Le premier prix Goncourt a été décerné en 1903 à un certain John Nau pour son livre de science-fiction "Force ennemie" et on ne peut pas dire que ce roman a laissé une trace impérissable dans le paysage littéraire car je me demande même s'il est possible aujourd'hui d'en retrouver un exemplaire.
Est-ce que dans une centaine d'années ce sera également le car de "
l'anomalie" livre encensé par tant de journalistes littéraires et de lecteurs qui explore les sentiers de la science fiction en empruntant les codes de la série télévisée ?
Certes sa lecture n'entraîne pas pour le lecteur l'ennui abyssal qui accompagnait plusieurs de ses prédécesseurs gratifiés par la prestigieuse Académie ( que je ne citerai pas car il faut dire stop à la méchanceté gratuite) mais je pense quand même qu'il faut reconnaitre qu'il ne suffit pas d'une idée originale pour faire mouche et ici , on est quand même loin du chef d'oeuvre.
Un gros orage qui perturbe un vol commercial et tous ses passagers, cela ne peut que rappeler la série TV "Manifest" avec cette ligne de temps perturbée par un phénomène inconnu qui fait que les passagers débarquent avec cinq ans de retard alors qu'ils étaient partis la veille... Ici c'est la personne même de chaque passager qui est remise en cause puisqu'ils descendent d'avion pour se trouver face à d'autres personnes qui leur ressemblent , voire qui sont un double d'eux mêmes !
Non seulement le même évènement se produit deux fois mais avec les mêmes personnes !
On entre ensuite dans le champ de pseudos explications scientifiques ( qui ne font que perturber la compréhension) pour étayer la thèse d'une simulation planétaire où chacun ne serait qu'un programme (pire que Matrix, je vous dis ) et quand le super- ordinateur se met à bugger , volontairement ou non, ça fait mal !
La première partie présentant les personnages un par un à la manière de ces films catastrophe qui cherchent à sensibiliser le spectateur à plusieurs destins individuels pour mieux renforcer le pathos de l'évènement dramatique qui va suivre, me faisait espérer une montée d'adrénaline pour la suite. Malheureusement ce ne fut pas le cas car je me suis creusé les méninges pour essayer de trouver une cohérence à cette histoire qui se finit vraiment ...en eau de boudin car je m'interroge encore sur la signification du graphisme de la dernière page.
Pour rester sur un point positif les références à la très récente actualité avec les portraits sans concession de nos dirigeants politiques (qu'il s'agisse d'
Emmanuel Macron ou de
Donald Trump) apportent la touche de malice qui fait sourire, et la critique savoureuse des religieux de tous bords est particulièrement bien venue pour rappeler les exigences de la laïcité.
Espérons que la publicité inattendue dont va bénéficier l'auteur contribue à remettre au goût du jour le sympathique courant littéraire de 'l'oulipo"...Un peu de fantaisie dans notre époque si sombre, ça ne peut pas faire de mal ....