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3,8

sur 4137 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est le premier ouvrage de cet auteur, Prix Goncourt 2013 avec Au revoir là-haut, que je lis. Non seulement je ne suis pas déçu, mais j'ai envie de lire un autre de ses romans...

Ce livre nous raconte l'histoire d'Antoine, un pré-adolescent qui tue, plus ou moins intentionnellement un petit garçon fin 1999. Tout la ville est bouleversée, mais le sera plus encore par les tempêtes de cette fin d'année qui le frappent avec une violence maximale. Cet événement climatique deviendra une aubaine pour Antoine. A la fin du livre, nous retrouvons Antoine devenu étudiant en médecine et se préparant à s'engager dans l'action humanitaire. Mais son passé meurtrier va le rattraper d'une façon des plus inattendues.

Dire que les personnages sont crédibles serait présomptueux. Pierre Lemaitre nous livre plutôt une caricature d'une petite ville de province, de ses habitants et des relations entre eux. Au milieu, Antoine, puis les tempêtes, constituent des éléments perturbateurs qui vont exacerber les tensions. Pour l'essentiel, tout cela est vu avec le regard d'Antoine, au travers de ses états d'âme de jeune meurtrier qui s'attend à être démasqué à tout moment.

Le livre est porté par une écriture simple, directe, nerveuse, des phrases et des paragraphes plutôt courts. Autant Antoine se sent totalement impliqué au coeur de l'action, autant le narrateur semble observer et décrire avec distance, ce qui crée des contrastes étonnants.

Une lecture recommandée sans réserve, d'autant que le livre est plutôt court (à peine plus de 300 pages)
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Pierre Lemaitre est un rassembleur. de ce que d'aucuns qualifient de mauvais genre (le thriller) jusqu'à son prix Goncourt, il a prouvé que coller une étiquette sur le front d'un auteur n'a pas de sens. Avec ce nouveau roman, Trois jours et une vie, il en apporte une preuve en 280 courtes pages.

Pauvre de vous, si vous tenez absolument à cataloguer ce roman tout à la fois littérature « blanche » et roman noir, et qui ose même parfois s'inspirer de certains codes du thriller pour faire monter la tension. Car Pierre Lemaitre unit les lecteurs, tout simplement.

Touchante histoire que celle de ce jeune garçon de douze ans confronté à une situation dramatique. Un drame absolu, dont il est le protagoniste, et à travers lequel il devra survivre et se construire. Tout ça, découlant de la mort du chien des voisins…

C'est un roman terrien, qui raconte tout autant ce drame indicible que la vie dans une petite bourgade entourée de forêts, où tout le monde se connaît et où tout le monde se juge. Une description de la vie d'un village à la fin de l'année 1999 (le choix de la date n'est pas dû au hasard, et c'est une belle idée de départ).

Nous, lecteurs, traversons cette tragédie aux côtés du jeune Antoine ; au plus près de lui, de ses pensées, de sa perception d'une telle situation du haut de ses douze ans. Nous le suivons, pas à pas, durant les premiers jours qui suivent la disparition d'un autre enfant. Nous découvrons, à travers le prisme déformé de son jeune âge, les relations interpersonnelles des habitants.

A l'image de la couverture, Pierre Lemaitre nous dépeint une toile en vert foncé et rouille, aux couleurs sombres et à l'ambiance ténébreuse.

Une histoire touchante, donc, parce qu'elle parle d'enfants, mais pas seulement. Lemaitre décrit ce drame humain avec beaucoup de délicatesse et de subtilité, tout en l'imprégnant d'une atmosphère terriblement pesante.

Et puis, il y a la fin, magnifique de force et de sagacité, retournement de situation digne des premiers romans de l'auteur. le genre de fin qui vous fait longuement cogiter et voir sous un autre jour toutes les pages précédemment parcourues.

Dommage que ce roman soit court, trop court à mon goût. J'aurais tant aimé passer davantage de temps à Beauval, à côtoyer ces personnages, leurs failles et leurs doutes. Parce que l'auteur sait magnifiquement transcender un fait divers somme toute assez « banal » (si tant est qu'une disparition d'enfant puisse l'être) et déjà souvent traité, en lui donnant vie par sa plume soignée et expressive.

Trois jours et une vie est un roman simple au sens noble du terme, limpide et prenant, proche des gens et dégageant une belle sensibilité. le genre de qualités qui font de Pierre Lemaitre le rassembleur qu'il est.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Le jeune Antoine tue un gosse par vengeance-accident, cache le corps, angoisse, se fait des films, la montre qu'il a perdue....

Le pitch et la construction en plusieurs périodes sont intéressants, mais quasi uniquement centré sur le point de vue d'Antoine, les supputations de son arrestation qui deviennent redondantes.

Ah! ce qu'un Armel Job pourrait en faire, les personnalités croustillantes, ragots, médiocrités de tout le village.
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Voilà un texte plus compliqué qu'il en a l'air.
Trois jours, c'est les trois jours où le destin d'Antoine bascule. D'abord, fallait pas toucher au chien. Ulysse, le chien des voisins, compagnon fidèle -pas comme les copains qui jouent aux jeux video- du petit garçon seul et solitaire qu'est Antoine. Papa est parti comme ça, sans se retourner, infidèle, lui aussi. Maman est plutôt morose (tu m'étonnes...) Il n'y a qu'Ulysse qui soit correct dans la vie d'Antoine. Et voici que la brute de voisin, quand son chien fidèle se fait renverser, au lieu de l'amener chez le vétérinaire, l'abat d'un coup de fusil devant Antoine. C'est très dur. D'une injustice folle. Antoine bouillonne d'une rage qui ne dit pas son nom, et lorsque, le lendemain, il se retrouve seul dans les bois et que le petit garçon du voisin brutal, Rémi, 6 ans, le rejoint, il passe sa colère sur lui. Un mauvais coup sur la tête, le petit est mort...Antoine va dissimuler le corps dans un arbre mort. Début de la tragédie où tous ceux qui ont fait le mal seront punis...Et violemment.
Deux jours de battues, de recherches, Antoine tremble, et le 26 décembre 1999, c'est la fameuse tempête...D'autres chats à fouetter à présent que le pauvre Rémi...
Puis une vie, en deux étapes, 2011 et 2015...
Le lecteur partage avec Antoine l'angoisse d'une culpabilité éternelle, d'un châtiment qui ne peut qu'advenir. Mais où ? Quand ?
Les trois premiers jours sont extraordinaires, les paysages désolés, la forêt, la violente tempête, l'isolement du village, en complète symbiose avec l'esprit du jeune adolescent. La suite m'a un peu moins convaincue, à l'exception des dernières pages, que j'ai trouvées excellentes.
Mais dans l'ensemble, oh, quel beau livre, encore une fois, monsieur Lemaître !
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Malheureux qui, comme Ulysse, finit avec une balle…

Difficile de parler de ce roman sans rien déflorer. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il entre dans le club des "Court mais bon et intense".

C'est un roman que j'ai lu d'une traite, sur une soirée tant je voulais savoir ce qui allait se produire, comment cela allait se passer, et si la police retrouverait le petit Rémi.

Tiraillée je fus entre deux sentiments : celui de la Justice, tout d'abord, parce que tout de même, c'était… On rigole pas avec ça ! Et celui de l'amnistie parce que tout de même, c'était un…

Lisez le roman et vous aurez les réponses aux points de suspensions !

Et puis, j'ai beau le savoir, ça me retourne toujours autant de voir à quoi tiennent nos existences – à un détail – et comment un fait banal peut les faire basculer dans le chaos et l'abîme.

Comment un acte "battement d'aile de papillon" peut, sans qu'on le sache, déclencher un tsunami dans des vies. Ce qui sera le cas pour des personnages de ce roman.

Un acte, une réaction disproportionnée mais sans intention de… et bardaf, l'embardée dans l'abîme, des vies gâchées à jamais.

La ruralité est très bien décrite aussi : tout le monde qui connait tout le monde, les rumeurs, les jalousies, le qu'en-dira-t-on, l'opinion des autres, la bigoterie pour certains, l'usine qui nourrit des tas de famille qui est en difficulté, les licenciements, la trouille de perdre son emploi, les vieilles rancoeurs… Ces villages que les jeunes ne veulent plus habiter et qu'ils veulent quitter rapidement…

Mais aussi la solidarité avec une famille dont le petit gamin de 6 ans a disparu et l'égoïsme ensuite, après la tempête, car chacun a ses problèmes et celui des autres passera après.

Mention spéciale à la mère d'Antoine, madame Courtin, une femme d'une telle rigidité qu'on penserait qu'elle a un bâton planté dans le cul. Sa manière d'ériger des barrières, des barrages pour occulter des choses est phénoménal !

Beaucoup de tensions, des personnages forts, travaillés avec peu de mots, un récit qui m'a emporté en plein coeur de la tempête de fin 1999 et puis… waw, le coup dans le plexus pour plusieurs choses.

♫ J'm'attendais pas à ça ♪ (comme le chantait Patrick Bruel). le final est… je suis bluffée et quand j'y repense, pas possible que je l'oublie.

Mais je n'ai toujours pas tranché si c'était pire ou mieux qu'un autre, ce final. Les punitions et les prisons ne sont pas toujours celle qui ont lieu derrière des barreaux.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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On pourrait être au coeur d'un film de Chabrol. Un village entouré de forêt où tout le monde se connait et épie son voisin à l'abri derrière ses rideaux.
Antoine, 12 ans y mène la vie sereine d'un garçon de son âge jusqu'au jour où pris d'une rage incontrôlable, il tue un Rémi, un enfant de 6 ans.
Dans ce nouvel opus, Pierre Lemaître ne signe pas un polar car l'assassin nous est révélé dès les premières pages.
C'est une étude de l'âme humaine que l'auteur nous propose en nous interrogeant sur la culpabilité et le remord.
En avançant page après page dans une ambiance lourde on est de plus en plus happé par l'angoisse de l'enfant qui attend jour après jour l'arrivée des gendarmes.
L'écriture de Pierre Lemaître est parfaitement maîtrisée et donne à ce roman noir, très noir une profondeur abyssale en nous plongeant dans le coeur d'un enfant avec sa solitude, sa peur, son chagrin.
La tension est palpable jusqu'au dénouement final.
J'ai ressenti une grande pitié pour cet enfant sans, à aucun moment, parvenir à le juger coupable d'un acte qu'il n'a pas voulu.
Quel que soit le sujet qu'il aborde, Pierre Lemaître réussit chaque fois à me convaincre.
Encore un excellent roman.

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D'emblée, le lecteur connaît le responsable de la disparition (et de la mort) du petit Rémi, 6 ans.
C'est Antoine, 12 ans, qui dans un mouvement d'humeur, l'a frappé, le tuant accidentellement. Sous le choc, paniqué, il a caché le corps de l'enfant, et gardé le secret.

Un secret culpabilisant qui va hanter Antoine, le torturer, le terroriser.

Les tourments qu'il endure sont à la base d'un suspense psychologique intense qui pousse à tourner les pages de ce roman pour en connaître l'issue. La peur ne s'estompe que pour mieux renaître.

Une histoire captivante, bien construite et bien racontée, avec des personnages vrais.
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Trois jours et une vie est un authentique roman policier. Joliment écrit et construit avec cohérence par un maître du genre, il porte, jusqu'à la fin, des rebondissements surprenants. Les péripéties se déroulent dans un univers chabrolien.

Nous sommes à Beauval, petit village bordé de forêts. Tout le monde se connait, depuis l'enfance. Chacun a son destin lié aux autres ; tous vivent, plus ou moins directement, d'une usine appartenant au maire. Les amitiés et les inimitiés cuisent et recuisent indéfiniment... Un village banal, quelque part en France.

Dès les premières pages, un meurtre... Il faut bien appeler les choses par leur nom. Ce n'est pas un crime crapuleux, ni passionnel, ni même intentionnel. Juste un éclair fugitif de folie furieuse échappant à Antoine, un pré-adolescent en plein désarroi. Malheureusement, Rémi, six ans, git à terre, mort... Presque un accident !

Meurtrier à douze ans. Voilà ce qu'est Antoine. Sa vie est-elle fichue ? Devrait-il passer des années en prison, subir l'opprobre de son entourage et porter au front toute sa vie une étiquette de meurtrier ? En droit, dans la vraie vie, probablement oui.

Mais moi, lecteur, je suis plongé dans un roman dont Antoine est le personnage principal. Alors forcément, même si le garçon n'incite pas spontanément à l'empathie, je prends acte de son désespoir et de ses remords ; je comprends ses efforts pour dissimuler dans les bois le corps du petit Rémi et pour échapper à toute suspicion de responsabilité dans sa disparition. Je me mets même à trembler pour lui. C'est l'aspect thriller du livre, car au fil de l'histoire, je tremblerai de plus en plus.

La disparition du petit garçon bouleverse la vie locale : la population se mobilise en masse autour des gendarmes et des édiles ; des moyens importants sont mis en oeuvre pour l'enquête et les recherches, sous l'oeil des journalistes et les caméras de TV braquées sur la famille en détresse. Comme tous les villageois et une partie du pays, Antoine et sa mère, –dont les relations sont empreintes de sentiments sincères à défaut d'être démonstratifs –, suivent avec anxiété les journaux télévisés et les éditions spéciales... Antoine se figure déjà que tout est découvert... Il en est malade, ... plus que malade...

Mais c'est Pierre Lemaître et lui seul qui tire les ficelles ; il nous réserve des surprises... Les événements auraient pu se produire n'importe quand ; dans un village comme Beauval, les jours, les années se suivent et se ressemblent, rien ne bouge, la vie quotidienne est intemporelle... Mais voilà, pour l'auteur, nous sommes dans les derniers jours de décembre 1999. le vent se lève, enfle, terrifiant !... "Cris de l'enfer, voix qui hurle et qui pleure !"... Tempête ! Rappelez-vous ces trois jours de terrible tempête qui ont balayé l'Europe et la France !... A Beauval et aux alentours, les dégâts et les dommages sont considérables : Il faut porter secours aux uns, en reloger d'autres...

Dans ces circonstances, est-il possible de poursuivre les recherches ? Antoine se prend à espérer... A espérer quoi ? Un sursis ? Pour quelques heures, pour quelques jours ?...

Le sujet du livre, c'est le combat d'Antoine contre lui-même, pour survivre, pour échapper à la découverte de sa culpabilité. le sujet du livre, c'est l'angoisse insupportable, interminable d'être démasqué. Et moi lecteur, j'ai fini par passer le petit Rémi par pertes et profits, pour mieux partager l'angoisse d'Antoine.

Au final, il faudra bien qu'Antoine subisse – ou choisisse – un châtiment expiatoire. Mais lequel ? Un séjour infamant en prison ? Un exil dans une contrée lointaine et hostile ? Une vie étriquée dans un village qu'il exècre ?...

A quoi tient une destinée ? Parfois juste à une montre, perdue lors de l'"accident", oubliée ensuite, et qui réapparaît à la dernière page.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Antoine est l'auteur d'un crime abominable qui va le peser et le menacer toute sa vie. Quel est le prix à payer pour cet acte inexplicable? La liberté n'est-elle pas plus pénible à vivre si elle nous condamne chaque jour à une possible rédemption? Antoine sera-t-il rattrapé par la police? Que dire de ce livre...J'en attendais tellement que j'ai bien peur de ne pas être objective. J'avais tant entendu parler de ce grand écrivain et je n'en ai retenu que la jolie plume. Sans doute, n'était-ce pas son meilleur... le fait est que je n'ai ni pris de claque ni eu envie de me jeter sur ses autres romans. J'ai plutôt été déçue car je l'ai trouvé long et l'apothéose finale que j'attendais avec impatience n'est pas vraiment venue.
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Comment à 12 ans, peut-on parvenir à surmonter les conséquences d'une erreur fatale?
Comment poursuivre son existence avec cette crainte d'être un jour mis à nu?
Comment grandir et devenir un homme en sachant qu'un jour au détour d'un bois, l'enfance s'en est allée laissant la place à l'ignominie?

1999. 1er jour.
Antoine, 12 ans, commet l'irréparable.
1999. 2ème et 3ème jour.
Une tempête ravage la bourgade.

... et une vie
2011. "Ce qui épuisait Antoine, ce n'était pas la culpabilité, ni la peur d'être confondu, c'était l'attente, l'incertitude"
2015. le dénouement.

Je découvre Pierre Lemaitre à travers "3 jours et une vie".
Un thriller psychologique saisissant.
Point de suspense, le coupable est connu dès le départ, cela n'enlève rien à l'angoisse au fil des pages. Sera-t-il confondu ? La question restera ouverte jusqu'au dénouement.

Pierre Lemaitre dissèque les angoisses du jeune Antoine avec brio, sa paranoïa à travers les regards et les silences qui l'entourent, une palette d'émotions nuancées. Une analyse psychologique aboutie.
Lui seul sait, mais pour combien de temps encore?

Une lecture exaltante, une écriture précise et efficace, un récit original et subtil. On retient son souffle jusqu'au bout.

3 jours pour lire ce roman.
Une vie pour ne pas l'oublier.

Une prochaine lecture attendue avec beaucoup d'enthousiasme: "Au revoir là-haut".
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