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EAN : 9782724611632
292 pages
Les Presses de Sciences Po (10/06/2010)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
A la fin des années 1960, les Etats-Unis appuient contre toute attente la création de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), premier organisme intergouvernemental de la Francophonie, conçu pour répondre à un enjeu africain.
L'objectif américain en pleine guerre froide est d'ancrer les pays d'Afrique francophone dans le camp occidental, puis de s'assurer une accessibilité illimitée aux matières premières du continent noir. Elle oblige les Amér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est à un passionnant voyage dans le temps et dans l'histoire que nous invite la jeune chercheuse Marine Lefèvre. Sa thèse d'histoire, menée en co-tutelle entre les universités de Montréal et de Paris IV, traite de la politique africaine des États-Unis. de ce côté-ci de l'Atlantique, on considère souvent avec hostilité la diplomatie américaine en Afrique, lui reprochant tout à la fois son indifférence à l'égard d'un continent qui n'aurait jamais figuré au nombre de ses priorités extérieures et sa partialité en faveur de peuples colonisés dont elle aurait en sous-main encouragé d'abord l'indépendance puis, une fois celle-ci acquise, la rupture avec la France. Ce travail, réalisé à partir notamment des archives diplomatiques américaines, bat en brèche ces idées reçues.
Il démontre en premier lieu que les États-Unis ont manifesté à l'égard de l'Afrique plus d'intérêt qu'on ne le pense souvent. En particulier, John Kennedy en fit un des thèmes de sa campagne présidentielle de 1960. Une fois élu, il a noué des relations diplomatiques avec les pays nouvellement indépendants et initié plusieurs programmes d'assistance à destination de l'Afrique, tels le Peace Corps.
Plus impliqués en Afrique qu'on ne le croit, les Américains avaient néanmoins conscience qu'ils ne pouvaient pas tout y faire. Cette conscience était d'autant plus aiguë que la guerre du Vietnam a mobilisé, après 1964, une large part de leurs efforts extérieurs. Aussi, soucieux d'éviter que les nouveaux États africains ne basculent dans le camp soviétique, les États-Unis ont opté pour une politique réaliste : même s'ils ont pu être irrités par les foucades gaullistes, ils ont jugé que la France était la mieux placée pour la défense du « Monde libre » dans ses ex-colonies. Comme l'écrit l'auteure, la France était alors, aux yeux des États-Unis, une alliée certes « encombrante » mais « irremplaçable » dans cette partie du monde (chapitre VI). Ils s'y sont par conséquent cantonnés volontairement à un rôle complémentaire à celui de l'ancienne puissance coloniale : c'est le cas, par exemple, en Tunisie ou au Sénégal, qui font l'objet d'une monographie au chapitre V. C'est seulement dans les États laissés sans tutelle européenne comme la Guinée ou le Congo (idem) que les États-Unis, par crainte du vide dont risquait de profiter Moscou ou Pékin, ont joué un rôle de premier plan.
Cette option réaliste, conforme aux intérêts du monde occidental, explique le soutien paradoxal des États-Unis à la création de la Francophonie. Dans la seconde partie de sa thèse, Marine Lefèvre narre avec beaucoup de vie la genèse de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), qui fut l'objet de délicates tractations entre les États africains (les présidents Senghor, Bourguiba et Diori étaient à l'origine du projet), la France qui – on l'oublie souvent – refusa longtemps la création d'un « machin » dont elle ne percevait pas l'utilité, et le Canada qui craignait par-dessus tout de laisser le champ libre au Québec. Tous y ont trouvé leur compte. Et les États-Unis pas moins que les autres, qui ont profité de l'association de la Louisiane pour se tenir informés de son fonctionnement et qui ont évolué à son égard « d'une passive bienveillance à une active participation » (chapitre X). Les Américains se sont avérés beaucoup plus engagés en faveur de la Francophonie qu'on aurait pu l'imaginer. Inquiets du morcellement de l'Afrique en petites entités, ils avaient salué ce premier pas vers l'intégration régionale. Soucieux de voir la France continuer à exercer son influence dans ces pays sans pour autant accentuer son hégémonie, ils ont encouragé la participation d'Ottawa qui équilibrait une organisation qui, sans le Canada, aurait tous les atours d'un club d'anciennes puissances coloniales. Enfin et surtout, obnubilés par la menace soviétique, ils ont été ravis d'arrimer les ex-colonies françaises au camp occidental.
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