L'éminent professeur Pedro-Joao Himmelkopf, internationalement connu (surtout au Vénézuéla et sur l'île de Pâques), diplômé des sciences cognitives de la Cabeza de Tijuana mais non reconnu par ses pairs, (tu m'étonnes!), s'est penché sur une question existentielle qui touche ou touchera la plupart d'entre nous: la crise de la quarantaine. Pour cela, il va prendre pour sujet un homme de quarante ans, jusque là, rien d'anormal... Comme par hasard, il le trouve accoudé au bar (cela va sans dire que je ne sous-entends pas que tout homme de 40 ans est alcoolo!). Il lui paie des verres pour l'amadouer, le faire parler et l'emmener à son cabinet. Là, notre pauvre sujet n'aura d'autre choix que parler (précisons que ce dernier est attaché au divan du professeur... évidemment, ça aide pour se confier, surtout si on a une arme pointée sur soi!). Avec lui, il pourra ainsi évoquer les choses qui l'énervent, le monde impitoyable dans lequel nous vivons, les enfants intenables sur lesquels il ne semble pas avoir autorité, la théorie du voisin, les envies de suicide, la télévision devant laquelle il se vautre à longueur de journée...
Encore une fois,
Manu Larcenet surprend avec cet album qui est plus un roman dessiné qu'une bande dessinée comme on peut l'entendre. Pas moins de 220 pages, utiles sans doute, pour décortiquer le pauvre quarantenaire qu'est l'auteur. Car, oui, il s'agit bien de lui (reconnaissable à son petit tatouage sur le bras: un petit coeur avec Ferri écrit en dessous!). Certes, avec de l'humour, de l'autodérision bien placée et des anecdotes plutôt bien vues, l'auteur sait évidemment mieux que quiconque se raconter. Sans être sérieux mais traitant de sujets cohérents, ce petit album surprenant, un peu comme une sorte de défouloir, parsemé de quelques dessins brefs et nerveux, nous montre une fois de plus toute l'étendue du talent de
Larcenet.
L'Angélus de midi... démoniaque!