Le grand Bougaloup

Attention au grand Bougaloup!
Le grand Bougaloup, pour vous le décrire, c'est un peu l'amalgame de l'ogre des contes et du loup du même endroit.
Géant aux poils qui tombent comme des rideaux, énorme mangeur aux dents longues et à l'haleine perfide.
Le grand Bougaloup est un cauchemar, l'avaletout et le "ne laisse rien du monde".
" Pas un vieillard qu'il épargna,
Pas un mouton qu'il n'égorgea pas
Pour s'abreuver de son sang...
Il n'y avait plus de charognard
Pour se repaître des cadavres,
Ni de bandit pour dépecer les morts..."

Le conte du grand Bougaloup est incroyablement pessimiste pour les humains et incroyablement optimiste pour le monde et la Nature.
Une histoire de grand recommencement qui résonnera comme un pied de nez, parce que la nature et le monde de cette histoire sont pleins de vie, que cette raison vive survivra pour la faire renaitre de rien.

Tandis que le grand Bougaloup aura des airs de fléau divin, l'auteure ajoutera une fin à la faim car lorsqu'il n'y aura plus rien à détruire, plus rien à manger, le grand Bougaloup se mourra lui aussi et cette pensée offrira presqu'un happy end inattendu. Comme si la nature était bien faite, tissée d'un peu de justice, tandis que le monde qui n'aura rien demandé repoussera.

Les jeunes lecteurs comprendront que notre temps à nous les hommes est compté, nous ne sommes pas si forts.
Tandis que nombre d'histoires feront des hommes des héros qui sauveront la planète pour lui survivre, celle ci nous contera que le monde est monde et qu'il nous a vu naitre. Qu'il nous survivra parce qu'il est monde.
Toutefois, il y aura bien cette petite grand-mère de l'histoire, la dernière, qui conservera quelques graines à planter.
Voici qui aidera après qu'elle fut, son geste humain et bienveillant représentera l'Espoir.

C'est un conte original qui fera réfléchir sur les fléaux du monde, ceux qui le détruisent, hommes, femmes, enfants, vieillards, nature: les loups des grandes Histoires. Bien qu'ils le croient, les grands Bougaloup ne sont pas invincibles. Que nenni et là dessus les personnages du conte se montreront bien égaux car comme le dit l'adage des mythes chrétiens: " qui né de la terre un jour retournera à la terre un autre jour"
Un conte en petit format à l'italienne intéressant, au texte et à l'illustration évocateurs de poésie.

Le grand Bougaloup
Il fonce, il fonce et il détruit le Grand Bougaloup, il avale et il engloutit. Tout. Sans exception. Là où il passe, il ne reste rien tant son appétit est féroce. Son aveuglement est total. Il court à sa perte car la destruction n'est pas seulement ravage et naufrage (au sens figuré et au sens propre du terme), elle est ici synonyme d'extinction.
Il reste pourtant bel et bien une petite parcelle de vie, sous la forme d'une vieille femme qui, à sa façon, va apporter espoir et résilience.
À n'en pas douter, le Grand Bougaloup est apparenté aux Titans, aux Géants aux grands bras et aux Cyclopes de la Mythologie grecque.
Symboliquement le monstre représente, on l'aura compris, plus qu'une catastrophe naturelle : c'est un cataclysme. Dans le chapitre des symboles il faut également citer l'Océan de larmes qui, grâce à sa double signification est à l'oeuvre pour assurer une renaissance bienvenue.
Conte cosmogonique, ce récit ne laissera aucun lecteur indifférent. Il dérange et questionne longtemps après avoir refermé ses pages. Comme tout excellent livre jeunesse, il permet à l'adulte une entrée singulière dans son monde.
Les illustrations d'Andréa Espier sont remarquables. Elles ajoutent du sens en donnant une image à hauteur d'homme et de femme du chaos engendré par le géant. On a tantôt l'impression d'assister à un terrible séisme qui détruit un village comme un château de cartes tantôt la sensation de voir une gigantesque crevasse s'ouvrir et engloutir des animaux des bois affolés.
Il faut noter également que l'image de la renaissance du monde est extrêmement bien réussie. C'est une image salvatrice que chacun interprètera comme il voudra. Pour ma part je la trouve très apaisante à défaut d'être rassurante.

Sans ambages, j'ai beaucoup aimé !

En premier lieu : la couverture. Elle ne dit quasiment rien et en tant qu'enseignante, c'est parfait. Je peux déjà interroger mes élèves de ce qu'ils présument de l'histoire.

Ensuite : le dessin. Je suis très difficile pour les illustrations (il y a peu de styles que j'affectionne). Les traits évoquent la peinture naïve et j'aime beaucoup cette netteté, la régularité du trait, la superposition des couleurs, les orientations prises par les animaux et les personnages sur la page.

Enfin, l'histoire qui débute avec les codes du conte-de façon classique- et prend un tournant dramatique auquel je ne m'attendais pas du tout. L'évolution et la fin sont bien réussies.

Aucun bémol pour cette lecture. À la fin, j'ai lu la 4 ème de couverture (que je ne lis jamais) et elle est adaptée. Elle n'en dit pas trop.

J'ai découvert avec plaisir cette histoire d'ogre mangeur de monde qui finit par dépérir de sa gourmandise. le Bougaloup apparait comme un personnage monstrueux, mangeur de chair humaine, prêt à tout pour satisfaire sa faim.
La fin de ce conte intervient comme une boucle, un cycle qui voit finalement la vie renaître. Certains pourront voir dans ce personnage une métaphore de l'homme (pas au sens cannibale mais plutôt à ne pas voir l'issue fatale d'un monde abimé), d'autres une simple histoire d'ogre. Dans tous les cas, le texte est vraiment travaillé et glisse sous la langue avec de belles rythmiques.
Quand aux illustrations, faites de papiers peints puis découpés, elles donnent corps à un monde très universel auquel chacun pourra s'identifier facilement.
Lien : http://boumabib.fr