Ce tome comprend les épisodes 1 à 7, parus en 2011/2012. Il s'agit de l'une des 52 nouvelles séries lancées par DC Comics en septembre 2011, à l'occasion du redémarrage à zéro de son univers partagé, opération baptisée New 52. le scénario a été imaginé par
Jeff Lemire, les illustrations sont réalisées par
Alberto Ponticelli, avec l'aide de
Walden Wong pour l'encrage de l'épisode 7.
À Bonelake dans l'état de Wahsington, un père initie son fils aux joies de mettre un ver de terre sur son hameçon, au bord d'un lac. Tout à coup une horde de monstres immondes et gigantesques surgissent. Dans le quartier général (très original) de l'organisation SHADE (SuperHuman Advanced Defense Executive), Father Time présente Ray Palmer à Frankenstein (enfin, le monstre de Frankenstein), lui fait un point sur la situation à Bonelake et l'y envoie pour une intervention immédiate. Sur place il est rejoint par le Creature Commandos composé de Vincent Velcoro, Nina Mazursky, Warren Griffith, Khalis et la Femme de Frankenstein. Cette manifestation de monstres s'avère n'être que le symptôme d'un plus gros problème. Par la suite, Frankenstein croise
OMAC ; puis il se rend au Vietnam pour dire bonjour à un ancien camarade, et enfin il doit faire face à une mutinerie au QG du SHADE.
Dans le cadre de New 52,
Jeff Lemire (ayant débuté chez Vertigo avec Sweet Tooth) s'est vu confier 2 séries : Animal Man et Frankenstein. Pour cette deuxième, il reprend les bases posées par
Grant Morrison dans la minisérie dessinée par
Doug Mahnke et rééditée dans Seven Soldiers of Victory vol.3 et Seven Soldiers of Victory vol.4. le monstre de Frankenstein est un gros balaise avec une épée (il sait également manier les armes à feu) doué d'intelligence et d'une personnalité sérieuse marquée par la solitude. Sa mission : débiter du monstre en tout genre pour que l'humanité vive en sécurité. L'intérêt de la série repose sur la capacité du scénariste à trouver des idées originales et décalées pour créer des menaces qui sortent de l'ordinaire.
Coté monstres, l'originalité provient d'abord d'
Alberto Ponticelli dont le trait un peu griffé et brut donne une apparence repoussante aux créatures vouées à massacrer les humains (sauf dans le dernier épisode où
Walden Wong a tout arrondi à l'encrage pour une esthétique beaucoup trop propre sur elle). Il a également pris du temps pour concevoir des corps qui ne sont pas de simples humanoïdes avec des grandes dents ou des grandes griffes ; ces formes bizarroïdes ajoutent à leur altérité menaçante et agressive. Par contre pour la première vague, Lemire se contente de rester basique avec ces monstres qui déchiquètent de l'humain, sans forme de société derrière, sans autre motivation qu'un antagonisme atavique.
Heureusement, Lemire ajoute plusieurs éléments qui sortent de l'ordinaire et qui renforcent l'étrangeté du récit. Il y a déjà la forme particulière du QG de SHADE, il y a ensuite les Creature Commandos. Si leur personnalité n'est pas très développée (c'est normal, la première histoire sert surtout à installer Frankenstein), leur apparence en fait déjà des individus bien particuliers. Et puis quand ils commencent à exterminer de la vermine, ça fait mal. Ponticelli est vraiment le bon dessinateur pour cette série ; il donne une apparence massive et barbare à Frankenstein. Il rend les combats intéressants à regarder, sans tomber dans le gore. Il donne une apparence encore plus massive à
OMAC (tiré d'une des autres 52 nouvelles séries, en 1 tome :
Omactivate !) et l'affrontement contre Frankenstein est magnifique de puissance brute et de démesure, pas loin de l'esprit de
Jack Kirby (créateur de la version originelle du One Man Army Corps).
Au fil des épisodes,
Jeff Lemire apporte de discrètes touches à la personnalité de Frankenstein qui n'apparaît pas si lisse que ça. de la version de
Grant Morrison, il reprend l'idée d'un individu exclusivement premier degré avec un goût pour la poésie de
John Milton (à voir si cet aspect perdurera dans les tomes suivants), confronté à un niveau de solitude assez élevé. Il reprend également la relation délicate entre Frankenstein et sa Fiancée (devenu sa femme depuis). La rencontre avec un ancien compagnon d'armes permet aussi de mieux mesurer l'engagement de Frankenstein dans l'organisation SHADE, ainsi que la nature de cet engagement.
Enfin Lemire s'amuse à reprendre des noms de l'ancienne version de l'univers partagé DC (avant Flashpoint), tels que Ray Palmer, Maxwell Lord ou (plus obscur) Sergeant Steel. Néanmoins ce tome se lit essentiellement indépendamment de tout autre, même pour l'affrontement entre
OMAC et Frankenstein.
Pour cette nouvelle série,
Jeff Lemire et
Alberto Ponticelli s'inspirent de la version antérieure développée par
Grant Morrison, pour mettre en scène le monstre de Frankenstein en héros introverti sans être dépressif ou exagérément sombre, luttant contre de gros monstres plein de dents rêvant de détruire l'humanité. Ce début est séduisant, il contient son lot de surprises narratives, tant pour l'intrigue que pour les illustrations.