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sur 5605 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je sais que j'arrive bien longtemps après l'extinction des feux de la rampe avec ce livre, à l'heure où les brasiers ardents sont désormais des tas de cendres d'où ne s'échappe plus guère qu'une menue fumée continue...
Ce roman a connu deux heures de gloire distinctes à quelques années d'écart : l'une à sa sortie en 2003, car l'auteur de Gone, Baby, Gone ; Ténèbres, Prenez-Moi La Main ou encore Mystic River était attendu par les aficionados tel le beaujolais nouveau par les bordées de pochetrons ou l'heure de la migration par les hirondelles grelottant sur leur fil électrique.
L'autre effervescence autour de Shutter Island eut lieu au tournant de l'année 2010, lors de la sortie au cinéma de l'adaptation réalisée par Martin Scorsese avec Leonardo di Caprio et Ben Kingsley dans les rôles principaux.
C'est juste avant cette sortie, fin 2009, que j'ai lu Shutter Island, lecture à la suite de laquelle je suis allée voir le film dans la foulée.
Ce n'est pas sans intérêt à mes yeux que j'aie laissé s'évacuer un peu la chaleur ardente et que j'écrive les pieds dans la cendre tiède. Je pose ainsi mon index sur ma tempe et m'interroge honnêtement : "Que me reste-t-il de cette double expérience plusieurs années après les faits ? " Car d'après moi, c'est là qu'on sait ce qu'un livre ou un film a remué en nous.
Donc, que me reste-t-il ? Une impression bonne, mais diffuse que je vais tenter de vous retranscrire et d'analyser.
Précision numéro 1, vous me connaissez suffisamment pour savoir que je ne souffre guère la comparaison avec les grands adeptes des thrillers, polars et autres romans noirs, qu'on rencontre sur le site, tels Lehane-Fan (ça ne s'invente pas !), Caro64, Carré, Belette2911, Jeranjou et autres authentiques vrais connaisseurs. Gardez à l'esprit que c'est une parfaite béotienne qui vous parle.
Précision numéro 2, avec bientôt 200 critiques au compteur, peut-être n'est-il point besoin de re-préciser les détails du synopsis, où d'ailleurs, pour ce genre d'ouvrage, raconter l'histoire est quelque peu sacrilège car tout réside dans le " fin mot de l'histoire " qu'on découvre dans les toutes dernières pages (assimilable au " mot de la fin " dans ce cas précis) et dans la divulgation progressive et savamment orchestrée par l'auteur d'éléments, dans un ordre bien déterminé.
Je vous en rappelle simplement le thème : psychiatrie et internement des criminels déséquilibrés en établissement spécialisé dans l'Amérique des années 1950. C'est suffisant, vous en savez presque déjà trop si vous n'avez pas encore lu ce livre.

La matière, maintenant. Dans son style ce livre est bien, on pourrait ajouter très bien, voire très très bien fait, même si j'ai souvent du mal à me laisser embarquer dans la fine mécanique de roulage dans la farine de ces auteurs de thrillers, où l'on vous égare, on l'on vous dévoie systématiquement pour vous faire croire et miroiter plein de choses erronées tout en distillant, presque par inadvertance, subrepticement, comme des papiers tombés de la poche, des indices hyper importants, comme pour mieux vous dire après : " Vous voyez, je vous l'avais dit, je vous avais donné toute la clef de l'énigme, mais vous n'aviez pas fait attention, vous n'avez pas réussi à deviner, bande de nazes ! "
C'est donc très bien fait dans ce style, et c'est plaisant et prenant à la lecture. Ne boudons pas notre plaisir, c'est un bon moment d'excitation. Mais comme je suis d'un naturel têtu et obstiné, je repose la question : " Que reste-t-il après, passé la découverte du scénario ? "
Là, ma réponse est plus embarrassée et pour être sincère jusqu'au bout, je vous avouerai : " Probablement pas grand-chose au fond de mes paniers... " C'est un peu comme ces jolis feux de paille qui nous éblouissent mais qui ne nous réchauffent pas ou bien alors ces vins très sexy au palais, dans les premiers instants, et qui retombent comme des soufflets ensuite.
C'est vrai, j'ai tendance à préférer les bourgognes, un peu moins sexy, mais qui tiennent mieux en bouche.
Il est vrai que l'ambiance est bien rendue ; on chemine dans un monde glauque à souhait, où l'on se doute que dès qu'on s'enfonce dans un boyau, un éboulis va se produire, que notre palpitant va s'affoler, que notre adrénaline va s'en donner à coeur-joie. En ce sens, Shutter Island arrive magistralement à atteindre son objectif qui, comme le nom " thriller " l'indique, est de nous faire frissonner l'épine dorsale et claquer nos grosses molaires baveuses en accord avec nos genoux qui s'entrechoquent...
Mais sur le rendu purement littéraire cette fois ? J'avoue ne pas avoir eu tout mon compte. Je vais aller encore un peu plus loin qu'avec ma comparaison oenologique.
Vu que ces ouvrages se prêtent admirablement aux adaptations cinématographiques (alors même que l'on sous estime toujours les capacités d'imagination du lecteur), qu'ils n'en perdent pas leurs attributs ni leur charme à l'écran, ni tout ce qui les rendaient grands (je me fais l'avocate du diable et je sens déjà monter les grondements réprobateurs de la Fronde et je palpe déjà l'inextinguible rancoeur qui se dessine dans l'âme de certains) c'est qu'ils ne sont...
... pas beaucoup plus que des scenarii bien ficelés !
Un peu comme ce que serait le théâtre s'il n'y avait ces fameuses répliques dont tout le monde se souvient au sortir de la salle et qui nous marquent bien souvent pour le restant de nos jours. Imaginez par exemple Cyrano, s'il fallait se contenter du seul scénario, s'il n'y avait pas le " C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap..." ? Eh oui, songez-y objectivement, à tête reposée, quand la chaleur est retombée.
Donc, si l'équation : " scénario = littérature " vous convient, vous aurez tout votre compte avec Shutter Island et vous serez même repus.
Si, par malheur, comme moi, vous considérez que " scénario = une partie et une partie seulement de l'ensemble complexe et pluri-axial que constitue l'ouvrage d'art du littérateur ", alors il vous restera peut-être un petit goût d'inachevé. N'est pas Umberto Eco qui veut...
Le seul point où je trouve le livre de Dennis Lehane franchement meilleur que le film de Scorsese, c'est sur le traitement et le développement de la personnalité de Chuck, l'équipier du héros, pendant le premier tiers du livre. Là, il y a un vrai plus, quelque chose qui confine à la littérature que j'aime, c'est-à-dire quelque chose que l'écran ne sait pas bien retranscrire, que seule la texture livresque sait faire vibrer et bien ressentir.
Rien que pour cet avantage, j'aurais tendance à vous conseiller malgré tout plus le livre que le film, mais je considère que les deux se valent, globalement. C'est un bon, un très bon moment, mais pas à mes yeux un moment d'extase littéraire où l'on a envie de noter chaque phrase, comme il m'arrive parfois, et de se les redire dans la tête, tellement on les trouve belles et sonnantes. Et la traduction n'est pas en cause, lorsque je lis du Steinbeck, du Tolstoï, du Hesse, le problème de la traduction se pose et pourtant le verbe m'envoûte.
En outre, ceci n'est bien évidemment que l'avis éhonté d'une novice en matière de polars ou de thrillers, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P.S. Qu'on ne me fasse pas dire que je snobe le talent de scénariste de Dennis Lehane, car l'extraordinaire qualité de celui-ci ou bien, s'il est nécessaire d'en juger, sa remarquable contribution à l'élaboration du scénario de l'époustouflante série " The Wire " ("Sur écoute" dans la version française) est là pour en témoigner. Ce que j'exprime simplement, c'est qu'être scénariste ou être littérateur, ce n'est pas tout-à-fait la même chose, tout comme faire les Beaux-arts ou faire les Arts-déco, ce n'est pas non plus tout-à-fait la même chose. D'une certaine manière, le scénariste fait de la littérature appliquée. Ce n'est pas moins noble, c'est juste un peu différent, cela comporte ses contraintes propres et cela vient étayer les armes du réalisateur pour enflammer l'imaginaire du spectateur. le réalisateur possède encore des sortilèges comme l'éclairage, le cadrage, le découpage ou la manière de diriger le jeu des acteurs. L'écrivain, lui, pour envoûter son lecteur, a dans ses prérogatives ce que nul autre ne peut prétendre lui subtiliser, la métaphore, la cadence de ses phrases, l'ajout ou le retrait de la ponctuation, l'expression d'un style, ou tout autre artifice, qui font qu'il est illusoire de vouloir tenter de rendre à l'écran du Proust, du Céline ou du Flaubert. C'est comme ça, on n'y peut rien.
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Stupéfaite, perplexe, voilà ce que je dirais de moi-même à la fin de la lecture de ce roman.Je ne vais pas tarder à regarder le film, à ce que l'on dit, fidèle au livre, car la fin surprenante mérite une deuxième lecture .
Je n'en dirai pas plus à ce sujet.
J'ai écouté ce récit (livre audio) avec un ressenti très variable : angoisse : l'ambiance parfois sinistre et inquiétante étant très bien restituée, impatience : vont-ils trouver une âme charitable pour les guider efficacement, interrogation : un personnage surgit de nulle part sans explication, sans présentation,
confusion : j'ai eu l'impression de me retrouver confrontée à des incohérences , des situations qui ne cadrent pas avec la fin , ces incohérences, (à analyser en deuxième lecture) amènent le lecteur à se demander qui est fou, qui est sain d'esprit lors du dénouement spectaculaire que nous offre Dennis Lehane.
Ne passez pas à côté de ce magnifique thriller psychologique. Un conseil de lectrice, ne perdez pas une miette de ce que vous lirez, cela vous sera utile pour comprendre la situation finale.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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J'ai eu l'occasion (la chance ?), de lire le roman avant de voir le film de Scorsese.
J'irai droit au but, j'ai adoré les deux !
Shutter Island,est l'un des rares romans policiers que je n'ai littéralement pas pu lâcher avant de l'avoir terminé, tant le suspense est bien entretenu, et l'intrigue prenante.
J'avoue avoir été bluffé par le dénouement que je n'avais pas vu venir !
Et, le meilleur du plus beau, c'est que quand j'ai vu le film, alors donc, que je connaissais les tenants et les aboutissants de l'histoire, j'ai été aussi surpris par la fin du film, que par celle du livre !
De deux choses l'une; soit, j'ai une mémoire de poisson rouge, et le QI d'une huitre, soit l'adaptation cinématographique est si réussie, qu'une espèce de magie opère autour de ce roman..!
Bon, je préfère tout de même la deuxième explication.
Mais au fait ?
Qu'est ce que j'attends pour lire un autre roman de Dennis Lehane ?
La crainte d'être déçu peut-être ?!
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J'irai jamais sur ton island
Elle est trop belle elle est trop grande
Je me sentirais mal à l'aise
Dans tes criques, sur tes falaises
J'irai jamais sur ton island
C'est pas la peine que tu m'demandes
Ton île c'est pas mon hémisphère
Tu vois l'Eden et moi l'enfer...
Ce sont les paroles de cette belle chanson de Fabienne Thibeault qui me viennent en premier après avoir refermé cet excellent polar qui m'a pourtant entraînée sur une île vraiment pas accueillante: doux euphémisme!
Teddy Daniels et Chuck Aule, deux marshals abordent l'île de Schutter Island, au large de Boston pour enquêter sur la disparition d'une patiente, internée à l'hôpital psychiatrique de l'île.
Ce roman est le récit des quatre jours de septembre 1954 où tout a commencé.
L'enquête démarre un peu comme une version moderne du "Mystère de la chambre jaune" car la patiente s'est littéralement volatilisée de sa "chambre cellule"!
L'ambiance qui règne dans cet HP est plus qu'inquiétante elle est morbide. Daniels, hanté par la mort tragique de sa femme est toujours animé d'une pulsion de vengeance envers celui qu'il estime responsable et qui serait incarcéré dans le pavillon des patients les plus dangereux.
Arrivera-t-il à ses fins?
Petit à petit, l'étau se resserre, pendant que les éléments, eux se déchaînent sur l'île sous la forme d'une tempête.
Un thriller haletant capable de générer quelques cauchemars, un vrai labyrinthe psychologique, j'en ai encore le tournis!
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C'est toujours dangereux de s'aventurer sur une île, surtout si celle-ci n'abrite qu'un hôpital psychiatrique.
Teddy Daniels et son adjoint Chuck Aule vont y subir une bien angoissante aventure. Cette île, au large de Boston, accueille en son sein les plus dangereux criminels dérangés du ciboulot. Et il parait qu'une patiente, Rachel Solando, a disparu. Daniels voudrait donc démêler cette affaire plus que bizarre. Surtout qu'on lui a susurré que de terribles traitements étaient infligés à certains des prisonniers. Mais Daniels traine lui aussi ses petites casseroles pas nettes...qu'on découvrira au fur et à mesure de l'histoire palpitante et, surtout, de plus en plus glauque.

Avec un style vivant et désarmant – oui, nos capacités mentales sont mises à rude épreuve – Dennis Lehane, que je ne connaissais que par ouï-dire (surtout par un membre de Babelio que je n'ai pas besoin de citer), m'a littéralement secouée. Un petit bémol, mais uniquement de ma faute : j'avais vu l'adaptation cinématographique en 2010, je me souvenais du sombre malaise qui m'avait envahie dès le départ, et je savais qu'à la fin, il y avait une révélation explosive (dont je ne vous parle pas, évidemment, pour qui me prenez-vous donc ? Je ne suis pas folle !). Donc, la révélation en question ne m'a pas surprise...Je m'en mords les doigts de dépit.

En conclusion, un petit conseil : si vous voulez profiter pleinement de l'enquête lugubre et des détails sordides et vous laisser submerger par la folie, NE REGARDEZ PAS LE FILM AVANT DE LIRE LE LIVRE !
Vous en sortirez ainsi mieux armés pour affronter votre propre cerveau et ses dangereux méandres...
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Shutter Island n'est pas une île paradisiaque, c'est le moins que l'on puisse dire. Imaginez un endroit, battu par les tempêtes, entouré d'eau crasseuse agitée de courants puissants, où on aurait rassemblé des fous furieux coupables de crimes, et vous aurez un aperçu du coin.

Surveillé par de nombreux médecins, infirmières, aides-soignants et gardes, normalement aucun malade n'est censé s'échapper de cet enfer. Sauf que la belle Rachel, trois fois infanticide, s'est évaporée sans que personne ne semble avoir vu quoi que ce soit. Envoyés sur place les marshalls Teddy Daniels et Chuck Aule doivent faire preuve d'imagination et de sang-froid pour démêler le vrai du faux. Car les deux hommes découvrent que sur cette fichue île, il n'y a vraiment personne à qui se fier et que ceux qui mentent le moins sont peut-être les malades.

Ce polar est un modèle du genre. L'auteur balade l'innocent lecteur pour mieux le perdre et le conduire au choc final. Une intrigue diablement bien pensée, avec des personnages de flics plutôt subtils (une fois n'est pas coutume), que Lehane a imaginée pour notre plus grand plaisir.
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Ma deuxième fois avec Lehane fut tout aussi réussie que ma première, pourtant, le livre partait avec un gros handicap puisque j'avais vu le film de Martin Scorsese, avec le bô Léonardo di Caprio.

"Mon dieu ! Elle savait la fin" se disent avec effroi tous ceux qui ont lu le livre.

Oui, je connaissais la fin, malgré tout, cela n'a pas entamé mon plaisir durant lecture, bien que j'aie eu peur de ne pas apprécier le livre étant donné que j'avais moyennement aimé le film.

En fait, j'avais trouvé le film un peu touffu (monsieur Scorsese, si vous me lisez, j'implore votre pardon pour ce que je viens de dire) et je n'avais pas tout capté, surtout la fin.

Le film était sombre et j'avais décroché quelques fois, la faute sans doute aussi à la mauvaise qualité de film téléchargé. Oui, punie.

Par contre, durant ma lecture, je vous avoue que j'avais le palpitant à 100 à l'heure et ma visite sur l'île me laissera quelques séquelles psychologiques. L'avantage des livres sur les films, c'est que nous sommes actifs.

Lehane joue avec nous comme un chat avec une souris, nous faisant croire que nous allons en réchapper, mais que dalle !

Il le fait si bien (je parle de l'écriture) qu'à un moment donné, j'étais à fond dans l'histoire, sursautant à chaque rebondissements que nous apprenait le marshall Teddy Daniels, avant de me secouer en me disant "Imbécile, tu connais la fin, pourtant".

Si ça c'est pas un talent digne d'un grand auteur...

Pire : malgré tout, j'ai tout de même senti le coup de pied au fondement à la fin parce là, faut avouer que c'est grandiose ! En plus, cerise sur le gâteau, j'ai enfin compris le film !

Alléluia !

PS : petit avantage, durant ma lecture, j'avais di Caprio qui se promenait dans ma tête. Avouez qu'il y a pire...

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un Lehane des plus enigmatiques

Après avoir lu à la suite les aventures de Angie et Patrick dans « Sacré », « Un dernier verre avant la guerre », « Ténèbres, prenez-moi la main », ou encore « Gone Baby gone », je suis devenu un inconditionnel de Lehane, au travers de personnages venus d'ailleurs comme Bubba par exemple. Il est extrêmement rare de trouver une qualité d'intrigue, d'écriture et de traitement du comportement des personnages, dans l'ensemble de ses romans, comme le fait Lehane.

Je me suis donc plongé dans Shutter Island, cet ouvrage plutôt mystérieux dont l'histoire se déroule sur une ile avec des personnages inédits pour l'auteur:
au large de Boston, sur Shutter Island reliée uniquement par ferry, un hôpital psychiatrique, dont les patients ont commis des meurtres, accueille le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule, venus interroger une patiente nommée Rachel Solando.
Au fil du roman, les deux flics s'éternisent sur l'ile –pas de rachel, tempête les bloquant sur l'ile, maux de tête interminables de Teddy,… -sans trouver ce qu'ils sont venus chercher, ceci dans un univers de plus en plus trouble et angoissant.

Plus on avance dans le roman, plus nos sentiments sur les personnages (flics, médecins, patients) se troublent jusqu'à la confusion la plus totale. L'intrigue reste malgré tout bien construite et les indices sont fournis un par un ; évidemment des leurres sont ajoutés par l'auteur tout au long de l'histoire ; jusqu'au dénouement final…
J'ai donc apprécié ce roman autant son adaptation au film de Scorcèse plus tard.

Cependant, il m'a manqué un petit truc, que je ne saurais expliquer, peut-être le fait qu'il n'y a pas vraiment de héros proprement dit dans cet ouvrage. Il reste un excellent polar mais je n'ai pas eu de coup de coeur comme j'ai pu en avoir pour les autres.

Bonne année à tous les fans de Lehane… (aux autres aussi évidemment)
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Mon premier Lehane, enfin !
Teddy Daniels et Chuck Aule, deux marshals, sont envoyés sur l'île de Shutter, au large de Boston, suite à l'évasion d'une patiente. L'île est en effet un hôpital psychiatrique, où sont soignés (et emprisonnés) les criminels les plus dangereux des Etats-Unis. Très rapidement, Daniels et Aule se rendent compte que l'endroit n'est pas si sain qu'il n'y paraît, et ils développent même la conviction que des expériences pas nettes y sont réalisées ; où diable sont-ils tombés ?

Wow ! Quel polar d'enfer ! Non seulement il est bien écrit, bien construit, bien mené, mais il balade le lecteur de rebondissement en rebondissement, tout en entretenant le mystère et en maintenant le suspense. Je n'ai pas vu l'adaptation de Scorsese, j'ai donc découvert l'histoire au fur et à mesure de ma lecture, pour mon plus grand bonheur.
Outre l'intrigue proprement géniale, j'ai adoré le contexte du roman : on est en 1954, en pleine guerre froide, en pleine peur atomique, en pleine paranoïa communiste, et Teddy est un ancien soldat qui a libéré Dachau et ne peut se délivrer de tout ce qu'il y a vu, les morts, les vivants, les morts-vivants. C'est également la période où deux écoles de médecine psychiatrique s'affrontent : les tenants des électrochocs et autres lobotomies, et ceux de la psychopharmacologie naissante -qui nécessite toutefois des cobayes. A la folie du monde, s'ajoutent donc celle des malades (et des médecins ?) et celle des éléments, puisqu'une tempête énorme ravage l'île et l'isole du reste du continent. Epoustouflant.
Par ailleurs, en plus de la trame policière, des rappels historiques, des références médicales, Dennis Lehane insuffle dans son roman des réflexions sur l'amour d'une renversante intensité : "(...) et il aurait voulu lui demander quel bruit faisait le coeur quand il éclatait de bonheur, quand la seule vue d'un être vous comblait plus que la nourriture, l'eau ou l'air ne le pourraient jamais, quand vous aviez l'impression d'être né pour vivre un seul et unique moment, et que, sans raison, vous le saviez soudain arrivé." Et tous ces composants sont dosés avec une telle justesse qu'ils s'imbriquent parfaitement les uns dans les autres, pour offrir un récit captivant, intrigant et émouvant ; la grande classe !

Alors, forcément, je suis sortie éblouie, secouée, ébouriffée, de cette lecture, qui m'a fait valdinguer dans tous les sens de l'imaginaire, comme une vraie tempête littéraire.
Une totale réussite, donc, et pas mon dernier Lehane !

***

Triste époque : en dernière page de mon édition "Rivages/noir" de poche, imprimée en Février 2023 et dotée d'une couverture lisse, il est indiqué, non sans humour : "la panique générale dans l'industrie papetière nous oblige à faire un détour en changeant le papier habituel, si swag, de nos couvertures Rivages/noir."
Tout se perd, même le swag. Vive la crise.
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Teddy Daniels avec Chuck Aule sur l'île de Shutter Island, qui abrite un hôpital psychiatrique destiné aux criminels les plus violents. Leur but : retrouver Rachel Solando, qui s'est échappée mystérieusement de sa chambre.

La tâche de Teddy s'avère compliquée : participation tiède du personnel dans les recherches, bâtons dans les roues quand il veut explorer tous les bâtiments, … Pour ne rien arranger, un ouragan se déclenche, ce qui brouille toutes les radios, menace de couper l'électricité et donc de libérer l'entièreté des patients...

Le rythme du roman est assez inattendu. Pendant la première moitié, on a l'impression d'être face à un honnête thriller, assez bon mais sans grande originalité. Plus on s'approche de la fin, plus le rythme s'accélère et plus la confusion est grande : coups de théâtre à répétitions, les explications fragiles que l'ont vient juste d'élaborer s'effondrent comme des châteaux de carte, et ce, jusqu'à la dernière page.

On sort de ce thriller un peu hébété, pas du tout préparé à ce qui vient de nous arriver, et un cerveau qui surchauffe pour essaye de remettre tous les éléments en place.
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