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Southern Bastards tome 1 sur 4
EAN : 9782365776264
112 pages
Urban Comics Editions (20/03/2015)
4.04/5   56 notes
Résumé :
De retour à Craw County, Earl Tubb n'a qu'une chose en tête: vider la maison du vieil oncle Buhl et repartir au plus vite de cette petite ville d'Alabama qu'il a quittée voilà 40 ans. Il suffira d'une altercation avec quelques locaux au diner du coin pour transformer ce séjour en descente aux enfers. Un enfer taillé sur mesure par Euless Boss, coach de l'équipe de football local et ennemi juré de feu le shérif Tubb, paternel d'Earl.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Southern bastards 1 Ici repose un homme (20.03.2015)
Il a fui autant sa cambrousse que son paternel violent ; il a vécu la guerre du Viêtnam et a tout fait pour laisser son passé derrière lui ; il revient dans sa ville natale pour déblayer la maison familiale : Earl Tubb ne compte pas s'éterniser dans ce petit bled paumé d'Alabama qu'est Craw County. le premier tome de Southern Bastards est là pour nous narrer ce qui lui prendra tant de temps pour quitter cette bourgade « pittoresque à l'américaine ».

[Davantage de contenus (éléments connexes, images, critique plus longue) sur https://bibliocosme.wordpress.com/2015/03/20/southern-bastards-tome-1-ici-repose-un-homme/ ]

Craw County sent bon le fin fond de la campagne américaine. L'Alabama dans toute sa splendeur, semblerait-il. Les chiens errants contestent le prix de l'attractivité aux bastons de comptoir et seul le terrain local mobilise les masses brutales qui squattent le bar au crépuscule. de plus, quand on a des flingues dans les poches et des battes dans la voiture, forcément, tout peut dégénérer très vite dans ce genre d'ambiance glauque, sale et rustre. Si vous êtes plutôt fan de My Little Pony (Frienship is Magic !) ou bien même à la recherche de séries humoristiques, passez votre chemin : ici, on règle ses problèmes en famille et on ne les règle pas forcément proprement.
Dans cette atmosphère très propice à l'intrigue crasseuse, le scénario de Jason Aaron nous fait suivre le cheminement personnel du personnage principal non seulement à travers ses actes violents qui chamboulent la vie de Craw County, mais aussi et surtout à travers les appels à sens unique passés vers une personne inconnue du lecteur, pendant lesquels Earl Tubb se confie et s'épanche sur ses souvenirs maintes fois ressassés, sa réticence à laisser les choses dégénérer mais aussi la fatalité de la situation. C'est un élément au départ anecdotique qui prend au fur et à mesure une importance touchante et quasiment implacable.
C'est une bonne équipe que celle composée de ces deux Jason, puisque pour accompagner Jason Aaron, nous trouvons le dessin très particulier de Jason Latour. le dessinateur choque via des petites vignettes pleines d'action dans une violence bien jaugée, même si certains pourraient la juger insoutenable vu la situation. Des graphismes très sombres et pourtant très clairs dans leur lecture (attention malgré tout au lettrage, très heurté et difficile parfois à appréhender) sont là pour engoncer un peu plus l'atmosphère dans le lugubre et le malsain, voire le désespérant. Enfin, des bonus un peu particuliers attendent le lecteur en fin d'ouvrage, bonus qui correspondent tout à fait à l'ambiance de ce comics fait d' « authenticité banale » et de « terroir local », avec notamment les traditionnelles couvertures de dessinateurs divers pour donner leur vision de cet univers rural, ainsi qu'une recette de cuisine (!) : Jason Aaron dans ses oeuvres.

Encore donc une publication réussie d'Urban Comics traduite à partir d'un matériel très récent (2014 aux États-Unis) et issu du catalogue d'Image Comics pour lequel les éditeurs français se battent de plus en plus ardemment (notez seulement que Walking Dead et Saga en tous deux issus…) ! Quatre chapitres et un court épilogue tranchants comme un poignard aiguisé et puissants comme le gourdin de M. Tubb : le premier tome de Southern Bastards peut se lire comme un one-shot isolé de tout le reste de vos lectures, sachez juste que la suite est rapidement prévue en version française pour juin 2015 et centrée, à première vue, sur le personnage du Coach Boss.

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Après plus de 40 ans d'absence, Earl Tubb remet les pieds à Craw County, en Alabama, sa ville natale. Il y est venu juste pour 3 jours, le temps de vider la maison familiale qu'occupait son oncle, désormais en maison de retraite. Dans les rues, il remarque qu'un certain Boss semble avoir la mainmise sur la ville. Une fois arrivé au domicile, il se rend sur la tombe de son père, Bertrand. Un arbre gigantesque a poussé sur la stèle de l'ancien shérif. Earl s'attaque ensuite au déménagement. le lendemain, il se rend au snack de la ville pour manger un morceau. Alors qu'il est en train de déguster ses côtes de porc, il se fait interpeller par un homme, un certain Dusty, qui entame la discussion. Ce dernier, reconnaissant Earl, lui conseille vivement de quitter cette ville au plus vite. Pour l'instant, lui, Dusty, a rendez-vous avec le coach Boss. Un de ses hommes de main l'entraine dans les cuisines et le menace d'une arme. Earl, qui a tout vu, ne compte pas laisser ces malfrats s'en tirer à si bon compte...

Voilà un premier tome et une première de couverture qui donnent le ton! Earl Tubb, qui a quitté depuis 40 ans le patelin paumé, n'est visiblement pas au bout de ses surprises quant à la mentalité de ses habitants et de ceux qui semblent faire dorénavant leur loi. Jason Aaron nous plonge dans un monde de violence, de brutalité et de vengeance. L'on apprend au fil des pages les raisons qui ont poussé Earl à quitter ce patelin. Là encore, l'on bascule dans la violence. L'auteur nous plonge dans une ambiance lugubre, sauvage, sanguinaire, parfois crasseuse, rendant parfois cette lecture éprouvante.
Le dessin et les couleurs de Jason Latour servent à merveille ce récit brut et intense: un trait anguleux et vif, des couleurs sombres, à dominante rouge.
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Craw County, Alabama.

Un bled du sud quitté sans regrets il y a près de quarante ans maintenant.
Le temps de vider la vieille baraque familiale et Earl Tubb reprendra la route pour ne jamais y refoutre les pieds.
Rien n'a changé.
Ah si, la vieille tombe paternelle semble s'être muée en Yggdrasil indestructible.
Aussi costaud que l'était alors son shérif de père qui rendait la justice à grands coups de batte de baseball.
Peut pas dire que les deux aient jamais été très proches. le Vietnam aura scellé leur incompatibilité d'humeur.
Non, rien n'a changé.
L'humeur teigneuse de certains autochtones non plus.
Coach Boss dirige l'équipe locale. Puis le resto du coin, toute la ville à vrai dire.
S'y frotter ne reste jamais longtemps sans conséquences.
Il aurait dû tracer la route, Earl, sans se retourner.
Il aurait dû car maintenant, il est trop tard.

Bienvenue en pays redneck.
Du plouc de compétition, du péquenaud d'élevage comme s'il en pleuvait.
L'emblême, le drapeau confédéré donnant une assez bonne idée du niveau local fièrement affiché à tous les coins de rue.

Déboulant comme un chien dans un jeu de quilles, l'ami Earl et ses questionnements inépuisables sur l'inné et l'acquis.
Look bûcheron, la chemise à carreau et la moustache au vent, pas de quoi claquer du fessier en le voyant malgré le gabarit du bestiau.

Si le scénario de départ apparaît sans véritables surprises, Southern Bastards fait montre d'une montée en puissance diabolique.
Bien plus qu'un énième récit érigeant la baston en religion, il déroule une trame solide en s'appuyant sur un personnage emblématique du cru taraudé par son héritage génétique.

Un trait aussi sombre et rugueux que les crétins congénitaux parsemant ce conte des temps modernes, le plaisir des mirettes est optimal et l'envie pressante de découvrir la suite à son zénith.

Hautement addictif et pis c'est tout !
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2014, écrits par Jason Aaron, dessinés, encrés et mis en couleurs par Jason Latour, avec l'aide de Rico Renzi pour la mise en couleurs des épisodes 1 & 2. Il comprend une courte introduction d'Aaron et une autre de Latour (les 2 tenant sur une page) expliquant leur rapport au Sud. Il comprend également les couvertures originales réalisées par Latour, ainsi que les couvertures variantes de R.M. Guéra, James Harren, Chris Brunner. En fin de tome se trouve la recette de l'Apple Pie de la mère de Jason Aaron, ainsi que 4 pages d'études graphiques de Latour.

À l'entrée de la ville de Craw County, 3 panneaux indiquent la présence d'autant d'églises différentes. Un chien errant est en train de faire une grosse commission devant. Un véhicule utilitaire de location passe sur la route, son conducteur indiquant à la messagerie de son interlocuteur qu'il ne compte pas rester plus de 3 jours sur place, juste le temps de s'occuper des affaires d'oncle Buhl qui a été placé dans une maison de retraite. Earl Tubb passe par la grand rue de la ville et voit les enseignes de la banque Compson, de la quincaillerie Boss, du bar Boss. Il se demande qui peut bien être ce Boss. Il arrive enfin à la maison de son oncle qui se trouve un peu à l'écart de la ville. Il se recueille un instant devant la pierre tombale de son père Bertrand Tubb, 1923-1972. Il se souvient de son père avec une batte de baseball à la main. Il se rend compte qu'un arbre a eu le temps de pousser au-dessus de la tombe de son père depuis la dernière fois qu'il est venu s'y recueillir. Il pénètre dans la maison, et retrouve la coupure de journal encadrée, annonçant la mort de son père en tant que shérif abattu par balle. C'est le premier cadre qu'il décroche pour commencer à ranger.

Le lendemain il se rend au diner Boss BBQ pour prendre son petit déjeuner à base de côtes levées de porc (Ribs). La serveuse Shawna essaye de l'intéresser à d'autres éléments du menu. Elle est grossièrement interrompue par Dusty Tutwiler qui lui demande si Boss est arrivé. La réponse étant négative, il se fait servir une bière et une part de tarte de noix de Pécan. Sans gêne, il commencer à interpeller Earl Tubb et finit par le reconnaître, ce qui le surprend car ça fait 40 ans qu'Earl est parti vivre en banlieue de Birmingham, la grande ville la plus proche. Autrefois, Earl jouait dans l'équipe de football américain de la ville. Dusty conseille à Earl de partir de la ville le plus vite possible. Dehors, Esaw Goings est en train de se soulager en pleine rue, absolument pas gêné par 2 jeunes filles et leur mère qui passent. le chien errant venant l'importuner, il dirige son jet d'urine sur son oeil. Alors qu'il vient de finir, Materhead (Eugene Maples) vient le prévenir que Dusty Tutwiler est à l'intérieur du diner. Les 2 lascars passent par l'arrière, et Shawna informe Dusty que Boss l'attend en cuisine. Il y va et se fait piéger par Esaw Goings qui le menace et s'apprête à le cogner pour une histoire de dette. En entendant Dusty hurler, le sang d'Earl Tubb ne fait qu'un tour et il se précipite dans la cuisine pour faire cesser la bastonnade.

En 2012, Jason Aaron & R/M Guéra mettent un point final à la série Scalped (2007-2012) publiée par Vertigo, et le scénariste s'en va écrire des histoires de superhéros pour Marvel. le lecteur se jette donc littéralement sur Southern Bastards qui marque le retour 2 ans plus tard de Jason Aaron au polar poisseux, à connotation sociale et anthropologique, cette fois-ci focalisée sur le Sud des États-Unis, et plus dans une réserve indienne. L'année d'après, il se jette sur The goddamned, série pour laquelle le tandem Aaron + Guéra se reforme. En feuilletant rapidement ce premier tome, le lecteur ne peut que constater l'écart qui existe entre les dessins sophistiqués de Guéra et ceux plus directs et plus dépouillés de Latour. Il constate également que ce premier tome ne contient que 4 épisodes ce qui fait peu pour se faire une idée sur la série. En outre, les auteurs ne donnent pas d'indication sur le nombre total d'épisodes que comptera la série. Il n'est donc pas possible d'établir une comparaison argumentée entre Southern Bastards et Scalped. Ce premier tome se focalise sur Earl Tubb qui est présent à presque toutes les pages. le lecteur découvre qu'il a fait la guerre du Vietnam, ce qui implique qu'il doit avoir environ 60 ans au moment du récit, ou peut-être un peu plus. C'est resté une force de la nature, un colosse musclé, avec encore quelques cheveux blancs sur le haut de la tête et une moustache blanche. Les dessins montrent bien sa forte carrure, son nez cassé, les rides de son visage.

Au fil des séquences, Earl Tubb retrouve des individus qu'il a côtoyé par le passé et le lecteur découvre des visages marqués, sans pour autant qu'il s'agisse de trognes caricaturales. le premier à apparaître est le chien errant, pouilleux à souhait, hargneux vis-à-vis des étrangers. le dessinateur a l'art et la manière pour montrer sa gueule béante, ses dents menaçantes et la salive qui s'en échappe, dressant le portrait d'un chien fou et agressif. le lecteur rencontre ensuite Shawna la serveuse dans le diner : une femme d'une quarantaine d'années, bien conservée, vaguement pressante dans sa manière de proposer un autre plat, l'artiste laissant planer un doute sur ce qui la motive à se comporter de cette manière. Vient ensuite Dusty Tutwiler au visage bien marqué par l'âge, au dos légèrement vouté, à la langue bien pendue. En regardant son langage corporel, le lecteur voit qu'il s'agit d'une assurance de façade, d'une morgue pour donner le change. Effectivement cette première séquence montre également à quel point il est dans la panade. La présentation d'Esaw Goings pose le personnage dès la première page, avec son indifférence aux autres, sa condescendance vis-à-vis de Materhead (Eugene Maples), son tatouage énorme sur le cou, son recours immédiat à la violence, et son expression de défi quand il se fait tabasser par Earl Tubb. À nouveau les dessins de Jason Latour font apparaître le caractère du personnage dans son apparence et sa façon de se comporter.

En commençant l'histoire, le lecteur se dit que le premier personnage qu'il aperçoit doit être le héros. Earl Tubb revient dans la ville où il a grandi pour une affaire de famille, et reste pour régler un petit problème parce qu'il ne peut pas fermer les yeux devant la maltraitance des plus faibles. Aaron intègre l'un de ses thèmes favoris qui est celui de l'héritage, de l'incidence du comportement du père sur le fils. Ce thème est d'ailleurs mis en abyme avec la dernière séquence de ce premier tome. Il est indéniable qu'Earl Tubb vient en aide à un individu qui va se faire molester parce qu'il est plus faible, et cette situation est encore aggravée par la deuxième agression. Aaron & Latour jouent sur le motif de la transmission, également de manière visuelle, quand Earl Tubb s'attaque à l'a hache à l'arbre qui a poussé au-dessus de la tombe de son père, ou encore quand il hérite d'une version de sa batte de baseball. L'artiste choisit des angles de vue dramatisant chacune de ces 2 situations, et ses dessins assez secs et rugueux en accentuent encore l'aspect primal, jusqu'à leur donner une dimension mythologique.

Dans le même temps, les auteurs introduisent le doute dans l'esprit du lecteur quant à l'équilibre mental d'Earl Tubb. Il téléphone régulièrement à quelqu'un qui ne répond jamais, tombant toujours sur sa boîte vocale. Or à chaque fois qu'il passe un de ces coups de fil, le lecteur peut voir que son visage est plus détendu, et qu'il parle de manière posée, expliquant ce qu'il fait. D'un côté, c'est un dispositif narratif pratique pour que le personnage délivre des informations au lecteur, de manière naturelle. D'un autre côté, le lecteur finit par éprouver des doutes sur l'existence de cet interlocuteur qui ne répond jamais. le doute continue de s'insinuer quand le lecteur voit la détermination farouche avec laquelle Earl Tubb s'avance dans la ville pour faire usage de sa batte afin de se venger. Les dessins montrent un vieil homme que rien ne ramènera à la raison, pas même l'avis du plus grand nombre. À nouveau, le lecteur se demande si ce personnage a bien toute sa raison, si la violence qu'il exerce constitue une réponse pertinente ou réfléchie. À nouveau le montage visuel des cases impressionne par sa sécheresse et ses économies de moyen. Jason Latour opte pour une narration qui prend à la gorge, à l'instar du comportement littéral du chien errant. du coup, ledit chien devient une métaphore d'Earl Tubb, mais aussi d'autres personnages, à commencer par Esaw Goings.

Même s'il peut continuer de regretter la précision et le pouvoir évocateur des dessins de RM Guéra, le lecteur constate que Jason Latour réalise un travail des plus convaincants pour donner à voir le Sud. Il peut observer les côtes levées de porc, les tenues vestimentaires assez connotées milieu rural, le diner fonctionnel et un peu défraîchi, des boucles de ceinturon massives, un quad, des pickups suréquipés, un tatouage du drapeau sudiste, un vieux avec sa glacière dans son transat sur le trottoir, etc. Il ne s'agit pas d'une forme de tourisme divertissant, mais d'un quotidien banal bien restitué. Cette capacité à transcrire l'ordinaire se retrouve dans la description du match de baseball sur une demi-douzaine de pages de l'épisode 2. le lecteur peut voir les joueurs mettre du coeur à l'ouvrage, mais aussi l'implication des spectateurs dans la force des attaques, la vigueur des chocs, comme une forme légèrement plus civilisée (mais pas de beaucoup) des jeux du cirque.

Avant d'entamer ce tome, le lecteur doit faire le deuil de la fin de la série Scalped, et accepter de découvrir une nouvelle série de Jason Aaron, avec d'autres caractéristiques, et un autre dessinateur. Une fois cet effort effectué, il découvre l'équivalent d'un premier chapitre qui tient sa promesse de le plonger dans un Sud poisseux, dans une petite ville où il règne un esprit de clocher pernicieux. Il retrouve 2 thèmes de prédilection du scénariste : la transmission de père en fils (surtout dans ses mauvais côtés) et le poids de la violence. Il découvre des dessins un peu lâches, un peu simplifiés dans leur façon de représenter, mais installant une personnalité graphique et narrative très forte. Petit à petit, il se rend compte que Jason Latour installe une ambiance très dense, avec des découpages de planches d'une efficacité brutale.
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♫ Il suffira d'un signe, un matin♫ Un matin tout tranquille, et serein ♪ Quelque chose d'infime, c'est certain ♪

Earl Tubb aurait mieux fait d'écouter les paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman car lui qui revenait après 40 ans à Craw County – bled paumé dans le trou du cul de l'Alabama – juste pour trois jours, le temps de vider la maison de son vieil oncle, a reçu plus qu'un signe et ça s'est mal terminé pour lui.

Mais pourquoi tu n'as pas fermé ta gueule, Earl ?? Pourquoi a-t-il fallu que tu te mêles des histoires de la mafia locale ?

T'aurais mieux fait de laisser pisser le mérinos au lieu d'aller à l'encontre de Euless « Coach » Boss, l'entraîneur de l'équipe locale de football, véritable Dieu vivant dans ce trou paumé, maître de la ville et excellent manieur de batte. Tout comme l'était ton père, d'ailleurs, l'ancien shérif, décédé.

Après l'histoire bien connue de "Paf le chien", voici celle de "Paf Earl"…

Là, on va vraiment penser que j'aime foutre mes mains dans les histoires poisseuses du Sud profond ! Et ce n'est pas faux !

Autant je déteste les péquenots, les ploucs, les rednecks, les Hillbilly, dans la vie courante, autant je les cherche dans mes lectures et cette saga m'a tout l'air d'être prometteuse niveau ambiance glauque, poisseuse, noire, sombre, crasse, de celle qui vous colle aux basques, comme du sang chaud sur une scène de crime.

Si le pitch de départ peut sembler connu (un homme qui s'en revient dans son bled après 40 ans d'exil), c'est le travail fait autour des personnages qui vaut le coup car ils ont du relief, sont détaillés, complexes, et on ne sait pas trop à qui l'on peut se fier.

Ici, ce n'est pas le pays des Bisounours et si vous ne voulez pas des atmosphères délétères (ça rime), toxiques, dangereuses, brutales, lugubre, sanguines,… vaudrait mieux ne pas venir foutre vos jolis petons dans ces pages où la violence latente menace d'exploser à chaque page (et pour exploser, elle va exploser).

Au fil du récit, on comprendra aussi pourquoi Earl est foutu le camp de ce bled paumé. Pas de chance, la mentalité n'a pas changée, elle pourrait même être devenue pire.

Certains pourraient aussi ne pas aimer les dessins, moi-même j'ai eu un peu de mal avec, au départ, mais ces traits tout en angle ont tout des coups de canifs plantés dans le bide du lecteur, quand aux couleurs, sombres, elles éclairent pourtant bien le récit, aidé dans cela par des petites vignettes qui laissent le champ libre au déchaînement de violence.

Ici, on ne dirait pas le sud, mais c'est le Sud ! Profond et peuplé de personnages avec lesquels on n'a vraiment pas envie d'aller boire un verre, ni de fréquenter en tant que voisins.

N'appelez pas la police, car cette dernière ne fera rien pour vous… R.I.P

La série Scalped était du lourd, j'ai été triste de la quitter, mais il me semble que Southern Bastards aura tout pour me plaire niveau roman noir afin de faire mon deuil de la série précédente.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (6)
BullesEtOnomatopees
03 août 2015
Une plongée sans fards dans le sud profond, au pays des rednecks et des BBQ ribs dégoulinants de gras et de sauce, où la justice a du mal à s'imposer face à la bêtise et à la médiocrité humaine...
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
BDGest
29 mai 2015
Machinerie bien huilée, la paire Jason réussie sans problème à instaurer un thriller primitif et nerveux, emmené par un graphisme au trait sec et anguleux qui convient parfaitement.
Lire la critique sur le site : BDGest
BulledEncre
27 avril 2015
Un chef-d’œuvre brutal et rude.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
BoDoi
08 avril 2015
Earl s’inscrit moins dans la lignée d’un Charles Bronson que dans celle du Eastwood d’Impitoyable, magnifique figure de western vengeresse (...) et dont la croisade prendra même une teinte surnaturelle.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
31 mars 2015
Un récit coup de poing, diablement maîtrisé.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
02 mars 2015
Alors Southern Bastards n'a peut-être pas la profondeur d'un Scalped, ni même sa finesse d'écriture, néanmoins c'est vraiment un premier volume que je vous conseille vivement, qui démontre bien qu'Aaron n'est pas seulement ce scénariste hype de Marvel, qu'il sait aussi revenir vers des univers moins lisses et plus rugueux !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ça ne devrait pas prendre plus de trois jours.
Je vais vider la maison. Voir ça avec un agent immobilier. Rendre visite à Oncle Buhl, à la maison de retraite. Je ne vois pas comment ça pourrait prendre plus de trois jours.

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- L’Alabama, tout ce que je connais de l’Alabama, ce sont les jets d’eau et le football.
- Il n’y a à peu près rien d’autre, m’sieur.

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Il parait qu'il vous a mis une raclée à tout le deux au milieu de mon putain de resto; Un dimanche.
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Je ne t'ai jamais rien dit... enfin, pas grand chose sur mon vieux, hein. La prochaine fois qu'on se voit, je le ferai.
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Je lui ai dit que Dusty avait l'air mort de chez mort quand on l'a largué dans les bois. Je sais pas comment il a fait pour traîner ses vieilles burnes jusqu'ici.
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Dans cet épisode 0, Aurélien et Emile présentent le podcast et dévoilent leurs titres préférés de 2023 avec d'un côté les rééditions, de l'autre les nouveautés. NB : Suite à un léger problème technique, le son d'Emile n'est pas aussi bon que prévu mais tout devrait être résolu pour les prochains enregistrements :)
Top rééditions Aurélien :
Silver Surfer (Marvel Omnibus) de Dan Slott et Mike Allred Silver Surfer Parabole (Marvel Must-have) de Stan Lee et Moebius Collection anniversaire Avengers (Marvel Hors collection)
Top rééditions Emile :
Miracleman (Marvel Omnibus) du Scénariste Originel, Garry Leach et Alan Davis Génération X : L'intégrale 1994-1995 (Marvel Classic) de Scott Lobdell et Chris Bachalo X-Statix (Marvel Omnibus) de Peter Milligan et Mike Allred
Top nouveautés Aurélien :
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Top nouveautés Emile :
King Conan Colossal de Timothy Truman et Tomas Giorello Fantastic Four : Les Nouveaux Fantastiques (Marvel Epic Collection) de Walt Simonson, Tom DeFalco, Arthur Adams & Paul Ryan Fantastic Four (100% Marvel) de Dan Slott et... beaucoup de monde !
Tous nos remerciements à Emmanuel Peudon pour le montage et à ClemB pour le générique. Plus d'infos sur notre site internet : https://www.panini.fr/
+ Lire la suite
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