Quand s'en ira la peur

Bon. Je voulais attendre de finir ce roman avant d'en faire une critique. C'est chose faite.

J'avoue que j'ai hésité à partager mon avis ici. A en croire ce que je lis sur les réseaux ainsi que les retours que m'en a faite l'amie qui m'a prêté ce roman, vous êtes beaucoup à l'avoir adoré. Et bien, moi pas.

Je salue toute d'abord l'auteure pour avoir eu le courage et la ténacité d'écrire ce roman, qui malgré tout véhicule de belles valeurs et une belle philosophie.

En tant que femme de 26 ans, qui a connu des moments difficiles au travail, qui est passionnée de photographie et qui est tombée amoureuse de New York, je pensais que ce livre allait être un vrai coup de coeur.

Malheureusement, dès le départ, ça n'a pas collé entre nous. Je vais essayer d'être structurée dans mon avis.

- L'écriture. Alors, pardon pour celle qui ont adoré cette écriture, mais alors moi je l'ai trouvé très pauvre. Certaines tournures de phrases m'ont fait sursauter, je trouve qu'on reste énormément dans le superficiel. Rien de transcendant quand on a lu un peu dans sa vie.

- L'histoire. J'ai l'impression que l'auteure m'a raconté son rêve de la nuit dernière. Tout s'enchaîne, les situations ne sont que survolés, le personnage principal sort de temps en temps des petites phrases qui se veulent philosophiques mais qui pour moi tombent à plat. C'est vraiment dommage car le sujet du burnout m'intéresse beaucoup. J'aurais aimé plus de descriptions, qu'elle prenne le temps d'expliquer, de développer certains éléments. Les personnages sont plutôt caricaturaux, il n'y a pas de complexité.

Le point qui m'a le plus déplut, c'est le côté invraisemblable de l'histoire. La nana se remet à la photo et trois lignes plus tard son blog acquiert de la notoriété. Elle quitte son boulot, 5 lignes plus tard sa meilleure amie lui paye un billet d'avion (sympa la copine), elle s'inquiète pour l'argent à New York, hop on lui propose de lui acheter des photos. Sachant le nombre d'artistes pauvres à New York, désolée mais je peux difficilement croire à la petite française qui débarque et qui impressionne tout le monde à la Fashion Week, elle annonce à ses parents qu'elle a quitté son taf et ceux-ci sautent de joie (je peux échanger avec les miens ? Non parce qu'eux ils en feraient un malaise). Tout me paraît précipité, invraisemblable, et c'est pourquoi je n'ai pas vraiment réussi à me mettre dedans. Dommage.

Dans son roman, Manon Lecor nous emmène au plus près du personnage de Gabrielle, jeune femme de 26 ans qui fait un burn out. Sa vie à Paris, où elle a effectué des études en communication et décroché un super job, n'est peut-être pas si parfaite que sur le papier. Son corps lui envoie un gros message de rappel à l'ordre. S'en suit une très grosse remise en question pour la jeune femme : et s'il était temps de se demander ce qu'elle veut vraiment faire de sa vie ?

L'écriture de Manon est simple, très fluide. le roman se lit très facilement, sans longueurs.

Les lecteurs pointus n'y trouveront sans doute pas leur compte, j'ai moi-même eu quelques craintes quant au style au début de ma lecture.
Malgré tout je me suis laissée emporter par le sujet, cette question du rapport au travail et à l'attente sociale des jeunes autour de la trentaine. J'y ai trouvé un fort pouvoir d'identification, je me suis reconnue dans beaucoup de passages.
Finalement, pour moi, il ressort de ce texte qu'une écriture simple était adéquate : ce récit à la première personne revêt une forme qui colle bien avec l'esprit de ce qui pourrait être un journal de bord.
Le roman se termine à la façon d'un bon feel good book, il comporte la part de rêve, néanmoins réaliste, qui exhorte à se sortir de l'immobilité pour faire bouger les lignes de nos propres vies !

Bonus : J'ai été agréablement surprise par l'engagement éthique des éditions Cédalion, qui ont publié son texte. le livre est conçu et fabriqué en France, par ailleurs, l'éditeur ne vend pas sur Amazon et privilégie une boutique en ligne qui paie ses impôts en France. Je dis bravo ! La démarche est courageuse.
Lien : https://blog.dumerveilleuxda..

Difficile de critiquer objectivement ce premier livre, de peur d'en décourager son auteur pour la suite.
Une histoire qui navigue sur la tendance, où l'individu, pure création de société, est remis en question. A force de nous dire qu'on est unique et exceptionnel, on plaque tout et on se cherche, un phénomène devenu des plus classiques aujourd'hui. Cette autobiographie camouflée manque de personnalisation, mais c'est un premier pas encourageant pour la suite. L'auteur à peut être brulé quelques étapes en se lançant dans la publication de ces écrits. Un professeur d'école se contenterait d'une simple remarque : "A peaufiner et à approfondir, continuez".

Ce roman m'a beaucoup parlé, tant par le style d'écriture très direct que j'affectionne particulièrement que par les sujets évoqués au travers de la vie et l'évolution du personnage principal.
Je pense que ce roman peut parler à beaucoup de trentenaires de ma génération qui, après quelques années dans la vie active, se questionnent sur le sens réel de leur job, sur les relations humaines au sein de l'entreprise et de la société et aussi sur leur propre vie.
J'ai trouvé que le sujet du surmenage et des dérives dans le monde professionnel était traité à la fois avec réalisme et avec une grande dose de positif, ce dernier élément faisant bien souvent défaut quand on touche à ce sujet.

Un roman qui fait tout simplement du bien !!
Gabrielle nous fait voyager, de l'Ile de Ré à New York, mais c'est surtout un voyage intérieur qui s'opère à la lecture de son aventure : comment s'accomplir réellement ? Et selon moi, comment expérimenter le "lâcher-prise".
Une écriture fluide, qui est bien agréable : le roman se lit sans interruption, on ne le lâche pas de la première à la dernière page !
Bravo et merci Manon.