Ce recueil est dans ma bibliothèque depuis des années et des années, le dernier qu'on m'ait offert après que j'ai écumé (clin d'oeil) tous les autres
Boris Vian. A l'époque, je l'avais feuilleté, mais assez vite rangé à côté des autres, déçue.
Je l'ai donc repris cette année, et cette fois-ci j'ai lu les
poèmes un à un, régulièrement. Première constatation:
Boris Vian est clairement un touche-à-tout (mais on le savait déjà), au niveau de l'écriture également. Tout en gardant la forme classique du sonnet, à quelques exceptions près, il varie les thèmes, les rafraîchit à l'aune du XXième siècle, les années 40 plus exactement, ce qui est assez amusant. Non seulement il joue avec les genres - biographique, romantique, médiéval, humoristique, jazzy... - mais il joue aussi avec les mots et nous pond calembours et autres formes stylistiques en enfilant les
poèmes les uns après les autres comme on enfile les perles d'un collier.
Bref, il est balèze, Boris.
Deuxième constatation: l'humour est omniprésent, et tout poème commençant de manière romantique voire Romantique finira sans coup férir en grosse blague.
Alors oui, il est épatant, bourré d'imagination aussi, et ça ne m'étonne pas d'avoir lu en préface qu'il a retouché ses
poèmes pendant de longues années car il y a de la technique là-dedans; D'ailleurs, il ne serait pas mort si tôt, nul doute qu'il aurait fait partie de l'
Oulipo auprès de son collègue
Queneau.
Justement, c'est ce travail sur la langue, ces tournures stylistiques, ses expériences qui font que le recueil ne m'a pas captivée ni touchée. Et pour être honnête, je l'ai lu sans y mettre un très grand intérêt sinon de la curiosité linguistique et j'ai été bien soulagée quand je suis arrivée aux derniers
poèmes. Je préfère de loin ses romans signés
Boris Vian.