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3,75

sur 472 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En lisant Prendre Les Chiens Pour Des Loups j'avais été littéralement subjugué par la qualité de l'écriture de Hervé le Corre, un véritable régal pour les yeux et l'esprit. Il rendrait presque la noirceur de son récit poétique… et surtout on en viendrait à oublier que l'intrigue ne casse pas trois pattes à un canard.

Avec Traverser La Nuit j'ai retrouvé cette écriture magnifique mais cette fois elle venait sublimer une réelle intrigue portée par trois personnages « forts ».

Il y a Louise qui élève seule son jeune fils et gagne tant bien mal sa vie en travaillant comme aide à domicile. Son cauchemar s'appelle Lucas, un ex qui revient régulièrement à la charge et qui lui cogne dessus tout aussi régulièrement. Outre son fils, elle trouve un semblant de réconfort en compagnie de son amie Naïma.

Il y a Jourdan, commandant à la PJ, désabusé par la folie des hommes et les scènes de crime. Prisonnier de lui-même, il regarde sa vie personnelle partir à vau-l'eau, incapable de communiquer avec sa femme et sa fille.

Puis il y a Christian, marqué par une courte expérience militaire et une mère toxique, depuis il assassine des femmes pour exprimer son mal-être dans la violence. Chaque fois il s'acharne sur ses victimes qu'il poignarde à de nombreuses reprises.

Hervé le Corre sait y faire pour décortiquer les méandres de l'esprit de ses héros. Il sait mettre les mots justes sur leurs douleurs et leurs tourments, des mots crus, sans fausse compassion. Des mots qui nous prennent aux tripes.

Trois personnages pour deux arcs narratifs distincts, avec les déboires de Louise d'un côté et l'enquête de Jourdan et son groupe de l'autre. Deux axes qui finiront par se rencontrer, pour le meilleur et pour le pire.

À l'image de ses personnages et de la nuit – omniprésente au fil des pages –, l'intrigue est fortement teintée de noire. Une intrigue qui grimpe progressivement en intensité jusqu'à un final qui m'a laissé sur le cul (je n'ai rien vu venir).

L'auteur porte un regard sans concession sur les dérives de notre société… Celle d'avant la crise sanitaire. Celle des grèves, des manifestions, du ras-le-bol généralisé. Ces dérives qui ont donné naissance au mouvement des gilets jaunes, une juste mobilisation à la base, avant de sombrer dans le grand portnawak.
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J'aime le roman noir. Pour moi, le polar s'exprime totalement quand il est sombre, d'une teinte goudron. Ce n'est pas si facile. Il s'agit d'explorer pleinement un nuancier qui est bien plus étendu et subtil qu'on pourrait le croire. Enfin, il convient d'exprimer souverainement le potentiel du noir, d'en révéler les différends grains. Sinon, comment dire... On se retrouve avec Olivier Marchal tirant la tronche, comme si on lui chiait sur les pompes en continu, voyez ?

Hervé le Corre est un maître du Noir, il sait en tirer le jus jusqu'à la dernière chique sans jamais sombrer dans la caricature d'un misérabilisme Zolien sans Zola. C'est que le danger est là, il rôde, comme un chien qui se prendrait pour un loup (référence subtile... Après tout, il y a enclume dans mon pseudo). Jamais le Corre ne verse dans cette recherche du malheur poisseux, tel ces auteurs omniscients qui sadisent à outrance leurs personnages.

Et pourtant, c'est poignant Traverser la nuit. D'une noirceur à faire passer un Ristretto romain pour une aimable tisane. Oui. Mais la plume... L'écriture de le Corre est une des plus belles de la place. Que l'on me redise « ok le polar mais je préfère la littérature c'est mieux écrit » et je ne réponds plus de rien. Traverser la nuit, transfiguré par un style limpide, manie la netteté sèche aux envolée poétiques. Sans chercher l'effet, le claquement linguistique, le Corre les obtient et nous abasourdit parfois, souvent.

Ce style n'est pas auto-suffisant. La suffisance, ce n'est pas son truc à le Corre. le style est un instrument. Il est là pour servir l'intrigue, l'intrigue pour irriguer les protagonistes. Les héros de le Corre sont à la marge, des figures imposées qu'il libère. La femme battue, le flic torturé qui en a tant vu que ses paupières débordent, ressemblent dangereusement à des rengaines archétypales du roman Noir.

Le talent de Hervé le Corre est de les sublimer dans une intrigue simple dans laquelle il instille une tension sourde, permanente et un espoir fragile, vacillant et trompeur.
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Très belle lecture. On est dans le glauque de cette société violente et misérable. Drogue, violences conjugales, prostitution et des flics qui perdent de leur âme dans ce merdier glauque. On est dans le noir et la pluie et on s'y sent bien. La narration est superbe, l'écriture soutenue.
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Un polar noir et sombre, où l'on avance lentement, sans surenchère avec le commandant Jourdan qui n'a plus vraiment la tête à ce qu'il fait, vraiment le coeur n'y est plus. le tueur en série qui écume Bordeaux et sa région, fait à nouveau parler de lui lorsque l'on retrouve le corps sans vie d'une jeune femme. Jourdan est désabusé, il a perdu la niaque et ne croit plus en rien. Après l'alcool, la drogue, Louise est juste dans la survie avec un petit boulot d'aide à domicile épuisant qui lui permet à peine de se maintenir la tête hors de l'eau et de s'occuper du soleil de sa vie, son petit garçon Sam. Mais c'est sans compter sur son ex, qui continue à les terroriser et à la battre. Toute l'intrigue va se jouer autour de ces trois personnages et l'auteur les met en scène tel un joueur d'échec, en plaçant ses sujets jusqu'à l'ultime tragédie. On ne peut nier une plume quasi poétique alors que l'histoire qu'il a choisi de nous raconter pourrait être tirée de l'actualité, la violence des hommes envers les femmes. Pourtant dans cette traversée de la nuit, il nous semble apercevoir comme le bout du tunnel. Un polar qui nous place face à la noirceur des hommes, de la vie, lorsque les choses ont « mal tournées », certains partent à la dérive et font des ravages sur leur passage. le destin n'épargnera personne, l'auteur y veille et souffle sur les braises de la tragédie à venir. A la lecture de la vie de Louise, avec tous les détails réalistes j'ai souvent eu une boule de tristesse dans le coeur, il y a de l'émotion, du courage et de la désespérance. L'auteur sait appuyer là où cela nous fera mal avec une précision et une justesse qui ne laisseront personne indifférent. Bonne lecture.
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Hervé le Corre poursuit son oeuvre avec un pur roman noir, où l'enquête et le thriller s'effacent, comme gommés par la violence du quotidien, la tristesse humaine et la haine à l'égard des femmes.
Alors qu'avec « Dans l'ombre du brasier », Hervé le Corre marchait dans les pas de Victor Hugo, via sa narration qui embrasait simultanément l'aventure, le combat social et l'approche historique, le tout parcouru par des personnages hors normes, parfois monstrueux ou difformes, « Traverser la nuit » convoque justement à plusieurs reprises le spectre de Victor Hugo, auteur qui communiquait avec les morts, renforçant cette idée d'une filiation. La question sociale hante également le livre. Gilets jaunes, abandons des politiques, faits divers, évoqués en toile de fond, viennent noircir cette nouvelle pierre dans l'édifice construit par le Corre sur la misère humaine.
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Se plonger dans l univers de Hervé le Corre c est forcément se pencher sur des personnages sombres et torturés, avec un style inimitable. Ici il aborde trois personnages torturés. Jourdan, le flic envahi par ses fantômes, qui semble n avoir d existence que grâce aux voyous et meurtriers qu il poursuit et ne se sent à sa place qu'au milieu de ceux-ci pour rétablir l équilibre du bien et du mal. Il sacrifie tout à son combat, sa famille, sa santé mentale et probablement une partie de son humanité. Louise, cabossée de la vie qui a trouvé un regain de vie grâce à son fils Sam (seul personnage un peu lumineux du roman). Seulement elle a croisé la route de Lucas, qui lui fait vivre un enfer dont elle ne sait pas vraiment comment s extraire sans y perdre la vie. Et enfin Christian, qui ne trouve plus vraiment sa place dans la société après sa démobilisation et qui subit une mère maltaitante au possible. Ces trois personnages sont extrêmement complexes et nous fascinent. on a envie de savoir jusqu'où ils vont plonger dans les ténèbres. Au milieu de tout ça on trouve parfois une chronique policière finement analysé, la thématique des femmes battues et toute la complexité d appréhension de ce phénomène. La ville de Bordeaux (chère à Hervé le Corre) est poisseuse avec son ambiance orageuse et donne un cadre pesant à cette intrigue. le final est digne surprenant, intelligent et clos magistralement ce roman noir. Je reste définitivement fan de le Corre.
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Comment peut-on autant apprécier une histoire aussi sombre, aussi glauque ? En commençant "Traverser la Nuit" d'Hervé le Corre, je ne m'attendais pas à autant adorer ce récit. Et il faut le dire, je me suis pris une énorme claque en découvrant ce livre, et cet auteur.

"Traverser la nuit" est un roman à plusieurs voix : on y suit Louise, une femme battue par son copain, et pour qui son fils Sam est l'unique raison de vivre ; Jourdan, un flic désabusé, vidé de toute substance par un métier qui le met bien trop à mal ; et Christian, un meurtrier aux pulsions effroyables et aux nombreuses névroses.

Alors tout d'abord, ce livre n'est VRAIMENT pas à mettre entre toutes les mains. Je pourrais y mettre tous les trigger-warnings qui existent, mais sachez juste que tous les sujets "sensibles" sont traités dans ce roman. Des sujets comme le viol, les femmes battues, la dépression et l'inceste sont abordés de manière crue, et peuvent facilement bouleverser un lecteur trop fragile vis-à-vis de ces thématiques.

Tout le récit est en plus de ça baigné dans une atmosphère sombre, une ambiance glauque. C'est ce qui rend la lecture si particulière et originale, c'est cette obscurité qui nous entoure au fil des pages, cette noirceur qui nous avale que pour mieux nous recracher à la fin du récit. L'appelation "roman noir" ne pourrait pas mieux coller à ce livre.

Mais si tout est si sombre et glauque, d'où vient le coup de coeur ?
Eh bien justement, de cette noirceur elle-même, d'où évoluent trois personnages complexes, "gris", auxquels on s'attache très fortement et pour lesquels on est investi pleinement dans leur histoire.
Avec Louise, on frissonne à chaque instant de peur de voir débarquer son dangereux copain, et on rayonne lorsqu'elle évoque son fils Sam, pour qui elle a une grande admiration, et qui lui donne la volonté de se battre.
Avec Jourdan, on est triste de voir un personnage aussi héroïque tomber dans la dépression, fatigué par les horreurs qu'il est obligé de croiser chaque jour, voulant se battre pour la cause la plus juste.
Avec Christian, on suit un personnage qui, de par son enfance et son évolution compliquée, est devenu quelqu'un d'extrêmement malsain et dangereux.
Tout ces personnages ne font pas juste "partie" du récit, ils le "sont". C'est certes un roman que l'on peut classer comme "policier", mais il va bien au-delà de ça, avec des personnages forts et poignants qui vont être amenés à se croiser, et qui construisent une histoire passionnante. Pour vous dire, j'ai envie de comparer les personnages d'Hervé le Corre a ceux de Stephen King (ouiouioui), de par la force émotionnelle qu'ils arrivent à en tirer tous deux, et parce que j'ai l'impression d'avoir adorer ce roman pour les mêmes raisons que mon auteur chouchou.

Mais ce qui sublime le tout est pour moi la plume d'Hervé le Corre. Je l'ai trouvé extrêmement travaillé, en étant parfois directe et concise, à d'autres moments haletantes et sans ponctuations, en s'octroyant des moments de poésie (toujours sombres, évidemment) qui parfont l'ensemble du récit de descriptions évocatrices, de sensations grisâtres.

Si comme moi vous êtes adeptes d'histoires sombres et glauques avec des personnages forts, foncez sur ce livre. On entend trop peu parler de cette pépite du roman noir, pour lequel j'ai eu un énorme coup de coeur. J'ai maintenant envie de dévorer tout les autres romans de l'auteur, et de découvrir l'entièreté de ses écrits. C'est simple, je vous recommande absolument de traverser la nuit avec lui.

J'ai reçu ce livre de la part des éditions Rivages, que je remercie chaleureusement !
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Peu de chose à ajouter à ce qu'ont dit les autres lecteurs.
C'est, encore une fois, un tour de force de la part d'Hervé le Corre.
On se demande d'abord ou ça va, avec ces personnages qui semblent sortis du musée des clichés du polar (le flic usé et brisé, le tueur en série qui a un très très gros problème avec Oedipe...) et cette caricature d'atmosphère noire (je ne connais pas Bordeaux, mais on ne peut pas dire que ce bouquin donne envie d'y passer ses vacances...). J'ai eu également peur un moment de lire un remake des Coeurs Déchiquetés.
Et puis l'intelligence et la plume magique de le Corre font leur oeuvre. Il y a de la poésie et de la beauté dans les scènes les plus noires, pas un poncif, pas une lourdeur. Il y a une réflexion profonde sur l'origine du mal, le pardon, la faiblesse, le couple.
Et on se retrouve à 3 heures du matin incapable de fermer ce livre, avec la boule au ventre en attendant la fin.

Evidemment, il vaudra mieux prévoir 2 bons romans d'amour très roses derrière pour se remettre.

Juste un détail, M. le Corre, s'il vous plaît : il y a 14 ans que la Bulgarie est dans l'Union Européenne. Alors les chapitres sur les prostituées bulgares entrées en fraude dans l'UE et expulsables, ça coince un peu...
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A Bordeaux, Louise veut effacer des années d'errance et de violence pour offrir à son petit Sam une vie meilleure. Jourdan, un policier hanté par la violence de cette société qui laisse les plus faibles et les plus miséreux sur le bord de la route, enquête sur un tueur de femmes, lui-même victime d'un environnement familial toxique. Dans le contexte très trouble des Gilets Jaunes, les exclus sont vraiment au bord de la rupture.
Choisis avec soin, ciselés par une écriture envoutante, les mots d'Hervé le Corre sonnent juste et fort dans ce roman d'une noirceur extrême, traversé de personnages torturés qui portent en eux les stigmates d'une existence laminée et dont les destins se croiseront au bout de la nuit.
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"Traverser la nuit" de Hervé le Corre
Bordeaux, trois âmes qui traversent la nuit, la femme battue qui élève seul son enfant, le flic au bout du rouleau, le tueur en série.
Ouias arf, c'est du déjà vu tout ça me direz vous, certe l'histoire est connue mais alors racontée par Hervé le corre laissez moi vous dire que ça prend une dimension peu commune. le monsieur est un orfèvre dans l'écriture et il fait briller le noir comme personne. L'atmosphère qui se dégage de ses lignes me rappelle celle qu'on retrouve chez des grands du roman noir comme Robin Cook ou David Goodis.
C'est noir, il pleut tout le temps, c'est triste mais putain que c'est beau. Un roman qui tord le bide et des personnages inoubliables.
Bref j'ai détesté.
Trêve de rigolade pour ceux qui ne connaissent pas le monsieur il est temps de courrir chez votre libraire.
Merci monsieur le Corre pour ce moment 👍
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