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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La pointe-sèche d'un style exigeant, original, incisif. Une écriture qui veut nommer, tout dire. 'Je voulais tout dire et j'ai tout dit.' VL bourlingue dans d'autres mondes et déploie pour nous une grande valse en éventail. Evasions dans le merveilleux, envolées lyriques éblouissantes. Tonifiantes. Inattendues. Le réel s'épanche en confidences. 'Je rêve et j'interprète', nous dit-elle. Trésors à prendre. A qui sait entendre. Elle touche du doigt un monde qui a besoin d'elle pour se montrer. Elle boit et nous donne à boire. Nous surprend toujours. Connaissance par les gouffres. Violette a une curieuse manière de se livrer. Peu importe, d'ailleurs, ce qu'elle raconte, tout est à prendre. C'est la manière. Un style incomparable. Souci de l'exactitude. Elle s'écorche, s'abîme, pour le mot juste, introuvable. Jamais contente. La fièvre d'une chercheuse d'or. Son écriture pointue, musquée, est un soleil qui ne trahit pas.
Ses combats de boxe. Une atlète de la souffrance, elle l'était, avec Michaux qui écrivait: "quand je ne souffre pas, me trouvant entre deux périodes de souffrance, je vis comme si je ne vivais pas." Mais sa souffrance n'est pas une fin en soi, c'est un procédé, un échauffement, un renfort, une ascèse: 'une terrasse sur une autre chose encore", comme disait Pessoa. 'Un chagrin qui ne sert à rien est grotesque', s'expliquait-elle dans L'asphyxie.
On éprouve de la gratitude, de l'affection, pour cette oeuvre qu'on boit à longs traits. On est à genoux devant Violette et on a pas envie de se relever.
Vraiment, "la nécessité d'apprendre est plus grave, qu'une simple crise de curiosité."
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« Je suis un désert qui monologue »
Ce roman autobiographique est bouleversant. Elle y raconte son enfance dans l'opprobre, le rejet de sa mère, l'internat, seule sa grand-mère lui apporte un peu de tendresse. Et puis elle raconte sa vie à Paris où elle enchaîne les petits boulots, elle travaille dans l'édition, entre autre. Elle évoque aussi avec une grande liberté sa sexualité, son attirance aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ce qui fit scandale lors de la publication du livre. Mais ce qui m'a frappé avant tout c'est l'écriture : un mélange détonnant, des phrases au style somptueux, l'utilisation de métaphores très poétiques, avec un feu qui vous emporte au coeur de ses pensées, et aussi un côté plus brut, des phrases qui se rapprochent plus de la langue parlée, les termes argotique qui apportent une crudité, un côté charnelle. Une écriture totalement libérée, à son image, sa sensibilité, sa tolérance, l'aveu de ses faiblesses et de ses doutes, notamment sur son physique, tout cet ensemble fait de Violette Leduc en devient un "personnage" vraiment attachant, d'ailleurs elle interpelle souvent son "lecteur". Avec son style expressionniste, elle nous parle aussi de la
rédemption qu'elle a pu trouver en écrivant. Elle évoque beaucoup ses amours, et surtout leur impossibilité, l'impression d'être toujours en décalage, et donc souvent renvoyée à elle-même et du mal-être que cela engendre.
"Je me sentis fondre de bonheur et de tristesse. Je le souhaitais sans oser me l'avouer. Oui c'était mon souhait qui n'avait jamais vu le jour. Je lisais mon nom à l'étalage des librairies, c'était une joie et une maladie secrète, c'était l'impossible. Ecrire... Je me sentis molle, toute chloroformée d'incapacité. Toute disponible pour ne rien faire.
Ecrire... (...) Il me demandait de bâtir une maison alors que je n'étais pas maçon. C'était pire qu'un vertige si j'y pensais une seconde avec sérieux."
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"Le coeur est fatigué, le coeur est rafraîchi par le chagrin."

En 1964, Violette Leduc fait paraître La Bâtarde, premier tome autobiographique qui seront au nombre de trois — s'ajoute en 1970 La Folie en tête et en 1973, publié de manière posthume, La Chasse à l'amour.

Trois titres caractéristiques de la vie de l'auteure : obligée de vivre avec ce statut de bâtarde qui lui colle à la peau ; atteinte d'hallucinations vers la fin de sa vie, sa santé mentale était pour le moins fragile ; éternelle insatisfaite, Leduc souhaitait vivre un amour vrai, intense, durable. Malheureusement ça n'a pas été le cas.

La Bâtarde paraît à une époque où l'auteure est encore largement méconnue malgré les diverses tentatives de Simone de Beauvoir— c'est grâce à elle si en 1947, Leduc fait paraître son premier roman, L'Asphyxie — qui décide alors d'en écrire la préface.
Et quelle préface ! tout en grandiloquence, en éloges pour une écrivain sensible et malheureuse.

La Bâtarde reprend et synthétise d'une certaine façon les histoires racontées dans ses premiers romans : L'Asphyxie, L'Affamée, Ravages tout en ajoutant une dimension véridique à l'entreprise.

La Bâtarde est un ovni, oscillant entre autobiographie dans son sens traditionnel et journal de bord parfois. On se perd dans les temporalités, dans les adresses aux personnages ou au lecteur. Parfois elle divague et va écrire quelques pages qui, quand on regarde dans la totalité, représentent des sortes d'îlots, de petits éléments indépendants des autres.

Quand m'embrasseras-tu jusqu'à ce que je demande grâce ? J'embrasse tes phrases, j'embrasse tes mots, je promène mes lèvres sur ton papier à lettres. Quand seras-tu dans mes bras ?

La Bâtarde est un texte foisonnant et complexe où l'auteure nous perd parfois, où on a souvent reproché l'aspect précieux de l'écriture de Violette.
Pourtant, il a failli remporter le Goncourt de cette année-là (décerné à Georges Conchon pour L'État sauvage) et il lui a permis de connaître la renommée.

Violette Leduc est rapidement retombée dans l'oubli, comme si son écriture tenait de l'éphémérité, comme si elle n'était pas assez talentueuse pour avoir droit à la postérité.
Mais ça c'était avant, avant que les courants féministes s'en emparent et en face un symbole.
Je ne suis pas certaine que Leduc aurait accepté d'être utilisée comme exemple, je ne suis pas certaine non plus qu'elle mérite uniquement d'être connue comme une des premières femmes ayant écrit sur son homosexualité — qui relève plutôt de la bisexualité puisqu'elle a aimé autant d'hommes que de femmes.


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Violette Leduc raconte sa vie, de son enfance jusqu'à la fin de deuxième guerre mondiale. Sa condition de bâtarde d'un fils de bonne famille, ses relations avec sa mère et sa grand-mère, ses maladies, ses expériences en pension, ses premiers amours, puis le début de sa vie professionnelle, son mariage, puis la guerre…

C'est totalement impudique, égocentrique, masochisme presque, tant elle donne un tableau d'elle peu flatteur. Et c'est absolument génial. Elle a une écriture, fabuleuse, enfin des écritures, parce que le livre évolue sur ce plan, comme le personnage. Pas toujours facile ni académique, mais fabuleuse. Pas sûre qu'on aurait aimé la rencontrer dans la vraie vie, parce qu'elle a tendance à phagocyter, les autres sont un peu des marionnettes de son théâtre à elle, où elle est le seul véritable personnage. Mais on ne reproche pas leur égocentrisme aux écrivains hommes, tiens Bukowski, quelqu'un lui en veut pour ça ?

Voilà, c'est drôle, cruel, terriblement sincère. Cela dresse une galerie de personnages, une époque, d'une façon qu'on ne retrouve pas ailleurs avec ce ton-là.

J'ai du mal à comprendre pourquoi elle n'est pas plus reconnue…
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Il m'aura fallu une année pour traverser le livre, autobiographique, de Violette Leduc. Car dans ce livre il y en a dix, toutes les plaies, tous les tourments, toutes les phases d'une vie péniblement vécue, les souffrances d'une laide et d'une mal-aimée, ses joies aussi, sont transcrits dans ce livre fait de sa propre chair. Une merveille de faiblesse et d'enfance jamais guérie.
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Récit autobiographique de sa jeunesse ou plutôt torrent d'émois, c'est avec ses entrailles que Violette Leduc écrit. Inlassable et somptueux jet d'images et de couleurs La bâtarde nous transporte dans un récit de soi intime mais surtout sincère, sans fard où toute intention est dévoilée au-delà de tout jugement, de toute morale. L'amour comme la laideur sont criés, vécus comme l'ivresse ou comme un coup de soleil car tout brûle, tout est boursoufflé, écrire comme enlever les croûtes, jamais d'apaisement. C'est dans cette apnée qu'elle trouve le sublime "Je m'en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m'ont torturée."
Violette Leduc rare, puissante, immense.
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Un travail accompli avec maîtrise par une écrivaine qui a su raconter sa vie et toute une époque depuis l'enfance jusqu'à la maturité avec toute la cruauté, le réalisme et la tendresse qui font émouvoir le lecteur. le meilleur message que nous laisse Violette Leduc dans un livre passionnant, est que la vie est, malgré tout, un chemin qui vaut la peine d'être parcouru.
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Ce livre est une insufflation puissante et audacieuse.
Une plume malicieuse, gênante et poignante en même temps. Tout est si bien conté : la condition sociale, l'introspection, le regard sur l'autre, l'amour.
J'aime beaucoup ces livres qui ont été censurés et que l'on redécouvre quelques années plus tard...
Je regrette seulement les passages assez lourds (il y a des pages sans ponctuation et où le sens est, pour ma part, insaisissable mais je suppose que c'est son truc).
Bref, La Bâtarde de Violette Leduc est un de ces livres inoubliables par leur intensité.
Pardonnez cette "fausse critique", mais je n'ai rien à ajouter.
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