Jetés aux dés

Livre difficile à critiquer. Poésie expérimentale ? Oui et non. Enfin, qu'appelle-t-on expérimental ? La poésie est un rêve vers d'autres infinis, où les mots virevoltent et soulèvent l'émotion comme un coucher de soleil par un beau soir d'été. C'est bien cela ici. L'auteur joue avec les mots, l'orthographe, la typographie. Mais bon, d'autres l'ont fait avant lui. Il y a des consonances dans ses textes du reste avec d'autres, d'autres. Le tout est fort agréable, ma foi, et à qui aime la poésie, je recommande vivement cette lecture, ou ces lectures, car la poésie se déguste et ne se dévore pas trop goulûment. A découvrir donc.

Livre reçu pour la masse critique, je l'ai choisi pour découvrir la poésie expérimentale.
Et cette découverte fût surprenante.
Dans un premier temps on est déstabilisé par le manque de structure, on cherche dans ce que l'on connait, puis on lâche prise et se laisse aller à la lecture des mots posés sur le papier.
Jetés aux dés, titre très intéressant car c'est l'impression que l'on a, comme si chaque mot était tiré aux dés.
Les mots virevoltent, les jeux de mots affluent, parfois subtils, parfois moins.
En bref, un OVNI pour moi, mais je ne suis pas déçu de mon choix.

Tout d'abord, voyons en quelques mots ce que signifie "poésie expérimentale". On peut l'appeler aussi "poésie concrète", elle ne s'attache ni à la syntaxe ni au rythme mais reconnait le poème comme un objet sensible en faisant abstraction du sens. Elle se veut innovatrice dans le domaine de la poésie en se rapportant au langage. La poésie concrète alterne avec la poésie linéaire.

D'ailleurs, l'auteur use des lettres en les faisant virevolter sur le papier. Il fait beaucoup de jeux de mots et utilise aussi du langage étranger. :

momie monnaie de spheinge

(Ce qui nous fait penser tout de suite à monnaie de singe).

Quelques passages en latin : apud Athenienses tonsor loquax et faceto
fallacique animo praedito est
semper enim fabulas inauditas excogitabat


des mots en anglais : c'est pas not' blé je t'offruits moi la
passion paradis

en allemand : quand survint nef des fous
toute voile dehors
le couzinzin germain
sa Narrenschift
(nef des fous se traduit par Narrenschift en allemand, c'est moi qui souligne).

en espagnol : ô mes rosses
mes nada laquais

De plus, la mise en page est soignée. Les syllabes papillonnent en engendrant des mots en toute liberté ce qui en fait un ouvrage poétique dynamique hors du commun faisant discerner la passion du poète pour la langue et la poésie.

Ainsi, le style de l'auteur, Jean-Luc Lavrille, est singulier et mordant. Dans cet ouvrage, la poésie n'est donc pas conventionnelle et l'ondulation poétique qui jaillit donne l'impression de pouvoir composer sans limite. A découvrir !
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