En lisant ce roman écrit en 1963, on doit accepter que les policiers utilisent sans cesse des téléphones désuets, des "combinés en anhydrure de polyoxybenzylméthylèneglycol", ou plus simplement en Bakélite...
Mis à part ce manque cruel de portable, ce polar a tous les ingrédients d'une aventure palpitante !
Auguste le Breton met en scène de braves héros (Mike, agent des douanes U.S., des policiers mexicains, des indiens au caractère bien trempé) et des voyous, faussaires ou pistoleros...
Climat, paysages et personnages sont brossés en quelques phrases courtes, en quelques mots. L'écrivain réussit à immerger le lecteur dans un quartier, une salle sombre, un village ensoleillé, tout en déroulant les actions à vive allure.
L'intrigue est assez simple. Si l'on excepte une curieuse rencontre dans une église et le dernier rebondissement, il y a peu de surprises dans le déroulement.
Mais des moments intenses sont formidablement écrits !
On découvre les contrastes existant entre les différents lieux de vie du pays (quartiers résidentiels, secteurs où se retrouvent les joueurs et parieurs, faubourgs où règne la violence, petits villages indiens...).
Certains personnages sont attachants malgré leurs actions détestables.
Les poursuites en automobiles sont narrées avec brio !
Les dialogues entre prisonniers éloignés sont souvent émouvants.
On aimerait intervenir dans cette histoire, pour sauver un personnage, en repousser una autre...
Ce livre est presque un film... En le dévorant, le scénario développe votre imagination, vous emporte jusqu'à la dernière page.
On y apprend beaucoup sur le Mexique... par des ambiances, comme si on y était brusquement projeté, sans avoir prévu le voyage !
Finalement, ce polar a peu vieilli, car le lecteur d'aujourd'hui a toujours besoin de récits palpitants, de dépaysement, de mésaventures ou symbioses entre personnages, d'une histoire dont on veut connaître le dénouement !