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EAN : 9782386014222
64 pages
Obsidiane (03/03/2023)
4.25/5   4 notes
Résumé :
• L’amour est une expérience primesautière, un savoir d’éco­le maternelle.

• À l’image de ceux qui font chanter la célèbre comptine aux enfants, celui qui se défie de l’amour ou s’en amuse s’abuse grandement.

• L’amour est un grand chasseur qui nous étourdit sans façon. Lui seul détient le secret du « miroir aux alouettes ».

Mérédith Le Dez a reçu la Bourse Gina Chenouard de création de Poésie de la SGDL 2022 ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Combien d'alouettes faut-il pour alléger ses fantômes et renouer avec la vie ? le sang d'une seule peut-il suffire « dans la gorge du matin » ? C'est à un long chemin contre la perte, contre la peur, auquel nous assistons dans ce recueil d'inspiration autobiographique, organisé en 24 chants précédés d'un préambule, une longue traversée des saisons sur un vol d'alouette, hautement chahutée par la vie, jusqu'à en mourir.

« J'ai marché si longtemps / J'ai marché dans mon oubli ».
Ainsi s'ouvre le recueil sur une sentence prophétique attribuée à un vagabond de passage « aux yeux sarrazins » en route pour un lointain « finistère » (la Bretagne est partout présente dans le recueil jusque dans l'homonymie avec la fleur de blé noir). Et c'est la même errance sans réponse que connaît la narratrice sur « la nuit sans clé ». La poésie elle-même perd toute figure entre « miz du » et « miz kerzu », les mois noirs de la langue bretonne.
Miraculeuse alouette. Il suffit un jour de redire le mantra pour que les choses s'accomplissent, que la saison redonne une clé de « joie neuve », « je pouvais marcher /et je marchais encore / je marchais / dans mon oubli ». La poète n'est plus seule sur la route : avec elle chemine un être aimé des abeilles et des pieds d'alouette. Mais bientôt la fameuse phrase sert d'obole à celui qui s'en va « en barque sur le fleuve ».
S'ensuit au fil des années une série d'épreuves alternant destruction et résurrection. le paysage a beau changer, ce sont les mêmes soubresauts, les mêmes ressacs. Pauvre alouette à qui rien n'est épargné mais qui revient, toujours, légère et tenace. Car, si fragile soit-elle, elle sait se faire phénix « sur la page blanche / d'un poème retrouvé ». Et la vie recommence, la mer rebrasse les mondes dans « la joie jubilante / de l'oiseau merveille ». Jusqu'à ce que. Alors résonne à nouveau la fameuse phrase : il faut continuer de marcher dans son oubli, « dévoré d'ombre et de clarté » et, qui sait, renaître au chant revenu.

La langue tenue et sensible de Mérédith le Dez, sculptée, architecturée, avec ses subtils reliefs lexicaux et grammaticaux, ses échos entre les mots, ses discrètes références littéraires, ses reprises, ses images fortes entre terre et mer, sait tresser la longue corde des saisons et des âges : souvenirs, douleurs, joies, désirs, perte, déréliction, résurrection. L'alouette, chaque fois, accompagne la route, son chant devenu force de vie, envers et contre tout. On remarquera dès le début du poème la récurrence de termes liés au cheval comme si la vie était toujours en retard d'un galop sur le vol de l'oiseau.
On referme le livre, bousculé par les heurts, les drames, les obstacles, avec la volonté dans les jambes d'aller nous aussi « à travers le monde », une alouette au coeur, à jamais irrésolue.
Chante, belle alouette, autant que tu peux. À toi seule tu rééquilibres le monde.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant qu’il est disparu
  
  
  
  
Maintenant qu’il est disparu
et peut-être bien mort
nul n’en sait rien
et c’est tout comme
j’ai pris la place de l’homme
qui marche et dort dans les granges
c’est moi qui vaque dans ses pas
vers mon finistère
qui est aussi le sien
car en vérité c’est lui
qui est entré chez moi
il y a déjà longtemps
avec la clé de sa phrase
pour n’en plus sortir

Pourtant ni lui ni moi
ne sommes enfermés
nous marchons sans cesse
nous marchons silencieux
chacun au creux de l’autre comme
un couple dort emboîté par
animale habitude

Je mâche sa tartine du matin
beurrée de blonde raison
ou de miel fou c’est selon
et dans le thé noir
brûlant dans ma tasse
je voie ses yeux sarrazins
animés d’une joie neuve.
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    VIII
  
  
  
  
J’avais écrit un poème
comme on raconte
à soi-même une histoire
il y a longtemps
avec la phrase de l’homme
à peine entendue
j’aurais voulu l’inventer
tant elle vibrait
la phrase
j’en ai fait un mensonge
de travers
pour un peu m’absenter

C’était un temps
de mauvaise fièvre
à croiser le diable
dans un corridor
et l’adorer pourtant
comme l’agneau mystique
en le reconnaissant

Poésie poésie
qu’as-tu fait de ton visage
la nuit était transfigurée.
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XVII

L'air était de sel
le temps était de sable
le ciel était chemise
battant pavillon blanc

Alouette
une voix montait
algue nouée
d'entre les coquillages
frayant inexorable
sa pure traversée

Une voix
comme un arbre
constellé de lichen
rayonne dans l'ombre
après la mort

Et racine prenait
inscrite par les veines
dans le corps agrandi
l'allure des lianes
obscures

des brunes lianes
rêvant toujours sous la mer
aux forêts pétrifiées.
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Extraits :

XVII

L'air était de sel
le temps était de sable
le ciel était chemise
battant pavillon blanc

Alouette
une voix montait
algue nouée
d'entre les coquillages
frayant inexorable
sa pure traversée

Une voix
comme un arbre
constellé de lichen
rayonne dans l'ombre
après la mort

Et racine prenait
inscrite par les veines
dans le corps agrandi
l'allure des lianes
obscures

des brunes lianes
rêvant toujours sous la mer
aux forêts pétrifiées.


XXIV (dernier fragment)

Il faut aller
alouette cornaquée
par l’invisible.
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La mer
  
  
  
  
La mer
la mer toujours
migrante
et sa danse de liane
et son sang algué
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