Vernon Lee, née en France sous le nom de Violet Paget de parents anglais, était une femme de lettres voyageuse et cosmopolite. Mais passionnée d'art et d'histoire, c'est surtout en Italie qu'elle vécut et qu'elle situa la plupart de ses nouvelles. Dans «
la voix maudite » elle s'inspira de la vie de Farinelli et c'est à Venise, au milieu des eaux de la lagune, dans les salons de ses palais, si raffinés qu'ils en paraissent exotiques, qu'une voix fantôme resurgit, une voix qui envoûte et qui tue. Dans la première nouvelle de ce recueil, un vieux portrait, comme dans un roman gothique, ouvre la porte aux souvenirs et aux drames ; tandis que dans la dernière, « la vierge aux sept poignards », Don Juan, autre figure du 18éme siècle, descend dans de profonds labyrinthes où il finira décapité. Vernon Lee aimait donc susciter l'effroi, comme nombre d'écrivains de la période Victorienne, mais dans un style presque précieux, fait de longues arabesques, de descriptions précises, de mélopées pareilles à des rêveries.