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Hubert Juin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070318339
228 pages
Gallimard (27/01/1972)
3.93/5   65 notes
Résumé :
« Il avait voulu fixer l'apparence des choses, la voix des êtres. Il rêvait à la victoire de l'homme sur le temps ennemi. Il a passé – comme il dit – des portes ouvertes sur l'imaginaire. Le Coffret de santal rassemble et mélange, sauve et confond quatre visages de femmes : Nina de Villard, sauvagement aimée, qui était brune ; Sidonie, énigmatique, inconnue, qui, si l'on en croit les poèmes, était blonde ; Mary Hjardemaal, l'épouse ; Solange de Ladevignère, morte je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Intrigué par cet auteur dont je ne connaissais que le nom, intrigué par son nom (sans c ) d'ailleurs , émoustillé parce qu'inclus dans ce recueil comprenant trois monstres de la littérature : Rimbaud, Lautréamont et Corbière, pris au piège enfin parce qu'une babeliote m'avait demandé ce que j'en pensais... j'ai enfin abordé l'oeuvre de Charles Cros.
Brillante, certes, écrite avec beaucoup de facilité - où sont les Baudelaire de ce monde qui mettent leur tripes dans leurs vers ? -, mondaine parfois mais exhalant aussi cette évidence poétique dont Prévert sera bien plus tard le chantre majeur, souvent prisonnière de sa forme, alexandrine ou non, quelque peu ironique enfin, la poésie de Mr Cros reste bien en dessous de ses colocataires (Rimbaud, Lautréamont Corbière).
Il ya donc déception ! Charles Cros était un brilliant scientifique mais était-il poète ? Ou poète de salon ? J'ose poser la question.
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Charles Cros, né en 1842 à Fabrezan (Aude), mort en 1888 à Paris, est un poète et inventeur français. La science et la poésie, quelle drôle d'alchimie... Voilà ce qui fait de Charles Cros, un personnage singulier...


Dans la préface, le poète s'adresse à ses lecteurs et les invite à fouiller dans ce coffret afin d'y faire leur choix. Ils se laisseront peut-être conquérir...

Quel encombrement dans ce coffre !
Je vends tout. Accepte mon offre,
Lecteur. Peut-être quelque émoi,

Pleurs ou rire, à chez vieilles choses
Te prendra. Tu paieras, et moi
J'achèterai de fraîches roses


Et bien c'est dit, j'ai fouillé et j'y ai trouvé mon bonheur.
Du rire, bien sûr avec "Le hareng saur",
De l'amour, très souvent,
Mais aussi, bien des regrets, déceptions et désillusions,
Ou encore de l'humour et de la mélancolie.
J'ai traversé les saisons, longé le fleuve, observé les petits métiers des rues, goûté l'absinthe...


De jolies découvertes dans ce coffret de santal dans lequel je vous conseille de plonger. Vous y trouverez forcément ce que vous cherchez...

Mes souvenirs sont si nombreux
Que ma raison n'y peut suffire
Pourtant je ne vis que par eux,
Eux seuls me font pleurer et rire.


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Dans la foulée de mes lectures de poètes surréalistes , j'en suis venu à lire ce recueil de Charles Cros pas très connu comme poète, car j'avais lu qu'il devait sa réussite tardive aux surréalistes qui virent en lui un précurseur.
(Le poètes va être parmi les premiers à user de la prose, et annonce les surréalistes en présentant des visions, des images disparates).
Seul recueil publié de son vivant, le poète le compare à un coffre (coffret) contenant des biens précieux (santal).
Dans la préface, il donne son objectif littéraire : décrire la beauté ( un poème est un bijou précieux). Il nous convie à apprécier la langue :

"Quel encombrement dans ce coffre !
Je vends tout. Accepte mon offre,
Lecteur. Peut-être quelque émoi,
Pleurs ou rire, à ces vieilles choses
Te prendra. Tu paieras, et moi
J'achèterai de fraîches roses."

Au niveau des thèmes représentés, on retrouve la femme (les femmes de sa vie) qui inspire le poète, la nature, la condition de poète, l'usage de la poésie (transformer le réel en modifiant notre perception du monde) et pour finir quelques texte qui jouent avec les mots.

Tout comme l'écrira Verlaine en 1888, j'ai vraiment apprécié ce Coffret de santal :

« Vous y trouverez, sertissant des sentiments tour à tour frais à l'extrême et raffinés presque trop, des bijoux tour à tour délicats, barbares, bizarres, riches et simples »

Comme lui, je trouve que Charles Cros est

« un versificateur irréprochable qui laisse au thème toute sa grâce ingénue ou perverse » et qualifia sa manière d'« indépendante et primesautière » (les Hommes d'aujourd'hui, 1888).


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Je viens tout juste d'achever ce recueil de poésies diverses débuté il y a bien des années, déjà, certainement au début de ma première khâgne si je ne m'abuse. J'avais été attiré par le caractère hétéroclite de l'ouvrage, réunissant des oeuvres très variées, formellement parlant, thématiquement un peu moins. On y trouve un vers métrique traditionnel reprenant les schèmes classiques ou plus baroques – des sonnets, une ballade, notamment –, un vers libre, un poème en prose qui épouse la forme du verset poétique à maintes reprises. Charles Cros ne brille pas franchement par ses vers, qui sont estropiés, qui boitillent péniblement, et c'est le principal problème que j'ai trouvé à ce recueil : si certains vers sont très beaux, les poèmes ne sont jamais lumineux jusqu'au bout, un alexandrin qui traîne du pied, un octosyllabe qui sonne très mal, etc. Thématiquement, on tourne en rond quant à cette figure qui parcourt le recueil mais qui se renouvelle, à mon avis, difficilement, celle d'une femme – ou de plusieurs, réunis sous le pronom Elle – avec qui le poète vit mille et un tourments, mille et une joies. Aussi multiple soit-il, le Coffret de santal reste un recueil dédié à Éros, à Vénus et son Cupidon, où l'amour platonique se mêle à un érotisme pudique, parfois ténu – le sein revient dans la majorité des pièces comme un élément quasi structurant, obsédant. Si j'ai trouvé les vers de Cros maladroits, voire franchement laids à certains endroits, sa prose demeure tout du long agréablement harmonieuse, notamment les derniers poèmes, et j'ai refermé le livre avec une très grande frustration d'avoir lu de mauvais vers mais des proses fulgurantes mais trop peu nombreuses. Pourquoi personne n'a pu conseiller à Charles Cros d'abandonner le vers pour émerveiller le monde avec ses proses ? S'il s'était concentré sur cette forme, précisément, il eût pu écrire de grands poèmes que nous lirions avec plaisir et qui seraient considérés, je crois, comme des classiques de la poésie française. Hélas, il s'est attardé sur un vers où il excellait moins, sans peut-être s'en rendre compte, ou par entêtement, ou par passion pour cette forme si illustre, ô combien poétique. On me trouvera peut-être de mauvaise foi, concernant ce jugement très sévère sur le vers de Cros, et il est vrai que plusieurs de ses sonnets, quoique imparfaits, ont quelque saveur très tendre ; mais c'est un ressenti personnel et global.
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Lecture trop diluée, je ne sais plus trop quoi dire. J'ai aimé. Cela s'est envolé. Feuilletons. J'ai souligné : "Je me tue à vouloir me civiliser l'âme". Page suivante : Lento, lue à la fenêtre, un soir d'été, à haute voix. Pas envie de le relire. Garder simplement ce moment en mémoire, la pure présence des mots, partis, ne pas trop les faire revenir. le hareng saur, Alain Faudemay, dans une salle de séminaire ("Enfance et poésie"), à Miséricorde, Faudemay croisé cet après-midi. Pas de grands signes. C'est fini. Juste le souvenir de sa voix qui récite, délicieusement, ce hareng saur, sec, sec, sec... Je suis de l'autre côté. Avoir aimé Charles Cros et ne pas vouloir en dire grand chose. Quand je lisais, il y a déjà si longtemps, je me disais, après chaque poème, que c'était terriblement bien écrit, que c'était de la poésie selon mon coeur. Je ne me dis plus rien. Je ne serai pas marqué par Charles Cros, volatilisé.
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Ma pensée est une églantine
Éclose trap tôt en avril,
Moqueuse au moucheron subtil
Ma pensée est une églantine;
Si parfois tremble son pistil
Sa corolle s’ouvre mutine.
Ma pensée est une églantine
Éclose trop tôt en avril.

Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs violettes,
Un peu rude au doux abandon
Ma pensée est comme un chardon;
Tu Viens le visiter, bourdon?
Ma fleur plaît à beaucoup de bêtes.
Ma pensée est comme un chardon
Piquant sous les fleurs Violettes.

Ma pensée est une insensée
Qui s’égare dans les roseaux
Aux chants des eaux et des oiseaux,
Ma pensée est une insensée.
Les roseaux font de verts réseaux,
Lotus sans tige sur les eaux
Ma pensée est une insensée
Qui s’égare dans les roseaux.

Ma pensée est l’âcre poison
Qu’on boit à la dernière fête
Couleur, parfum et trahison,
Ma pensée est l’âcre poison,
Fleur frêle, pourprée et coquette
Qu’on trouve à l’arrière-saison
Ma pensée est l’âcre poison
Qu’on boit à la dernière fête.

Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid
Sans souci d’heure ni d’endroit
Ma pensée est un perce-neige.
Si son terrain est bien étroit
La feuille morte le protège,
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid.
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Ma belle amie est morte,
Et voilà qu’on la porte
En terre, ce matin,
En souliers de satin.

Elle dort toute blanche,
En robe de dimanche,
Dans son cercueil ouvert
Malgré le vent d’hiver.

Creuse, fossoyeur, creuse
A ma belle amoureuse
Un tombeau bien profond,
Avec ma place au fond.

Avant que la nuit tombe
Ne ferme pas la tombe;
Car elle m’avait dit
De venir cette nuit,

De venir dans sa chambre:
« Par ces nuits de décembre,
Seule, en mon lit étroit,
Sans toi, j’ai toujours froid. »

Mais, par une aube grise,
Son frère l’a surprise
Nue et sur mes genoux.
Il m’a dit: « Battons-nous.

Que je te tue. Ensuite
Je tuerai la petite. »
C’est moi qui, m’en gardant,
L’ai tué, cependant.

Sa peine fut si forte
Qu’hier elle en est morte.
Mais, comme elle m’a dit,
Elle m’attend au lit.

*

Au lit que tu sais faire,
Fossoyeur, dans la terre.
Et, dans ce lit étroit,
Seule, elle aurait trop froid.

J’irai coucher près d’elle,
Comme un amant fidèle,
Pendant toute la nuit
Qui jamais ne finit.
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Elle s'est endormie un soir, croisant ses bras,
Ses bras souples et blancs sur sa poitrine frêle,
Et fermant pour toujours ses yeux clairs, déjà las
De regarder ce monde, exil trop lourd pour Elle.

Elle vivait de fleurs, de rêves, d'idéal,
Âme, incarnation de la Ville éternelle.
Lentement étouffée, et d'un semblable mal,
La splendeur de Paris s'est éteinte avec Elle.

Et pendant que son corps attend pâle et glacé
La résurrection de sa beauté charnelle,
Dans ce monde où, royale et douce, Elle a passé,
Nous ne pouvons rester qu'en nous souvenant d'Elle.
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Mes souvenirs sont si nombreux
Que ma raison n'y peut suffire.
Pourtant je ne vis que par eux,
Eux seuls me font pleurer et rire.
Le présent est sanglant et noir;
Dans l'avenir qu'ai-je à poursuivre?
Calme frais des tombeaux, le soir !...
Je me suis trop hâté de vivre.

Entre tes bras j'espérais pouvoir
Attendre l'heure qui délivre;
Tu m'as pris mon tour. Au revoir.
Je me suis trop hâté de vivre.
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Soir

Je viens de voir ma bien-aimée
Et vais au hasard, sans desseins,
La bouche encor tout embaumée
Du tiède contact de ses seins.

Mes yeux voient à travers le voile
Qu'y laisse le plaisir récent,
Dans chaque lanterne une étoile,
Un ami dans chaque passant.

Chauves-souris disséminées,
Mes tristesses s'en vont en l'air
Se cacher par les cheminées.
Noires, sur le couchant vert-clair.

Le gaz s'allume aux étalages...
Moi, je crois, au lieu du trottoir,
Fouler sous mes pieds les nuages
Ou les tapis de son boudoir.

Car elle suit mes courses folles,
Et le vent vient me caresser
Avec le son de ses paroles
Et le parfum de son baiser.
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Videos de Charles Cros (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Cros
Charles CROS – Relecture d'une œuvre écartée trop vite (France Culture, 1980) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 28 novembre 1980 sur France Culture. Présences : Louis Forestier, Jacques Bens, Michel Décaudin, François Caradec. Lecture : François Chaumette, Emmanuelle Riva, Bernard Jousset.
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