayant les informations nécessaires dans ce laps de temps.

J'ai beaucoup aimé le fait que les auteurs varient le SF avec d'autres styles notamment le thriller et le policier, je ne vous les dévoilerai pas tous afin de ne pas vous spoiler.

Je dois vous avouer que la mise en page est particulière, effectivement, vous trouverez le texte sous forme de colonnes. Au début, j'ai eu un peu de mal à m'y habituer, mais ensuite, j'ai vraiment apprécié ce concept. Cela amène également une dynamique dans la lecture et j'ai rapidement lu les 125 pages de ces douze nouvelles. En plus, le style d'écriture est assez grand et bien aéré.

Evidemment, j'ai préféré certaines nouvelles à d'autres. Celles qui me resteront en mémoire sont "Déjà-vu ' 87" qui mélange la SF à une enquête et "La tour aux nuages" qui traite de la notion de l'oubli. J'ai trouvé toutes les nouvelles intéressantes mais il y en a dont les sujets m'ont moins parlé.

Pour le prix, vous pouvez vous procurer ce roman pour 15 euros sur le site internet de Lufthunger Club (https://lufthunger-club.com/lufthunger-pulp).

J'ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil et je lui attribue la note de 8 sur 10 car comme je l'ai précisé, j'ai été moins attirée par certaines nouvelles.
Lien : http://devoreusedelivres.ekl..
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Une sélection de nouvelles s'inspirant des regrettés pulps! Les nouvelles sont très variées, tantôt drôles, tantôt sombres, présentant des concepts ou des personnages forts... Difficile à dire laquelle j'ai préférée: peut-être "Des Trésors d'ingéniosité" dont le ton n'est pas sans rappeler Douglas Adams, ou "La Loi de Paname" qui parvient à esquisser des personnages attachants dans un monde sans illusion...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J'avais eu si souvent envie de tout effacer, recommencer à zéro, reprendre une vie comme les autres. Me noyer dans la masse de ceux qui n'avaient pas vécu la fin du monde.

Mais si j'acceptais d'oublier, alors mon frère, ma famille, ils disparaîtraient. La mémoire, c'est tout ce qu'il me restait d'eux, aussi douloureuse qu'elle soit.
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