Je dévale la route à grandes foulées sur le flanc de ces montagnes aussi hospitalières que familières. Je les sillonne depuis près d’un mois maintenant. J’ai couru sur leurs sentiers, au fond de leurs vallées verdoyantes, contournant les massifs, franchissant les sommets enneigés. J’ai traversé les Alpes par la France et la Suisse, j’arrive enfin en Italie, je le sens. Je n’ai pas croisé de poste frontière mais l’ambiance a changé. L’architecture, les couleurs, l’odeur du café, les sonorités et cette langue chantante dont je perçois les éclats à travers les fenêtres ouvertes et les conversations des passants. Tout autour de moi est différent. En traversant la ville de Verbania, mon allure se fait instinctivement plus lente, comme pour mieux m’imprégner de ce nouvel environnement. L’horizon se dégage et les montagnes partagent à présent le décor. Les eaux dont j’ai accompagné le cours pendant des kilomètres s’amassent à leur pied, en une nappe immense qui s’étend à perte de vue. J’arrête ma course un instant et m’assois sur les rives de cette étendue bleue, le lac Majeur.
L’air est frais mais le soleil matinal me brûle les joues.
Marie Léautey : "J’ai déjà fait 8 marathons en 9 jours"