Celle que vous croyez

Camille Laurens a une écriture qui emmène le lecteur, au rythme des émotions de son personnage principal, ce que j'ai beaucoup apprécié. Les sujets abordés - le vieillissement, le désir, la communication du XXIème siècle et le théâtre qui en résulte ainsi que les acteurs joués, malgré tout dans le réel - nous intéresse tous mais ne sont pas vraiment transcendants... Là où j'ai aimé c'est que Camille Laurens décrit ce qui peut finalement arriver à tous et dont on parle beaucoup moins : un séjour en milieu psychiatrique à force d'avoir joué à mentir et surtout se mentir et donc se perdre.

Une lecture rapide et entraînante mais qui n'est que peu intéressante sur le fond et qui ne laisse pas un souvenir impérissable...
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« Pour les gens comme moi, Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l'attente, on ne peut pas faire son deuil d'une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s'accroche aux présences factices qui hantent la Toile, au lieu de se déliter on se relie ».
 
Claire a la quarantaine passée.
Son histoire avec Jo semble sans issue, mais pour autant, elle s'y accroche.
Pour cela, elle décide de garder le lien avec lui, en entrant en relation avec son meilleur ami Chris. Elle décide donc de créer un faux profil facebook, sous le pseudo de Claire Antunès et sous l'image de sa jeune et jolie nièce Katia, décédée quelques mois plus tôt.
 
Sur la forme, ce roman est assez perturbant.    
D'un entretien sous forme de monologue, nous passons à l'exposé d'un cas clinique, à un extrait de roman, une lettre puis un nouvel entretien.
Je n'ai pas trouvé ces changements dérangeants, dans la mesure où l'écriture est fluide et agréable à lire.
 
Sur le fond, ce roman traite d'Internet et de tout ce qu'il recouvre.
A l'image de la Toile sur laquelle il est difficile de distinguer les vrais des faux profils ou les vrais des fausses infos, nous ne parvenons plus à distinguer qui est qui, qui est le vrai personnage du faux.

Au fil des pages et des interlocuteurs, je me suis retrouvée dans le même piège que Claire, emprisonnée dans la toile tissée par l'auteure et à la recherche de la vérité.

Si certains passages m'ont paru longs (le passage de Camille notamment), ce roman est assez original sur la forme. Je le conseille sans hésiter.

Camille Laurens, Celle que vous croyez - 2016

Monologue d'une cinquantenaire à son psychiatre. La narratrice s'est créé un faux profil Facebook, celui d'une femme de 24 ans, dans l'espoir de devenir amie d'un copain de son amoureux volage afin de mieux épier ses faits et gestes. Qu'adviendra-t-il de cette nouvelle relation qui semble vouloir se développer ? Sera-t-elle possible dans le réel ?

L'histoire cependant ne s'arrête pas là, car nous avons droit aussi aux différentes narrations des protagonistes qui, de près ou de loin, côtoient les deux principaux personnages Claire et Chris. Cette multiplication des points de vue contribue à donner un certain suspense à l'oeuvre et alimente notre intérêt pour ce fascinant jeu des miroirs et des faux semblants. C'est petit à petit que nous entrons en contact avec la vraie nature de chacun.

Nous avons droit à de belles réflexions sur l'image sociale de la femme dans la cinquantaine, sur les relations homme-femme, sur le désir et l'écriture. C'est par une savante reconstruction de tous les récits que nous pouvons finalement avoir une plus juste idée du drame qui se joue chez cette femme fragile. Belle réussite que ce roman à la structure complexe.

Roman poupée-russe, Celle que vous croyez emboîte plusieurs récits de la même supercherie : Claire Millecam (ou Camille, comme Millecam à l'endroit), une femme avec une grande intériorité, mais qui fait mésusage de son intelligence, se crée un faux profil facebook, d'une autre Claire, moitié plus jeune qu'elle, pour garder un lien avec son ex via son meilleur ami, Chris, pour finir par s'amouracher de ce dernier, jusqu'à la folie.
L'auteur joue beaucoup, tant à entremêler mensonges et fictions jusqu'au vertige, qu'avec les mots et les sons. Le(s) récit(s) et l'écriture sont agréables. Ils m'ont plu, sans pour autant m'enthousiasmer, peut-être parce que les jeux de miroirs sur vérité/mensonge et autre/soi dans une vraie-fausse autofiction m'ont trop rappelé D'après une histoire vraie.

Voilà une lecture assez déroutante. le roman débute avec l'enregistrement audio d'une déposition avant de passer à la première partie qui se nomme sobrement : Va mourir!. le ton est donné. Puis très vite, on va à la rencontre de femmes qui aiment de façon trop forte, trop intense, trop irréaliste... Il y a Claire Millecam, Claire Autunes, Camille Morand... Elles s'échappent de la réalité pour vivre leurs désirs, leurs espoirs et peut-être fuir la réalité. Cupidon de sa page Facebook décoche bien des flèches qui vont briser des coeurs. Les hommes ne sont pas en reste avec le fameux Chris, Jo, Marc...

Raconter ainsi, on pourrait se dire qu'il n'y a rien de très étonnant. Mais c'est un livre à plusieurs voies où le réel se mélange à la fiction. L'auteure intègre son avatar à l'histoire et raconte comment elle a écrit son roman ou c'est ce qu'elle veut nous faire croire. Un vrai brouillage de cartes qui m'a poussé à me poser des questions. En plus, il y a un jeu pervers et trouble entre les personnages. On se perd en tournant les pages cependant on ne peut s'arrêter de les tourner pour en savoir plus. Camille Laurens possède une grande maîtrise de l'écriture et est une auteure à suivre. La folie des mots gagne le lecteur. Après tout, nous avons fréquenté pendant un long moment une clinique psychiatrique. le temps passe invariablement et le rapport au corps change. Une femme de 50 ans est-elle encore belle? désirable? Doit-elle se mentir pour y croire? Comment s'en sortir de ces peurs et de ces inquiétudes? Il faut peut-être écrire pour s'en sortir ou espérer aller mieux? 

Un roman qui risque de prendre par surprise plus d'un lecteur. Alors testez l'aventure. 
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L'amour à l'heure des réseaux sociaux - Entre fiction et réalité

Pour espionner son amant Jo, Claire, une femme proche de la cinquantaine, professeur de littérature à l'université, divorcée et mère de 2 enfants, se crée un faux profil Facebook pour se mettre en relation avec Chris, un ami de Jo.
Elle se forge ainsi une fausse identité à partir de celle de sa nièce de 24 ans, s'attribuant 12 ans de moins que Chris alors qu'elle a 12 ans de plus que lui. Mais Claire va très vite être prise à son propre piège en tombant amoureuse de Chris qui la rejettera lorsqu'il découvrira son véritable âge.

Camille Laurens, tout au long de ce texte, part d'un postulat que l'on peut trouver très contestable. Selon elle, une femme au delà de 48 ans n'est plus "cotée à l'argus", elle a atteint la "date de péremption" et devient invisible, indésirable pour les hommes. L'auteur souligne l'injustice, l'inégalité entre homme et femme sur cette question de l'âge. Son texte est un véritable plaidoyer féministe sur cette violence faite aux femmes.

C'est un roman à plusieurs entrées, plusieurs voix, raconté selon différents points de vue.

Tout d'abord, le livre commence par un surprenant prologue sans aucune ponctuation, ensuite ce sont les confidences De Claire à son psychiatre alors qu'elle est internée en clinique psychiatrique. Suit le récit de son psychiatre qui a enfreint les règles de déontologie, parle d'une faute qu'il a commise puis finit par livrer des passages du roman écrit par sa patiente lors d'un atelier d'écriture à la clinique, ateliers animés par une certaine Camille
Ensuite ce sera une lettre de Camille à son éditeur et un étonnant épilogue du mari De Claire.

Les voix et les témoignages se mêlent dans la descente aux enfers De Claire qui va la mener à la dépression et à la folie.

C'est un roman sur une imposture qui tourne mal, sur l'engrenage infernal du mensonge et sur la manipulation mais c'est aussi un texte où fiction et réalité, réalité et mensonges s'entremêlent comme dans "D'après une histoire vraie" de Delphine de Vigan, un texte où Camille Laurens nous manipule sans vergogne.

C'est également un thriller psychologique vertigineux, tortueux et dérangeant qui montre Facebook comme une machine à fantasme où chacun peut s'inventer une vie.
A noter que Camille Laurens maîtrise parfaitement tous les codes de la communication moderne via Facebook.

C'est aussi un livre labyrinthe sur le désir, sur la condition féminine, sur l'âge, sur la différence entre homme et femme sur la question de l'âge.

L'exercice est brillant, l'auteur nous ballote d'un côté puis d'un autre, parsème même son récit d'histoires drôles, nous manipule à loisir, nous fait perdre le fil de l'histoire. C'est très déroutant.

Un livre qui mérite indéniablement une deuxième lecture...



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Celle que vous croyez... Alors déjà, autant te dire que Camille Laurens n'est en effet pas celle que je croyais.
Ne connaissant pas cet auteure, j'ai fais un recherche rapide sur Google et je tombe sur quelques titres ( la dame n'en est donc pas à son premier roman ...), des titres qui laissent à penser qu'elle écrit des romans d'amours, légers, voire à l'eau de rose.
Tans pis, j'ai quand même bien envie de me laisser tenter par celui-ci qui me promet d'être un roman des temps modernes, avec les moyens de communication d'aujourd'hui , internet, Facebook etc ... et puis un peu de légèreté de temps en temps, ça fait de mal à personne.
Et bien tiens toi bien ! En lieu et place de légèreté, j'ai pris dans les dents un roman comme un uppercut, un coup de poing au ventre, un roman abouti et hyper bien construit !
Déjà, ne t'imagines pas que tu vas pouvoir lire ce livre tout en coupant tes carottes pour la soupe du soir ou en faisant réciter les leçons à ton petit dernier.
Que nenni !
Tu t'isoles, t'es là pour personne, tu éteins la musique, tu t'assieds confortablement et tu t'y plonges !
Et tu te concentres !
Le prologue tu vas le lire en apnée, sans respirer car il est écrit sans ponctuation aucune. Tu lis ! Tu réfléchis pas ! Et quand t'arrives au bout de ce prologue, première secousse !
Et comme tu veux savoir, tu continues.
T'attaques la première partie, celle où Claire, l'héroïne principale du roman ( enfin c'est ce que tu crois ...) se livre en un long monologue au médecin de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle est internée.
Fin de cette partie, deuxième secousse !
Et puis comme tu peux plus t'arrêter de lire, tu enchaînes direct avec la partie suivante, celle où cette fois, c'est le psy De Claire qui s'explique sur le fait qu'il se soit impliqué personnellement dans l'affaire De Claire, défiant tous les codes de déontologie.
Et là encore, toutes les certitudes que t'as acquises depuis le début volent en éclats !
Puis un nouveau chapitre, un nouveau personnage ( à moins que ça n'en soit pas un nouveau finalement ) tu sais plus, tu doutes, tu te demandes si Camille Laurens n'est pas en train de te manipuler ?...
Des personnages qui viennent s'ajouter comme par ricochets de chapitre en chapitre.
Un roman gigogne, en forme de poupées russes, sur le devenir de la femme après 40 ans, la jalousie et ses méfaits.
Et s'il est vrai que l'homme gagne en séduction en vieillissant, la femme quant à elle se délabre et tandis que son désir ne s'étiole pas, elle en devient inéluctablement moins désirable et moins désirée.
Un roman puissant et parfois drôle à la fois, bourré de jeux de mots qui lorsque l'ambiance est trop lourde, viennent la détendre.
C'est structuré, intelligent , profond, intense et terriblement efficace !
J'ai douté un sacré foutu nombre de fois, au point de revenir quelques lignes en arrière à plusieurs reprises.
Mais c'est ce qu'elle cherchait Camille Laurens en écrivant ce livre alors c'est très réussi.
Tu l'auras compris, j'ai ADORÉ cette lecture.

Merci Madame Camille Laurens.

Voilà un livre déconcertant ! Une façon d'écrire peu commune... et un sujet très contemporain... les réseaux sociaux, leur place, leur importance... mais pas que...
Voilà un livre où réalité et fiction se mêlent et s'entremêlent pour défendre la femme... véritable sujet central, et pas des moindres...
Et si au coeur de cette histoire, il y avait avant tout une identité... oui mais laquelle ?
Un livre captivant à lire sans retenue !

Dans ce roman, plusieurs voix s'entremêlent. Tout d'abord, celle De Claire, 48 ans, qui décide de surveiller son amant par le biais d'un faux profil facebook. Un petit jeu qui va finir par se retourner contre elle.

Dans un deuxième temps, on découvre le point de vue de son psychiatre qui nous réserve également quelques petites surprises.

Puis, le roman s'achève avec la voix de Camille, écrivain. Mais qui est réellement cette dernière? l'avatar de l'auteur?

J'ai plongé dans cette fiction avec quelques difficultés au départ, car la prose est dense. Puis, je me suis retrouvée happée par l'histoire De Claire, par ses rebondissements surprenants et déstabilisants.

Car plus on avance dans la lecture, plus il est difficile de savoir ce qui est réel ou ce qui relève du virtuel. L'intrigue est savamment construite et c'est cela qui fait la force de ce roman.

Une histoire qui permet au lecteur de réfléchir sur la notion de désir, de séduction à l'approche de la cinquantaine et qui évoque la jalousie, les mensonges à travers un personnage féminin empreint de folie.

Camille Laurens manipule le lecteur avec brio grâce à cette histoire prenante. Difficile de démêler le vrai du faux. Une intrigue efficace qui m'a permis de passer un très bon moment.
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Un incroyable roman...Claire, 48 ans, divorcée, professeur se crée un faux profil Facebook pour surveiller Jo son amant volage. Elle devient célibataire, a 24 ans et est devenue grâce à une photo d'anonyme une jolie brunette. Christophe dit "KissKris" tombe sous le charme de ce double fictif...Jeu de miroirs entre réel et virtuel. Camille Laurens, l'auteur, connait bien les rouages du célèbre réseau social...très intéressant et bien écrit.