Tout pouvoir a un prix, et pour obtenir celui de réaliser l'impossible les yeux de Nona sont devenus noirs comme la nuit, elle a définitivement perdu son ombre, et elle est désormais hantée par le démon dénommé Keot autrefois hôte de sa Némésis Raymel Tacsis... Ce dernier point est celui qui la chagrine le moins malgré ses récurrentes exhortations à tuer et mutiler, car Nona affronte depuis qu'elle est née ses propres démons intérieurs. Non ce qui la chagrine, c'est que malgré un pouvoir qui défie l'entendement elle a échoué : ATTENTION SPOILERS
son amie Hessa est morte et sa meurtrière Yisht s'est échappée avec le Coeur de Nef du Couvent de la Mansuétude (un réacteur de vaisseau stellaire suffisamment puissant pour déformer la réalité ^^) FIN SPOILERS
En effet tout pouvoir a un prix, et pour celui de ramener à la vie l'amour de sa vie Soeur Pomme a dû lier un démon à Soeur Bouilloire... mais cette dernière a vécu trop longtemps dans les ténèbres pour se laisser intimider par son nouveau colocataire ^^
Deux ans se sont écoulés depuis les tragiques événements de Soeur Écarlate, et
Mark Lawrence nous endort avec les heurs et malheurs d'un Harry Potter dark fantasy / post-apo / planet-opera / super-héroïque / girl power / lgbt : entourez les mentions utiles ^^
On a donc une alternance cours / entraînements / épreuves / scènes de camaraderie d'un grand classicisme, dans laquelle Nona rumine sa vengeance : le corps enseignant s'échine à lui apprendre le sens du mot échec, mais Nona qui l'a inscrit dans son âme et dans sa chair souhaite elle le rayer de son vocabulaire. Dans le même temps c'est entre hargne et snobisme que Joeli le parangon de crevardise ploutocratique s'éclate en pétasse narcissique à la blonde chevelure (remember Nellie Oleson de "La Petite Maison dans la prairie" ou Lavinia Herbert de "Princesse Sarah" ^^).
Place donc au relationship drama ! Dans le tome 1 on construisait la relation entre Nona Grisaille et Arabella Jotsis, et on nous menait en bateau pour savoir laquelle des deux était l'Élue, avant de balancer la major de promo Zole des Frimas pré-sentie par la soeur de l'empereur pour être la véritable Élue... Dans ce tome 2 on construit la relation entre Nona et Zole : Zole qui est ce qu'on a fait d'elle, un pion au service des puissants, est fascinée par Nona qui est ce qu'elle a fait d'elle-même, une strong independant woman qui de monstre est devenue justicière et qui au lieu de devenir une super-vilaine s'est bâtie pierre après pierre comme une super-héroïne... Quelle merveilleux triangle amoureux ! (remember Jean Grey, Cyclope et Wolverine des X-Men, et le triangle est en fait quadrangle car si Cleera n'a pas renoncé à faire basculer Nona du Côté Obscur, Nona n'a pas renoncé à ramener Clera du Côté Clair... rajoutons donc le détournement de la Reine Blanche ^^)
Mais on suit aussi la méthode
Robin Hobb : comme dans "L'Assassin royal" nous sommes dans un roman d'apprentissage en huis clos, et au-delà des murs du Couvent de la Mansuétude il se passe bien des choses et il se trame bien des complots qui finissent par tomber sur la tête de nos héroïnes. Sur une exoplanète mourant gravitant autour d'un soleil mourant (remember le "Cycle de Skaith" de
Leigh Brackett la papesse de Space Opera à qui nous devons comme vous le savez le miracle de "L'Empire contre-attaque"), la glace progresse inexorablement et la ceinture équatoriale n'est vivable que grâce à la lune artificielle qui l'éclaire pour la réchauffer et pour laquelle impériaux, Durnisiens, hérétiques du Scithrowl et barbares de la banquise se battent férocement : pour survivre les descendants des colons cosmiques doivent réunir quatre « Coeurs de Nef » pour activer une « Arche » et recalibrer le satellite géant... Certains sont ainsi prêts à tout et au reste quitte à réaliser des alliances impies et à renverser l'Empereur Crucical. Mère Vitrage pense maîtriser ce game of thrones quand cette saloperie de Joeli poignarde tout le monde dans le dos : Nona est obligée de fuir traquée par les Noi-Guin qui n'ont pas renoncé à leur contrat avec la famille Tacsis, collection d'aristocrates dégénérés et psychopathes, et l'ancienne directrice de l'inquisition est menée par une pourriture carriériste vers son propre procès inquisitoriale. C'est pile au moment où j'allais dire que l'auteur se foutait de notre gueule qu'il envoie des twists de compétition !
Après un retour à une phase "
Sans Famille", on suit en alternance Nona qui est suivie par Soeur Bouilloire elle-même suivie par Soeur Zole, et Mère Vitrage qui essaye de retourner le système contre lui-même. Et tout le monde se retrouve à la cour de Sherzal la complotrice en chef pour une confrontation explosive entre grande tragédie et epicness to max. Soeur Bouilloire affronte l'impossible, Soeur Cage réalise l'impossible, et Soeur Zole qui est censée être l'Élue n'est même pas surprise de dépasser l'impossible (quand on fait rouler les dés, on appelle cela « un succès critique » ^^), tandis que dans le même temps Charles Xavier, euh pardon Mère Vitrage se fait un malin plaisir à se lancer dans une partie de « vous saviez que je savais que vous saviez ? »... « Une pour toute, et toutes pour une ! » Au bout du bout ce salopard de
Mark Lawrence nous refait le coup des dominos de V pour Vendetta avant de se lancer dans une version « Grand Soir » du monologue de Conan le Barbare durant la « Battle of the Mounds », mais au lieu d'un cliffhanger epicness to the max il balance à coup de twists bien fichus un anticliffhanger tout aussi epicness to the max... Ce n'est pas une bataille, c'est la guerre ! Et ce n'est pas une révolte mais la révolution !! Des super-héroïnes naissent sous nos yeux, et en s'enfonçant dans les ténèbres elles flamboient de mille feux ! Mieux encore, La Ligue de Justice est en marche menée par les Trois Mousquetaires dark fantasy / post-apo / planet-opera / super-héroïque / girl power / lgbt : entourez les mentions utiles ^^
Mais attendez, les Trois Mousquetaires SFFF... Suis-je mort et au paradis des geeks ???
Autant j'ai sous-noté le tome 1 autant je surnote ce tome 2 : le plaisir de la découverte ne joue plus, et le syndrome du tome de transition pointe le bout de son nez... Et puis l'auteur aiment encore se perdre avec par exemple les Absents et l'Holothour : en effet que serait un Planet Opera sans les mystérieux indigènes aliens et les secrets de leurs technologie perdues ? Et dans un univers dark fantasy il ose nous amener une explication 100% scientifique : et si les anges et les démons étaient ce que les Anciens avaient laissés derrière eux en passant du matériel au spirituel dans leur quête d'une forme supérieure d'existence (remember le cycle de "La Reine Rouge" ^^) ? L'hypothèse terrifie Soeur Cage, car il existerait des machines capables de lâcher sur le monde tous les démons générés par son âme tourmentée... L'auteur dernièrement habitué aux pavés lâche ici du lest dont ce qu'on perd en complexité on le gagne en efficacité sans pour autant perdre son affection pour les chouette détournements : c'est un réel plaisir qu'identifier ses hommages à Harry Potter, au Seigneur des Anneaux, au Cycle de Skaith, à V pour Vendetta ou aux Trois Mousquetaires, aux X-Men et Conan le Barbare ^^
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