Puisque je relis quelques ouvrages de Valery Larbaud l'été de la Coupe du monde de foot, disons que l'auteur bourbonnais (ce qui n'en fait pas un écrivain régionaliste) fut avant tout un passeur décisif. Certain des ses romans (Fermina Marquez) et poèmes (A.O. Barnabooth) se lisent certes encore avec plaisir mais d'autres comme Beauté, mon beau souci (histoire d'amour ayant pour cadre l'Angleterre) ont un goût un peu suranné. On se souviendra donc plutôt du Larbaud voyageur et polyglotte, grand lecteur (Ce vice impuni, la lecture) et passeur de talents : James Joyce, William Faulkner, Samuel Butler (qu'il traduisit) pour ne citer que les anglo-saxons.
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Il avait une formule pour juger, au départ, des liaisons qu'il avait pendant ces intermittents séjours dans plusieurs pays, ces petits mariages de matin auxquels il n'attachait, au fond, pas beaucoup d'importance car il croyait encore au "grand amour" et l'attendait, il disait: "Après une liaison ennuyeuse, ou trop absorbante, ou scandaleuse, ou coûteuse, ou simplement désagréable, un point. Après une liaison qui n'a été rien de tout cela: point et virgule." Eh bien, après Edith - et Queenie - ce serait : point et virgule.
Le fait qu’il pût plaire à une femme, ou tout au moins qu’une femme se laissât aimer de lui, était toujours pour Marc un sujet d’étonnement, et chaque fois que ce fait lui devenait évident, il inclinait à croire que c’était l’effet d’un hasard, d’un miracle, et que ce phénomène insolite ne se reproduirait plus jamais dans sa vie. Ce n’était pas qu’il fût exempt de fatuité, mais cette fatuité était toute en surface, et au fond il se jugeait sévèrement et n’avait aucune confiance en lui-même.
[Rentrée littéraire 2022]
Entre 1942 et 1944, des milliers d'enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.
Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d'internement en foyers d'accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu'elle aurait dû connaître si elles n'avaient été assassinées, et leurs amies.
C'est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d'aujourd'hui. Mais aussi celui du génie de l'enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte.
Cloé Korman est née en 1983 à Paris. Son premier roman, "Les Hommes-couleurs" (Seuil, 2010), a été récompensé par le prix du Livre Inter et le prix Valery-Larbaud. En 2013, elle a publié, toujours au Seuil, "Les Saisons de Louveplaine", puis "Midi" en 2018, et "Tu ressembles à une juive" en 2020.
Lire les premières pages : https://bit.ly/3wVw2Tu
Découvrir tous les romans de la rentrée littéraire des éditions du Seuil : https://bit.ly/3NQpKeq
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