Paroles d'artiste

Je voulais tester cette collection avec un.e artiste dont j'ignorais tout - si ce n'est quelques tableaux au style si reconnaissable pour Marie Laurencin qui fut l'heureuse élue -, pour observer ce que l'éditeur nous propose de découvrir de l'artiste et dans quelle mesure les paroles choisies raisonnent réellement avec les oeuvres.

J'avais été quelque peu frustrée avec le volume de Ceija Stojka car les textes que l'on a d'elle portent presque uniquement sur sa vie dans les camps nazis. Bien sûr cela fait écho à son oeuvre, dont c'est le thème le plus traité, mais j'aurais aimé y trouver des réflexions sur son art.
Avec cet ouvrage sur Marie Laurencin, j'ai trouvé mon compte : les extraits tirés de ses écrits évoquent principalement son art (son rapport aux couleurs, sa technique et sa formation, ses inspirations, contemporaines ou classiques etc.), sa vie (sentiments et émotions, activités, cercle d'amis - Apollinaire, Picasso, Gertrude Stein entre autres...), et on retrouve dans ces deux grands thèmes des réflexions fréquentes sur ce qu'est être une femme au début du XXème siècle, et dans un monde d'hommes.
J'ai donc eu l'impression de découvrir une part de la personnalité de cette artiste mais aussi de son travail.

Par ailleurs, les tableaux sélectionnés sont classés de façon chronologique, si bien que l'on peut observer l'évolution du style, des thématiques etc. dont certains points sont justement évoqués dans les textes (essai peu concluant selon elle au cubisme, frayeur absolue du rouge jusqu'à une époque avancée par exemple). On peut dire que cela permet une première approche sensitive aux oeuvres pour qui n'est pas ou peu connaisseur en art pictural, apportant quelques clés par le texte - et à approfondir, donc, si on le souhaite avec des ouvrages plus développés ; et j'avoue que cela m'a assez donné envie.

Le dialogue entre textes et peintures fonctionne donc en naviguant dans l'oeuvre entière en plus d'être opérant à l'échelle de la double-page qui les met en regard (un très beau poème sur la vanité de la vie face à une nature morte épurée ; un accès de neurasthénie face à un portrait lugubre - les deux datés 1915... On comprend le contexte.).

J'ai donc passé un très agréable moment en lisant ce petit ouvrage.
Nul doute que je retenterai l'expérience avec quelques autres des nombreuses références que comporte cette collection.